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Documents - Histoire
 LE MOYEN AGE  
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Hygiène, fraude et inspection sanitaire au Moyen âge
Hygiène, fraude et inspection sanitaire au Moyen âge

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Propre comme au Moyen âge 

Les soins du corps au Moyen âge

Maquillage et hygiène du corps au Moyen âge

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Historama N°40, juin 1987
                   
                                                                       Propre comme au Moyen-Age 
Ombres et Lumières du Moyen Âge              
                                                            L'hygiène au Moyen-Âge

L'hygiène n'est pas un bienfait des temps modernes. C'est un art qui connut ses heurs et malheurs. Un art que le siècle de Louis XIV méprisa mais que le Moyen Age, en dépit de sa mauvaise réputation, cultivait avec amour. L'eau était alors un élément sacré, un remède, et surtout, un immense plaisir. 
 On pourrait imaginer, à en juger par le manque de propreté corporelle qui caractérisait les moeurs, il n'y a pas si longtemps encore, que les hommes et les femmes du Moyen Age ne prenaient guère soin de leur corps ; et on pourrait croire que l'hygiène - l'art de bien se porter est une notion récente.  C'est injuste ! Le Moyen Age avait inventé l'hygiène, et bien d'autres civilisations avant lui... Mais là n'est pas notre sujet.  En tout cas, dès le 12e siècle, les sources qui nous révèlent que l'eau faisait partie du plaisir de vivre sont innombrables. Et notamment certains documents tels que les traités de médecine, les herbiers, les romans profanes, les fabliaux, les inventaires après décès, les comptes royaux et princiers.Les enluminures des manuscrits nous permettent également de saisir le geste de l'homme en son environnement et en son temps.  L'enluminure, ou miniature, reste le document irremplaçable, dans la mesure où la gestuelle correspond bien souvent au climat psychique ou moral de l'époque qu'elle dépeint ; elle nous livre ainsi une clef parmi d'autres des mentalités de ces hommes et de ces femmes du passé. Au Moyen-Âge, on se lavait fréquemment, non seulement pour être propre, mais aussi par plaisir.
  Le petit d'homme est lavé plusieurs fois par jour, ce qui ne sera plus le cas à partir du 16e siècle. Des milliers de manuscrits illustrent ce bain et de nombreux textes en parlent. Ainsi, Barthélemy l'Anglais, Vincent de Beauvais, Aldébrandin de Sienne, au 13e siècle, par leurs traités de médecine et d'éducation, instaurent une véritable obsession de la propreté infantile.
 Le bain est donné "quand l'enfant aura assez dormi, ci le doit-on laver trois fois par jour". Les cuviers sont bâtis aux dimensions d'un nouveau-né allongé ; généralement ils sont ovales ou circulaires, faits de douelles de bois. Dans les milieux princiers, ils peuvent être métalliques.
 Ainsi, dans les Chroniques de Froissart, en 1382, il est écrit que, en pillant le mobilier du comte de Flandres, on trouva une "cuvelette où on l'avait d'enfance baigné, qui était d'or et d'argent". Certains cuviers possèdent un dais, sorte de pavillon de toile nouée au sommet d'une perche de bois qui surmonte la cuve, afin de protéger l'enfant des courants d'air ; ce raffinement est réservé aux milieux aristocratiques. Dans la plupart des miniatures, on voit toujours la mère ou la servante tâter l'eau avant d'y tremper l'enfant car elle doit être "douce et de moyenne chaleur". On ne donne pas le bain à l'enfant sans prendre quelques précautions : le cuvier est placé devant la cheminée où flambe un bon feu ; la sortie de bain est assez grande pour bien envelopper le bambin. Elle est toujours à fond blanc même si, parfois, des rayures et des franges l'agrémentent.

  La fréquence des bains s'explique par les valeurs curatives qu'on leur attribue. « On le baigne et oint pour nourrir la chair nettement », dit Barthélemy l'Anglais, auteur du Livre des propriétés des choses qui fut diffusé jusqu'au 17e siècle avant de sombrer dans l'oubli.A l'instar des coutumes de l'Antiquité, le premier bain de la naissance est un rite de reconnaissance par la communauté familiale. A l'époque chrétienne, on peut dire que le baptême de l'enfant nouveau-né a repris à son compte la gestuelle de l'hygiène néonatale à cette différence près qu'il s'agit de débarrasser l'enfant non plus de ses mucosités, mais du péché originel.De toute façon, que l'usage en soit symbolique ou matériel, l'eau est considérée sous l'aspect bienfaisant et purificateur.A l'âge adulte, les bains semblent tout à fait intégrés à la vie quotidienne, surtout à partir du 14e siècle.
Dans les centres urbains, au bas Moyen Age, chaque quartier possédait ses bains propres, avec pignon sur rue. Il était plus facile, pour la plupart des gens, d'aller aux étuves que de se préparer un bain chaud chez soi. Au point du jour les crieurs passaient dans les rues pour avertir la population que les bains étaient prêts : « Seigneurs, venez vous baigner et étuver sans plus attendre... Les bains sont chauds, c'est sans mentir » (fin du 13e siècle).Le souvenir de l'importance des étuves dans les moindres villes d'Europe subsiste encore, aujourd'hui, dans le nom de certaines rues.
  A Paris, en 1292, la ville compte 27 étuves inscrites sur le Livre de la taille ; elles existaient avant cette date puisque Saint Louis essayait déjà de réglementer le métier en 1268. On ne sait pas exactement à quel moment se sont créés les premiers bains. Seraientils un avatar des thermes romains ? On sait qu'à l'époque carolingienne,les palais renfermaient des bains, ainsi que les monastères. Il semble cependant plus vraisemblable que la mode des bains ait été remise en honneur en Occident par l'intermédiaire des croisés, qui avaient découvert avec émerveillement l'Empire romain d'Orient et ses habitudes d'hygiène héritées de l'Antiquité romaine. Ayant pris goût à la relaxation du bain, ils rapportèrent en Occident cette pratique de bien-être.
Aux 14e et 15e siècles, les étuves publiques connaissent leur apogée : Bruxelles en compte 40, et il y en a autant à Bruges. Bade, en 1400, en possède une trentaine. En France, en dehors de Paris, on sait, grâce à des études faites par J. Garnier et J. Arnoud, que Dijon, Digne, Rouen, Strasbourg sont équipées de bains. Une petite ville comme Chartres en a cinq. Ces établissements sont extrêmement florissants et rapportent beaucoup d’argent.Dans plusieurs villes de France, certains d'entre eux appartiennent au clergé !A l'origine d'ordre essentiellement hygiènique, il semble qu'au fil des ans cette pratique ait pris un caractère plaisant prétexte à toutes sortes d'agréments galants.Bains chauds, bains tièdes et bains de vapeur!Au 13e siècle, on se contentait de s’immerger dans de grandes cuves remplies d'eau chaude.
  A la fin de ce siècle seulement, semble-t-il, apparaissent les premiers bains saturés de vapeur d’eau. En 1258, Etienne Boileau, prévôt de Paris sous Saint Louis et auteur du Livre des métiers, qui codifie les usages corporatifs, fait déjà la différence entre les bains et les étuves dites sèches et humides. Il y avait deux manières pour créer de la vapeur dans un lieu clos : chauffer celui-ci soit par l’extérieur, en envoyant un courant d’air chaud (étuve sèche), soit en y faisant pénétrer la vapeur d'eau (étuve humide). Les prix des bains d'eau chaude et des étuves n'étaient pas les mêmes. A Paris, nous savons, par l'ordonnance des métiers de 1380, que le prix du bain de vapeur est de deux deniers, celui du bain d'eau tiède de quatre deniers ; mais s'estuver et se baigner coûte huit deniers. Si deux personnes vont ensemble au bain, elles paieront douze deniers pour s'estuver et se baigner, donc moins cher.Le bain de vapeur est économique parce qu'il ne nécessite que quelques pierres placées et un seau d'eau. A cela, il faut ajouter un denier pour un drap. A titre comparatif, rappelons que, à la même époque, une grosse miche de pain se vendait un denier.
  Les étuviers sont constitués en corps de métiers, et leurs prix sont fixés par le prévôt de Paris. Il leur incombe d’entretenir leurs étuves : dans leurs statuts, il est écrit que « les maîtres qui seront gardes du dit métier, pourront visiter et décharger les tuyaux et les conduits des étuves, et regarder si elles sont nettes, bonnes et suffisantes, pour les périls et les abreuvoirs où les eaux vont ». Cet édit est très intéressant, dans la mesure où il nous prouve qu'on avait tout à fait conscience, au Moyen Age, des dangers qu'une eau polluée pouvait faire courir à la population.
  Les statuts interdisaient d'accueillir les malades, principalement les lépreux, mais aussi les prostituées. Déjà, dans le règlement de Saint Louis, en 1268, ce sujet est abordé : « Que nul du dit mestier ne soutienge en eurs étuves, bordiaux de jour et de nuit. » Cela démontre bien que, déjà à cette date, les bains commençaient à attirer les débauchés.Il est bien évident qu'au début les gens y allaient pour se laver et se relaxer. On n'ignorait pas le côté prophylactique des bains ; tous les médecins répétaient que cette pratique aidait à se conserver en bonne santé, et cela dès le 11e siècle : Aldébrandin de Sienne, dans son traité de médecine, écrit : « Li baigners en eau douce fait en étuve et en cuve, et en eau froide, fait la santé garder. » Si l'eau est froide, il faut être prudent et ne pas y séjourner trop longtemps, juste le temps nécessaire pour renforcer et stimuler la chaleur interne. Mais pour nettoyer correctement le corps, seul le bain chaud peut « expulser l'ordure que la nature cache par les pertuis dela chair ».
  Barthélemy l'Anglais, au 13e siècle, conseille, lui aussi, de se laver souvent la peau, les cheveux et la bouche. Il y a tout un environnement social qui pousse les gens, surtout en ville, à prendre soin de leur corps. De plus, les produits de toilette ne manquaient pas. Le savon existait - à Paris, un décret de fabrication rend obligatoire l'apposition d'un sceau sur le savon. Si on n'avait pas de savon on se servait de plantes, comme la saponaire, une herbacée à fleur rose et odorante dont le suc, dissous dans l'eau, mousse.Il y avait trois sortes de savon : le gallique, le juif et le sarrasin, selon qu'il était fabriqué avec de l'huile ou de la graisse animale mélangée à de la potasse.
  Se laver la tête ne pose pas plus de problème. Un herbier du 13e siècle conseille le jus de bette pour éliminer les pellicules et les feuilles de noyer ou de chêne pour obtenir une belle chevelure. Dans ce même herbier, on préconise, pour éviter la « puanteur » de s'arracher les poils et de laver les aisselles avec du vin, associé à de l'eau de rose et à du jus d'une plante appelée casseligne. Pour se blanchir les dents, il faut se les frotter avec du corail en poudre ou de l'os de seiche écrasé.
Bref, tant que les établissements de bain étaient modestes, on y allait pour se laver, bien sûr, mais aussi pour discuter, retrouver ses amis. Encore au début du 12e Siècle, la simplicité un peu rude des moeurs faisait que l'on ne voyait pas malice à se mettre nu et qu'on s'accommodait très bien d'une liberté des sens que notre propre morale réprouverait aujourd'hui. On prenait les bains en commun, et nus. Ne dit-on pas que saint François d'Assise (1180-1226) prêcha nu devant ses fidèles, en signe de dépouillement ! Aurait-on pu imaginer cela un siècle plus tard ?

  Baignoires, tables bien garnies, chambres à coucher, tout est en place pour le plaisir des sens.

  Avec la croissance des villes, due à la reprise économique en Europe, les étuves deviennent de grands établissements et les coutumes changent. La ville attire de plus en plus d'étrangers et de vagabonds, et la prostitution se développe. Les bains sont mis sous la surveillance de chirurgiens-barbiers.J. Garnier nous propose une bonne description d'un établissement de la rue Cazotte, à Dijon, au 14e siècle.
  D'abord, un rez-de-chaussée sur cave où on plaçait deux énormes fourneaux en brique (en airain, dans les maisons princières). Ce rez-de-chaussée était divisé en deux grandes pièces avec une antichambre commune. La première pièce est une vaste salle de bain, possédant en son milieu une spacieuse cuve en bois et, sur les côtés, de nombreuses baignoires en bois pour une ou deux personnes. La seconde pièce est la salle d'étuve, rappelant le laconicum romain (pièce la plus chaude), dont le plafond est constitué par une massive maçonnerie se terminant en coupole, percée de trous au travers desquels s'échappe l'air chaud. Autour, des sièges et des gradins pour se relaxer. Aux étages supérieurs, des chambres à coucher, ce qui favorisait la prostitution. « On oyait crier, hutiner, saulter... »
  Parmi les miniatures représentant ces pratiques, peu nous montrent l'aspect purement hygiénique. Deux miniatures issues du manuscrit La Bulle d'or de Charles IV, roi de Bohême (fin du 14e siècle) l'illustrent cependant : on voit le roi Venceslas en train de se faire laver les cheveux par une servante ou fille de bain, charmante personne tout à fait plaisante dans sa robe transparente. Le signe de profession de ces jeunes femmes étaient le houssoir (plumeau à crins ou à plumes) qui servait à frotter le client ou la cliente, et aussi le baquet d'eau chaude pour laver les têtes.
  Les autres miniatures, plus tardives (15e siècle) révèlent principalement le côté libertin. La plupart ornent les nombreux manuscrits de Valerius Maximus. Dans ces petits tableaux, qui nous dévoilent l'ambiance dans ces étuves, tous les objets sont en place pour le plaisir des sens. Dans les grandes cuves se tiennent des couples nus, auxquels on sert de véritables festins ; les servantes s'affairent autour d'eux, chargées de collations. Toutes ces miniatures montrent à peu près les mêmes scènes - tables bien garnies dressées à l'intérieur d'immenses cuviers et couples enlacés, assis autour de la table, toujours à l'intérieur du cuvier, et se caressant sans aucune retenue. On aperçoit parfois les chambres à coucher où les couples vont prendre leur divertissement. La scène la plus étonnante représente le moment où, après avoir bien festoyé, les couples se lèvent de table, se tenant par la main, à la recherche d'une chambre libre pour leurs ébats. Quelquefois, dans l'encadrement d'une porte, on remarque la présence de deux chirurgiensbarbiers occupés à surveiller.
  Les règlements qui répètent avec obstination, surtout à partir de la moitié du 14e siècle, que l'accès aux bains doit être interdit aux bordiaux semblent bien inefficaces. Au début du 15e siècle un grand nombre d'étuvescommencent à instaurer la séparation des sexes ; ainsi à Dijon, en , une ordonnance prescrit que, sur quatre étuves,deux seront réservées exclusivement aux femmes et deux autres, exclusivement aux hommes, sous peine d'avoir à payer une amende de 40 sols. En 1412, une autre ordonnance décide que les étuves seront réservées aux femmes le mardi et le jeudi, et aux hommes le mercredi et le lundi. Les autres jours, les vendredi, samedi et dimanche, les étuves se transforment en lieux de plaisirs en tout genre. Cette seconde ordonnance démontre bien que la juridiction du pouvoir municipal, à laquelle étaient soumises les étuves, avait du mal à faire appliquer ses décisions et était obligée de tergiverser.
  Cependant, à la fin du 15e siècle, les procès se multiplient ; le voisinage supporte de plus en plus mal la présence de « baigneries ». On peut lire dans les minutes du procès intenté à Jeanne Saignant, maîtresse des étuves, cette phrase : « On oyait crier, hutiner, saulter, tellement qu'on était étonné que les voisins le souffrissent, la justice le dissimulât, et la terre le supportât. » Beaucoup d'étuves étaient en même temps des bordels, mais ce n'était pas là un phénomène récent. On peut donc se demander pourquoi, soudain, on cesse de le tolérer. Alors qu'on sait que, en pleine épidémie de peste, au milieu du 14e siècle, un médecin parisien nommé Despars faillit être lapidé par le peuple, pour avoir conseillé de les fermer par prudence... Lorsqu'on sait, aussi, qu'en 1410 la reine de France récompensait les artisans travaillant pour elle en leur offrant un « abonnement » aux étuves.
La fermeture des étuves s'explique-t-elle par l'apparition de la syphilis qui touche le monde occidental ? Par le trop grand nombre d'étrangers qui envahissent la ville et que les autorités de la cité n'ont plus les moyens de contrôler, notamment dans les lieux publics, où ils sèment l'agitation ? Ou par un retour à la moralisation des moeurs, la notion de péché envahissant de plus en plus les consciences en cette fin de siècle ?

  Pique-niques sur tables flottantes

  Une miniature du début du 16e siècle illustre une scène où des prostituées se lavent en attendant le client. L'aspect ludique a disparu ; ici l'eau n'est plus source de plaisir, mais moyen d'hygiène banal : les cuviers sont de dimensions si réduites qu'on ne peut s'y laver que les pieds ou les cheveux.Finis les bains d'immersion, voici venue l'ère des ablutions. Le temps des « bordiaux », où les prostituées et les clients s'aspergeaient copieusement, est bel et bien révolu.
  On l'a déjà dit, l'eau n'est pas réservée au seul plaisir. On est convaincu, dès le 11e siècle, qu'elle a des vertus thérapeutiques.   Dans tous les traités de santé du temps, on vante les bienfaits des eaux thermales.Déjà Galien, au 2e siècle après Jésus Christ, avait décrit les bienfaits des cures thermales, pour la santé.On commence à les redécouvrir grâce à la venue d'empereurs comme Frédéric de Hohenstaufen en Italie, grands amateur d'eaux. Le poète Pierre d'Eboli, attaché à la cour de Frédéric, au début siècle, en chante les louanges, et la plupart des miniatures que nous possédons proviennent des manuscrits représentant les thermes et les curistes.
L’eau bouillante qui pugnest les morts
Je vous di que celle meisme
Malades vifs rent saints et fors
Vous qui n'avez denier ne maille
Et qui voulez estre garis
Garis serez aus bains...
  Ce sont principalement les sources de Pouzzoles, de Cumes, et Baïes en Campanie, qui sont vantées, pas seulement par Pierre d'Eboli mais aussi par Barthélemy l'Anglais ; ces miniatures nous montrent les piscines et le comportement des curistes. On y voit aussi les cabines de déshabillage. Selon les textes, hommes et femmes prenaient ensemble leur bain, mais les images ne sont guère révélatrices.
  En 1345, aux bains de Prorecta, il est conseillé de rester un jour sans se baigner pour s'habituer à l'air du pays et se reposer des fatigues du voyage. Puis le malade doit passer au moins une heure dans le bassin de pierre empli d’eau tiède, avant de boire, jusqu'à ce que le bout des doigts se crispe. Ce bain ne fatigue nullement, au contraire ; il mûrit les humeurs diverses dans tout le corps et les prépare à être évacuées. Nous avons un témoignage assez étonnant sur les bains de Baden, écrit par Le Pogge, humaniste italien, en 1415. Au centre de cette ville d'eau, « se trouve une place très vaste, entourée de magnifiques hôtelleries dont la plupart possèdent leur piscine particulière. Dans les bains publics s'entassent, pêle-mêle, hommes et femmes, jeunes garçons et jeunes filles, et tout le fretin environnant. Dans les piscines privées hommes et les femmes sont séparés par une cloison, criblée de petites fenêtres qui permettent aux baigneurs et aux baigneuses de prendre ensemble des rafraîchissements, de causer et, surtout, de se voir. Le costume des hommes consiste en un simple caleçon et celui des femmes en un léger voile de lin ouvert sur les côtés, qui ne voile d'ailleurs ni le cou, ni la poitrine, ni les bras ». D'après ce témoin, les femmes faisaient souvent « ces repas en pique-nique, servis sur des tables flottantes, dans les bassins, auxquels les hommes sont invités ». On peut imaginer qu'il y avait dans ces lieux de véritables malades, mais surtout des gens bien portants qui venaient là pour conserver la santé d'autant plus que ces eaux chlorurées sodiques sont excellentes, de toute manière, et aussi pour se divertir, pour y trouver des moments de détente et de bonheur, enfin pour y faire des rencontres.
  En France aussi, à la même époque, les stations thermales sont très fréquentées. Ainsi Flamenca, roman du 13e siècle, fait état des bains de Bourbon-l'Archambault aux vertus bienfaisantes. « Il y avait de nombreux établissements où tous pouvaient prendre des bains confortablement. Un écriteau, placé dans chaque bain, donnait des indications nécessaires. Pas de boiteux ni d'éclopé qui ne s'en retournât guéri. On pouvait s'y baigner dès qu'on avait fait marché avec le patron de l'hôtel, qui était en même temps concessionnaire des sources. Dans chaque bain jaillissaient de l'eau chaude et de l'eau froide. Chacun était clos et couvert comme une maison, et il s'y trouvait des chambres tranquilles où l'on pouvait se reposer et se rafraîchir à son plaisir. »
Le seigneur du lieu, le compte d'Archambault, mari jaloux, fréquente ces lieux, puisqu'il y amène son épouse pour la distraire et qu'il reste en faction devant la porte pour la surveiller. Il est vrai qu'il la conduit dans l'établissement le plus cher et le plus luxueux de la ville afin qu'elle recouvre prétendument la santé... Pour elle, il est ordonné de laver soigneusement la cuve et d'y renouveler l'eau. Ses servantes y apportent les bassins, les onguents et tout ce qui est utile au bain. Grâce à ce roman, on apprend que les hôteliers exagèrent toujours leurs prix et qu'il faut souvent marchander. Les plus belles chambres sont « à feu », et fort bien décorées.A la fin du 15e siècle ce qui était purification devient souillure, et le bain un danger pour l'âme comme pour le corps.
  Les stations thermales, on l'a dit, attirent une clientèle variée. Mais il semble que beaucoup de curistesvenaient s'y régénérer, dans l'espoir d'une nouvelle jeunesse. Ce mythe de la fontaine de jouvence, souvent attesté par les manuscrits des 14e et 15e siècles, parcourt toutes les civilisations et le lien entre les vertus médicinales et la vertu fécondante de l'eau explique ces cérémonies religieuses au cours desquelles on plonge la Vierge Marie dans un bain rituel, pour la régénérer. Au Moyen Age, on immergeait aussi les saints, le Christ. Cependant, à la fin du 15e siècle, se profile un changement complet dans les mentalités, qui s'étalera sur plusieurs siècles. L'eau estime-ton - est responsable des épidémies et des maladies, croyance non dénuée de fondement en cette fin de Moyen Age où les tanneurs, les teinturiers, les bouchers jettent leurs déchets dans les rivières et les polluent.
  Par réaction, les médecins commencent à penser que le bain lui-même est malfaisant pour le corps, que les miasmes de la nature pénètrent d'autant plus facilement à l'intérieur du corps, que les pores sont dilatés sous l'effet de la chaleur, laissant un libre passage aux maladies. Plus question de chanter les louanges du bain : il faut se méfier de l'eau et n'en user que très modérément. Dans un tel climat, ne subsisteront des pratiques antérieures que celle des pèlerinages aux sources guérisseuses, en tout cas en France. L'Allemagne, en effet, ne se privera pas totalement du recours à ses bains.Cette disparition de l'hygiène dans notre pays va de pair avec une évolution de l'Eglise romaine, qui tend de plus en plus vers une rigidité morale niant le corps. L'ère de la crasse commence, et elle durera jusqu'au 20e siècle.
Source : Historama n°47 - juin 1947 

Hygiène

La toilette et le bain domestique

 Le Moyen Age a mauvaise réputation du point de vue de l'hygiène. Pourtant, héritier de l'époque romaine, il connaissait également le bain, les latrines (wc) et parfois même le tout-à-l'égout.
Se laver, se baigner était une habitude dans les villes du Moyen Age et l'
'arrivée de l'eau courante dans les maisons a permis, non seulement la mise en oeuvre de systèmes d'évacuation des eaux sales, mais aussi l'installation d'équipements et de salles de bains qui ont favorisé l'hygiène quotidienne.
Une évolution qui a pris des siècles.
  Le Moyen Age ne néglige pas l'hygiène. On sait que les princes carolingiens changeaient de vêtements et se baignaient tous les samedis. Le bain était un moment de plaisir, souventaccompagné d'une collation. Préparer un bain prenait beaucoup de temps. Plusieurs personnes prenaient le même bain. Les bains étaient le plus souvent faits pour s'amuser. On les prenait aussi avant les fêtes.

 
A la campagne la toilette, l’été, se faisaient à la rivière où les hommes et femmes se baignaient ensemble.
 
A la ville, certaines maisons très luxueuses, comme celle de Jacques Cœur à Bourges, avaient des salles de bains chauffées par des conduits sous le sol. Dans l’abbaye de Cluny, au XIème siècle, on a dénombré douze cellules voûtées qui servaient de salles de bain, non chauffées cependant.
  Mais, d’une manière générale, il n’y a pas dans la maison de pièce particulière réservée à la toilette. On se baigne dans la salle commune ou dans la chambre, dans un baquet de bois dans lequel on a pris soin de déplier un « fond de bain » en molleton qui évite de prendre des échardes dans les pieds. Les maisons n’ont pas l’eau courante, préparer un bain prend donc un certain temps. Il faut aller remplir des seaux d’eau au puits, chauffer le liquide dans la cheminée, et le verser ensuite dans la baignoire. Souvent un rideau autour du baquet permet de garder plus longtemps la chaleur.Lorsqu’un invité arrive de loin, après un long voyage, il est de bon ton de lui proposer un bain. La maîtresse de maison se doit de partager sa baignoire avec une personne qu’elle veut honorer. C’est aussi une habitude courante que de se laver les pieds et les mains sous l’eau avant d’aller à table. Comme le savon ne sentait pas très bon, (il était fait de graisse de mouton, donc mou et très visqueux), on répandait des herbes et des fleurs dans l'eau pour la parfumer, comme l’indique cette recette du XIVème siècle, donnée par un mari soigneux à sa jeune épouse : « Ou vous mettez dessus (sur l’eau tiède) camomille ou marjolaine, ou vous mettez du romarin à cuire avec de l’écorce d’oranges . Et aussi feuilles de lauriers y sont bonnes ».
  Seuls les gens riches pouvaient s'offrir le luxe de prendre un bain chaud car tout coûtait cher : le bois nécessaire à faire chauffer l'eau, la toile avec laquelle on doublait les parois du baquet et les huiles de bains. Un seigneur dépensait chaque fois l'équivalent du salaire hebdomadaire d'un manoeuvre. Le seigneur disposait parfois de toilettes privées, au garde-robe, à côté de sa chambre.Ainsi, il n'était procédé à la toilette qu'une fois les vêtements mis et on se bornait à nettoyer les parties du corps qui restaient visibles.On prenait des bains dans les mêmes grandes cuves de bois qui servaient à couler la lessive. Plusieurs personnes partageaient la même pièce et il n'y avait aucun moyen de s'isoler pour la toilette.
 Les plus pauvres des citadins se contentaient des bains publics.

Les bains publics

 
 A la ville, on se rend souvent aux bains publics. Il y en a vingt-six pour 250 000 habitants, à Paris, sous Philippe Auguste, en 1292.    Ces bains étaient ouverts tous les jours sauf les dimanches et jours de fêtes. Des étuveurs se chargeaient de chauffer l'eau, puis, quand elle était prête, des crieurs annonçaient l'ouverture du bain. Il fut d'ailleurs interdit de faire crier avant le lever du soleil, afin d'éviter que les clients, se pressant pour le bain, tombent sur des voleurs.
  On trouve dans chaque bain trois salles différentes : d’abord, une sorte de piscine où l’on barbote en bavardant. Puis, une pièce pourvue de bains de vapeur dignes de nos saunas finlandais actuels, et enfin une salle d’épilation. Chaque matin, dès le lever du soleil, on entend crier dans les rues : « Seigneur qu’or vous allez baigner et étuver sans délayer ; les bains sont chauds, c’est sans mentir… » Certains exagèrent : ils crient avant même qu’il ne fasse jour, et les clients risquent de se faire surprendre dans les rues noires par quelque brigand !…
  En tout cas, on se précipite aux étuves tôt le matin si l’on peut : l’eau y est plus propre ! On peut avoir, dans l’établissement, son cuviau particulier dans lequel on mange et boit grâce à une planche posée en travers du baquet. On peut aussi se baigner en famille ; certains baquets sont de taille respectable et on y entre à trois ou quatre, ou même plus parfois. Il y a des étuves où hommes et femmes se baignent ainsi de compagnie, mais sans être nécessairement de la même famille. L’atmosphère y est souvent gaie ; on y boit du vin épicé, on s’y repose sur des lits, on s’y caresse, et on y fait toutes sortes de choses bien agréables, quoique proscrites par la morale… Il arrive ainsi qu’une étuve dégénère en lieu mal famé et on recommande aux étuveurs, pour éviter cela, d’ouvrir leurs établissements alternativement aux femmes et aux hommes à des jours différents.


Dentifrice, shampooing et déodorant
Se laver la tête ne pose pas plus de problème. Un herbier du 13e siècle conseille le jus de bette pour éliminer les pellicules et les feuilles de noyer ou de chêne pour obtenir une belle chevelure. Dans ce même herbier, on préconise, pour éviter la "puanteur" de s'arracher les poils et de laver les aisselles avec du vin, associé à de l'eau de rose et à du jus d'une plante appelée casseligne. Pour se blanchir les dents, il faut se les frotter avec du corail en poudre ou de l'os de seiche écrasé.
Bref, tant que les établissements de bain étaient modestes, on y allait pour se laver, bien sûr, mais aussi pour discuter, retrouver ses amis. Encore au début du 12e Siècle, la simplicité un peu rude des moeurs faisait que l'on ne voyait pas malice à se mettre nu et qu'on s'accommodait très bien d'une liberté des sens que notre propre morale réprouverait aujourd'hui. On prenait les bains en commun, et nus. Ne dit-on pas que saint François d'Assise (1180-1226) prêcha nu devant ses fidèles, en signe de dépouillement ! Aurait-on pu imaginer cela un siècle plus tard ?Dès le XII°s, les sources nous révélant que le bain fait partie des plaisirs sont innombrables. Il s'agit notamment de certains documents tels que les traités de médecine, les herbiers, les romans profanes, les fabliaux, les inventaires après décès, les comptes royaux et princiers.
En ville ou dans les châteaux, on prenait des bains dans les mêmes grandes cuves de bois qui servaient à couler la lessive. On en recouvrait le fond d'un linge épais, afin d'éviter les échardes.

Dans les monastères, en revanche, les bains étaient réservés aux malades et aux convalescents. Il fallait d'ailleurs s'en abstenir dans les trois jours qui suivaient une saignée.   
Au XIV°s, les textes mentionnent l'apparition de lavabo empli au broc, avec écoulement par une bonde mobile. L'eau est apportée du dehors, du puits ou de la fontaine. L'usage est de se laver les pieds au coucher, le visage au lever, les mains avant de passer à table, les dents, à l'occasion. A la campagne, le bain complet sera toujours une fête familiale.
 
 
Parfums-Savons-Produits de maquillage

 

 Fiole de parfum 

 Romanité contre" barbares ": le choc des odeurs
 L'adoption du christianisme comme religion officielle fait reculer l'usage profane du parfum dans l'empire romain et, quand l'Empire s'effondre sous le coup des invasions barbares, les orgies de parfum ne sont déjà plus qu'un souvenir ; l’art du parfum s’est réfugié dans l’empire byzantin. De plus, à la suite des Pères de l’Eglise, l’usage profane des senteurs, symbole de la frivolité du monde païen, est condamné.
 Pendant un certain temps, l'influence des coutumes barbares conduit à un recul de l'usage des produits parfumés. Il se limite alors à l'utilisation de plantes aromatiques cultivées dans des jardins fermés sur le modèle de ceux mis en place par Charlemagne dans ses palais et abbayes. Mais, contrairement à une idée répandue, l'hygiène demeure une préoccupation importante de l'époque.
 Apparaissent alors les pomanders, boules remplies de produits parfumés dont les exhalaisons s'évadent par les perforations ménagées sur la surface.Toutefois, de nombreuses fragrances sont oubliées dans ces temps de repli sur soi et ne sont redécouvertes qu'à l'occasion de la réouverture des routes commerciales romaines pour les croisades ou de l'accès à de nouvelles civilisations lors des grands voyages de Marco Polo ou de la République de Venise. Venise devient ainsi pour un temps le coeur du commerce de parfum.

 L''utilisation des onguents, des huiles, de l'encens et de la myrrhe perdurait dans la liturgie.  Dès le milieu du XIIe siècle l'influence du monde arabe à travers les échanges commerciaux et les croisades ainsi que le besoin d'hygiène (utilisation de savon) contribuèrent au renouveau des parfums dans le monde occidental.
   Les croisés qui revenaient de leurs lointaines expéditions en Orient, en rapportèrent cosmétiques et senteurs (en particulier, l’eau de rose). On attribue aux Arabes, héritiers des connaissances antiques en la matière, un rôle déterminant dans l’évolution de la parfumerie grâce à la mise au point de l’alambic et du serpentin. Ces instruments permettent la distillation de l’alcool, technique qui ouvre la voie aux parfums modernes. 

  En 1190, le roi Philippe Auguste autorisait l'existence d'une corporation de parfumeurs gantiers.
  Au XIIIe siècle, les parfums, sous forme de fumigation ou sous forme de vinaigre aromatisé, servaient de désinfectants. Herbes et boîtes à senteurs emplies d'épices s'intégraient dans le décor médiéval tandis que la pratique des bains parfumés se développait. Venues d'Orient, les nouvelles senteurs chaudes du musc, de l'ambre, du santal, de la girofle et de la myrrhe s'ajoutaient aux parfums floraux (rose, jasmin, lavande et violette). 
 
 Dès le haut Moyen-Age beaucoup de monastères collectaient et cultivaient les simples, des plantes estimées pour leurs vertus curatives. Lorsqu'ils remplacèrent dans leurs anciens élixirs le vin par l'eau ardente, ils furent en possession de produits plus fins, plus puissants. Ce sont les "eaux ardentes composées" obtenues par macération et distillation des fleurs, des feuilles, des racines des plantes aromatiques dont les usages restaient médicinaux.  Ces premières véritables eaux de senteurs, sous forme de fleurs et de feuilles macérées dans une eau de vie à faible titre, sorte de teinture qu'Arnaud de Villeneuve assimilait dans le jargon alchimiste à "l'or potable"[ Extrait du livre "Parfums et Senteurs du Grand Siècle" d'André Chauviè] préparent l'avènement de la parfumerie alcoolique.
 
 Les pratiques parfumées à des fins de séduction :

  Le premier produit parfumé à substrat alcoolique apparaît en Europe en 1370 : c’est la célèbre "Eau de la Reine de Hongrie", à base d’esprit de vin, de fleur d'oranger, de rose, de mélisse, de citron,  et surtout de romarin, que fit fabriquer la reine Elizabeth de Hongrie pour sédauire le jeune roi de Pologne. Considérée comme une véritable panacée, elle protège de tout, même de la peste. L’arrivée de ce fléau qui frappe la France de plein fouet en 1348 et décime en quelques années le quart de la population européenne favorisera un usage intensif des parfums. Soupçonnant l’eau d’ouvrir les pores de la peau à l’air pestilent, les médecins conseillent de recourir, pour se nettoyer, aux vertus purifiantes et protectrices des substances aromatiques.  
  On les trouve sous des formes très diverses. Poudres, lotions, sirops, boîtes de senteurs, "oiselets de chypre" (pâte parfumée moulée en forme d’oiseau), sont censés faire barrage à la pénétration de l’air putride.
 
Coussins à la rose, pommes à senteurs (pommes piquées de nombreux clous de girofle, pommes qui donnèrent le nom de pommade), chapelets odorants et fourrures imprégnées participaient à l'atmosphère parfumée des demeures princières.  
 L’accessoire le plus sophistiqué de cette arômathérapie est sans doute la pomme d’ambre.
  D’origine orientale, c’est une boule en or ou en argent, souvent incrustée de perles et de pierres précieuses. Elle contient, comme son nom l’indique, de l’ambre, substance parfumée provenant des concrétions intestinales du cachalot. Mais la pomme d’ambre, en raison de son prix, est réservée aux rois, aux princes et aux plus fortunés. Les personnes de condition plus modeste se contentent de pommes de senteurs garnies d’ingrédients moins rares (aloès, camphre, basilic, menthe sèche), ou même d’une simple éponge imbibée de vinaigre. [Annick Le Guérer - Histoire du Parfum. Site de la Société française des parfumeurs]

La découverte du savon par les croisés

  
En Europe, on connaissait depuis l’époque gauloise, un savon fait de suif animal et de cendres alcalines mais il était trop actif. On ne l’utilisait que pour le blanchissage du linge et éventuellement comme shampoing.
  Ce sont les croisés au Moyen Age qui rapportèrent en Occident le véritable savon de toilette. Ils le découvrirent en Orient et plus précisément en Syrie      
  Alep, au nord-ouest de la Syrie, est une des plus vieilles villes du monde. Des recherches historiques et archéologiques ont montré que depuis 3000 ans on y fabrique traditionnellement un merveilleux savon naturel aux étonnantes vertus cosmétologiques et dermatologiques. Il est à l'origine de la totalité des savons durs dans le monde. Mais du fait de son prix, seules les dames de la noblesse pouvaient l’acquérir.
  Pour élaborer ce précieux savon les maîtres savonniers d’Alep utilisent l’huile d’olive locale et de la soude végétale. Mais ils ont un secret de fabrication qu’ils se transmettent de père en fils depuis des millénaires. Ils ajoutent dans leur composition un merveilleux ingrédient naturel supplémentaire : l’huile de baies de laurier. C’est l’huile de baies de laurier qui procure au savon d’Alep ses qualités incomparables. Il n’attaque pas la peau mais au contraire l’embellit.
  C’est le seul savon qu’utilisaient les princesses et les favorites des sultans dans les harems des palais orientaux. En effet, contrairement aux savons ordinaires, le savon d’Alep n’assèche pas l’épiderme. Il nourrit la peau, l’adoucit et lui donne éclat, satiné et velouté. Le corps irradie de beauté.
  C’est sous l’influence des Arabes que l'industrie du savon s’étendit sur les côtes méditerranéennes en Espagne, en Italie et surtout à Marseille à partir du VIIème siècle.
  Le port de Marseille était alors le principal centre de transit du savon et des matières premières et parfums servant à le fabriquer. De nombreuses savonneries s'implantèrent dans la cité phocéenne dès le IXème siècle et se lancèrent dans la fabrication de savons doux à base d'huile d'olive : le fameux Savon de marseille était né !
  L'Espagne, l'Italie et la France dominèrent ce marché pendant tout le Moyen Age mais le savon restait un produit de luxe, trop coûteux pour se démocratiser.
 Il se répandit cependant sur le pourtour méditerranéen : au XIIe siècle en Italie, en Espagne et au XVe siècle, en France il atteint Marseille, dont le tout aussi célèbre savon  est l'héritier direct du Savon d'Alep.
  Du fait de l’importance des plantations d’oliviers dans les campagnes environnantes, Marseille devint ainsi un important centre de production de savon en Europe. De là, le début de la renommée du savon de Marseille.
 Au XIXe siècle on remplaçât l’huile d’olive par des huiles de coprah ou de palme et le savon devint alors un produit de consommation courant, à bas prix, et produit industriellement.

  L'interdiction du maquillage

  Au Moyen Âge, le maquillage, sous prétexte qu'il travestit les créatures de Dieu, est interdit par l'Eglise toute puissante. Une seule couleur est tolérée, "le rouge de la pudeur". La Vierge Marie est alors généralement représentée comme une statue sans aucune féminité : la statuaire romane la présente comme un simple support ayant le Christ dans ses bras. La Vierge à l'enfant est une exception : il s'agit en fait d'un portrait d'Agnès Sorel, maîtresse du roi Charles VII (1403-1461), travestie en Vierge. On peut remarquer son teint très pâle : symbolisant la pureté, mais aussi la richesse et l'oisiveté, la blancheur de la peau est alors très recherchée. Agnès Sorel s'est également épilé le front : une manière de conserver un visage aussi juvénile que possible et de mettre le regard en valeur.

 Secrets de beauté 

Les femmes de l'époque s'appliquaient un mélange de chaux vive et de sulfure naturel d'arsenic sur le front pour l'épiler. Pour empêcher la repousse du poil, rien ne valait le sang de chauve-souris ou de grenouille...
Beauté chaste et fière... reines, princesses, chaudron magique et contes de fées -Les visages impassibles, empreints de résignation, de foi traduisent les préceptes de la foi chrétienne.
Le maquillage est diabolique. Il est considéré comme un subterfuge qui dissimule l'horreur et la puanteur réelles du corps et de l'âme. Il mène à la luxure et la débauche, anéantissant l'entreprise de l'homme.
La " belle" qui bouleverse le cœur des chevaliers a la peau " blanche comme lys, lait ou aubépine ".
Elle est jeune , a un visage lisse, un haut front bombé, une chevelure longue et dorée.
A l'époque les nobles utilisent des onguents faits de cendre de hérisson, de sang de chauve-souris, de sulfure d'arsenic, de chaux vive, des décoctions de lézards verts dans de l'huile de noix, du soufre pour blondir leur chevelure... préparés dans un chaudron magique!

                                                           La pollution dans les rues de la ville 

 Les principales pollutions sont:

 - L’envahissement des déchets, de toutes origines : humaine, médicale (puisque les déchets hospitaliers, même humains sont entreposés le long de l’hôpital), artisanale, commerciale.
  - Mais la pollution est aussi olfactive : les villes de l’époque apparaissent puantes par les marres et marigots d’eau croupie, la putréfaction des animaux et des déchets, l’utilisation massive d’urine dans les processus de teinturerie et d’excréments dans les champs.
  - Auditive également: aucun moyen d’insonorisation n’est connu et les artisans travaillent de jour comme de nuit (y compris les forgerons), rendant les villes très bruyantes. La quantité d’animaux errants dans les rues étroites, qui font caisse de résonance, amplifient un niveau sonore manifestement très élevé.
  - Chimique: du sulfate d’aluminium et de potassium, des vapeurs de souffre et le plomb sont autant d’éléments de pollution chimique qui souillent l’air des villes. Le saturnisme est, selon l’auteur, très répandu au Moyen-Âge.  

Evolution du traitement des excréments en zone urbaine

  Tant que l’homme a vécu une vie nomade, le problème de la gestion des excréments ne s’est pas posé.Les problèmes ont commencé avec l’émergence des premières cités au Néolithique. Plus l’homme s’est sédentarisé, plus la population a connu une croissance continue. Plus les cités sont devenues importantes et plus la quantité d’excréments est devenue difficile à gérer.Bien que posant un gros problème, les excréments ont rapidement servi de combustible, notamment pour cuire le pain.Cette pratique a perduré jusqu’au 19e siècle dans les régions pauvres en bois. Les déjections fécales ont également servi d’engrais.

  Dès la chute de l’Empire romain, les égouts et les latrines tombent en désuétude. L’Europe est alors morcelée en petits Etats qui ne possèdent pas de réel pouvoir central.
  Chaque ville doit gérer ses problèmes d’hygiène. Des rues ou des quartiers sont affectés à la population afin qu’elle puisse y déféquer. Les classes les plus riches se soulagent dans leur jardin. Les latrines restent d’actualité dans la plupart des monastères et des couvents. Il s’agit d’une pièce où des sièges, sedilia, sont accolés le long d’un mur. Dans les châteaux féodaux, des latrines ou des fosses d’aisance sont creusées dans les murs. Les excréments tombent dans le fossé intérieur ou extérieur selon l’aménagement. Le siège consiste en une dalle trouée.

  Dans les villes, on rejette directement les excréments dans les rues ; c'est l'époque du "tout-à-la rue"! Excréments et eaux usées s'y mêlent et nagent dans les rigoles se trouvant au centre des rues...

 Le pot de chambre, qui est apparu sous les romains, est de rigueur ; on fait ses besoins, parfois devant tout le monde et on jette les déjections par les fenêtres. 
  Les matières fécales viennent s’amonceler sur les chaussées avec les autres immondices, dont ceux des nombreux animaux qui se promènent en liberté.Toutes les grandes villes d’Europe dégagent une odeur pestilentielle. Dans un tel contexte, certains animaux comme les rats, et surtout les mouches, sont au paradis. C’est ainsi que le Moyen Âge connaît les plus grandes épidémies de peste, de choléra ou de fièvre typhoïde. 

Insalubrité et épidémies

 Toutes les grandes épidémies qui se sont déclarées en Europe entre le XIIe et le XIXe siècle sont liées à l’insalubrité et le manque d’hygiène.Soit, la malpropreté a directement causé l’épidémie, soit elle a permis à la maladie de s’étendre. Entre 1347 et 1400 environ, toute l’Europe est touchée par la peste. Les épidémies de peste Noire qui frappent de manière cyclique poussent les autorités à se préoccuper de l’hygiène. On fait nettoyer les rues, on brûle les maisons des pestiférés, on éloigne les dépôts d’ordures des villes et on interdit la divagation des animaux.En 1348, la peste a fait 80 000 morts à Paris.Malheureusement, ce sursaut d’hygiène n’a pas perduré au-delà de la tragédie. Dès que les épidémies ont pris fin, chacun a repris ses mauvaises habitudes.Les mouches, les rats et les puces ont été les principaux vecteurs des maladies.Entre le XVe et le XVIIe siècle, les épidémies de typhus ont fait des ravages en Europe. Le typhus exanthématique est la maladie de la saleté, de la promiscuité et de la misère.Cette maladie est transmise par les poux.Plusieurs surnoms ont été donnés au typhus qui illustrent bien dans quel contexte, la maladie se propage : « fièvre de la famine », « fièvre des prisons » ou « fièvre des tranchées » en référence à la Première Guerre mondiale.

Excréments et ville

 La gestion des excréments et autres immondices semble avoir été un problème crucial et complexe durant tout le Moyen Âge.La forte densité de population urbaine n’a fait qu’accroître ce problème.

 Plusieurs systèmes ont été utilisés :

 * Le puisard : un trou de faible profondeur pour permettre que les déjections s’infiltrent dans la terre

* La fosse d’aisance

* Utilisation des cours d’eau naturels qui traversent les villes

  Tous ces systèmes se sont montrés inopérants et très polluants.Paris est un excellent exemple de ce qui se pratique au Moyen Âge. Le Paris moyenâgeux est une cité aux rues étroites et non pavées.Les rues sont en fait de véritables patinoires boueuses où l’eau usée s’accumule. Les égouts sont inexistants et chacun jette dans la rue ses immondices.L’été, l’odeur est insoutenable et l’hiver, les rues se transforment en bourbier nauséabond. Là-dessus, s’ajoutent les cochons, les oies ou les chiens qui pataugent avec allégresse et défèquent partout.C’est Philippe Auguste, en 1184 environ, qui a ordonné que les rues soient pavées.Malgré plusieurs règlementations et la menace de sanctions, la population parisienne continue du XIIe au XVIe siècle à utiliser la rue comme dépotoir.Il y a quelques améliorations à partir du XVIIe siècle mais les cités européennes ou d’Amérique du Nord resteront très insalubres jusqu’au 19e siècle. Si les rues des villes sont restées si longtemps insalubres, c’est avant tout à cause d’un problème financier.Le roi ne finance pas l’enlèvement des déchets et il appartient à chaque quartier de payer le curage et le transport des immondices. De plus, les latrines sont insuffisantes et très mal placées.On estime qu’au XIVe siècle, à Paris, ce sont 40 tonnes de déchets (déjections fécales comprises), 200 000 litres d’urine et les excréments de milliers d’animaux qui, chaque jour, sont déversés dans les rues.

 Excréments et lieux publics

 Les hôpitaux du Moyen Âge ressemblent beaucoup à l’enfer de Dante. Il s’agit d’ailleurs avant tout de lieux où l’on meurt et non où l’on guérit.On entasse les malades sur des paillasses imprégnées de leurs excréments. Les animaux, notamment les chiens, se baladent au milieu des « patients », urinant en chœur.Les malades se transmettent toutes les maladies possibles et peu d’entre eux sortent de ces mouroirs, du moins sur leurs deux jambes.Il faudra attendre le XIXe siècle pour que les premières règles d’hygiène soient instaurées dans les hôpitaux.Dans les écoles, le problème est identique. Du XVIe au début du XXe siècle, l’hygiène sanitaire est déplorable dans les établissements scolaires.

 Hygiène :  les latrines
  A la campagne, la nature offrait son espace, ses bosquets, ses ruisseaux et des seaux pouvaient faire l'affaire.  En ville, on trouve des latrines publiques aménagées, autant que faire se peut, sur les rivières ou les fossés, avec des planches percées posées sur des rondins. Dans les demeures privées, on trouvait parfois des édicules dans la cour. Selon Robert Fossier, on a même, pour l'anecdote, trouvé un pictogramme sur l'un d'eux: un pot de chambre ! On pourra également trouver un conduit donnant sur l'extérieur, peu hygiénique donc.
  Au XV°, on a mention d'une « chambre de retrait » avec siège, écoulement assuré par un tuyau en terre cuite jusqu'à une fosse ou un égout, et un éventoir permettant l'aération.
  Dans la maison privée, les cabinets d’aisances, qu’on appelle alors des « privés » ou des « restraits », sont situés au dernier étage, et ils sont reliés par un conduit à une fosse extérieure, dans laquelle on verse de la cendre de bois pour dissoudre les déchets organiques. C’est en fait déjà le principe de nos fosses septiques.
  Pour les eaux ménagères, ou elles s’écoulent d’un trou d’évier au rez-de-chaussée, ou elles sont jetées simplement par une fenêtre dans un caniveau qui creuse en son centre la rue pavée. Au XIVème siècle, on demande aux habitants de Paris de prévenir les piétons de l’arrivée des saletés, en criant trois fois « gare à l’eau ! » avant de jeter le contenu du seau ! S’il est prudent, le passant se garde bien de marcher au milieu du chemin : il longe plutôt les murs des maisons, à l’endroit où la rue est la plus haute et la plus propre. Mais si un gentilhomme vient à le croiser, il lui cédera sa place, car c’est au seigneur que revient de « tenir le haut du pavé ».  
  

Les latrines

On admet volontiers que nos aïeux, dans leurs maisons, palais et châteaux, n'avaient aucune de ces commodités dont aujourd'hui on ne saurait se passer (dans les villes du Nord au moins); et de ce qu'à Versailles les seigneurs de la cour de Louis XIV se trouvaient dans la nécessité de se mettre à leur aise dans les corridors, faute de cabinets, on en déduit, en faisant une règle de proportion, que chez les ducs de Bourgogne ou d'Orléans, au XVe siècle, on ne prenait même pas tant de précautionsCependant, si les châteaux du moyen âge ne présentaient pas des façades arrangées par belle symétrie, des colonnades et des frontons, ils possédaient des latrines pour les nobles seigneurs comme pour la garnison et les valets; ils en possédaient autant qu'il en fallait et très-bien disposées. À Coucy, les tours et le donjon du commencement du XIIIe siècle ont des latrines à chaque étage, construites de manière à éviter l'odeur et tous les inconvénients attachés à cette nécessité. Les latrines du donjon s'épanchent dans une fosse large, bien construite, et dont la vidange pouvait se faire sans incommoder les habitants. Quant aux latrines des tours, elles étaient établies dans les angles rentrants formés par la rencontre de ces tours et les courtines, et rejetaient les matières au dehors dans l'escarpement boisé qui entoure le château.

 Voici (1) un de ces cabinets donnant sur un palier A en communication avec les salles et l'escalier. B est la courtine, C la tour. De B en D est construit un mur en encorbellement masquant le siège E. En F est un urinoir et en G une fenêtre. Le tracé H donne l'aspect du cabinet à l'extérieur, et le tracé I sa coupe sur AX. Là il n'y avait pas à craindre l'odeur, puisque les matières tombaient dans un précipice.

  La fig. 2 nous présente un cabinet qui existe encore intact dans le château de Landsperg (Bas-Rhin), et qui jette, de même que ceux des tours de Coucy, les matières à l'extérieur. Le siège d'aisances est entièrement porté en encorbellement sur le nu du mur. La figure A donne le plan, la figure B la coupe, et la figure C la vue de l'encorbellement du siège avec la chute en perspective. Comme il y avait lieu de se défier des traits qui pouvaient être lancés du dehors, on observera que le constructeur a eu la précaution de placer une dalle de champ descendant en contre-bas des deux corbeaux latéraux, afin de masquer complètement les jambes de la personne assise sur le siège, composé d'une simple dalle trouée. La nuit, il était d'usage de se faire accompagner, lorsqu'on se rendait au cabinet, par un serviteur tenant un flambeau. Cette habitude ne paraît avoir été abandonnée que fort tard. Grégoire de Tours rapporte qu'un prêtre mourut aux privés pendant que le serviteur qui l'avait accompagné avec un flambeau l'attendait derrière le voile qui tombait sur l'entrée3; et dans les Mémoires de Jehan Berthelin, écrits vers 1545, nous lisons qu'un chevalier du roi, logé à Rouen à l'hôtel du Cheval blanc, «luy estant levé il se en alit aux pryvetz avec le serviteur dudit logis, lesquels tous deux fondyrent et tombèrent dedens lesdits pryvets, et furent tous deux noiez à l'ordure4.» Dans les Cent nouvelles nouvelles, il est également question de personnages qui se font accompagner par des serviteurs. Ceci explique pourquoi, dans les latrines du moyen âge, on laissait une place large devant les sièges, ou souvent une sorte de couloir assez long entre le siège et l'entrée.

   Les fosses étaient l'objet d'une attention particulière de la part des constructeurs; nous en avons de nombreux exemples dans des châteaux du moyen âge. Elles étaient voûtées en pierre, avec ventilation et pertuis pour l'extraction. Mais c'est surtout dans la construction des latrines communes que les architectes ont fait preuve de soin. Dans les châteaux devant contenir une assez grosse garnison, il y a toujours une tour ou un bâtiment séparé réservés à l'établissement des latrines. Il y avait au château de Coucy, entre la grand'salle et le bâtiment des cuisines, des latrines importantes dont la fosse est conservée. On voit des restes de latrines disposées pour un personnel nombreux dans un des trois châteaux de Chauvigny (Poitou). En Angleterre, au château de Langley (Northumberland), il existe un bâtiment à quatre étages destiné aux latrines, lesquelles sont établies d'une manière tout à fait monumentale. On en voyait de fort belles et grandes au château de Marcoussis, à peu près pareilles à celles de Langley. Les latrines du château de Marcoussis, élevées au XIIIe siècle, adossées à l'une des courtines, se composaient d'un bâtiment étroit, couvert, mais dépourvu de planchers, et dont les cabinets (3)5 communiquaient avec les étages des logis voisins au moyen des portes et des passages B (voir la coupe transversale A). La fosse était en C, et sa voûte était composée de deux arcs doubleaux entre lesquels passaient les trois trémies de chute des trois étages de siéges. Ces siéges étaient au nombre de quatre à chaque étage, et du sol D (rez-de-chaussée) au comble, posé à 1m,00 environ en contre-haut de la fenêtre supérieure E, il n'y avait pas de planchers. Ainsi la ventilation pouvait se faire facilement et l'odeur n'était pas entraînée par les portes B dans les logis voisins. En F, nous avons tracé la coupe du bâtiment parallèlement aux siéges, et pour les laisser voir, nous avons supposé les appuis G en partie détruits.

 

 

 Au château de Pierrefonds, dont la construction date de 1400, il est une tour, du côté des logements de la garnison, qui était entièrement destinée aux latrines. Nous donnons (4) les tracés de cette curieuse construction. En A est figuré le plan de la tour au niveau du sol extérieur du château qui est le sol de la fosse; en C est le pertuis d'extraction; en D, un ventilateur, et en E un massif de pierres de taille planté au milieu de la fosse pour faciliter la vidange des matières. Le tracé B donne le plan du premier étage (rez-de-chaussée pour la cour du château). Des salles G, on ne pouvait arriver aux latrines que par le long couloir F, muni de deux portes. La salle H possédait une suite de siéges en I et un coffre L qui était la descente des latrines des deux étages supérieurs. La coupe perspective faite sur BK fait voir, en M, la fosse avec le massif N et le ventilateur O; en P, les siéges du rez-de-chaussée; en R, les siéges du premier étage, et en S les siéges du troisième. Pour faire voir les trémies et tous les siéges, nous avons supposé les planchers enlevés. La dernière trémie S se prolongeait, par une cheminée latérale, jusqu'au-dessus des combles, de manière à former appel, et près du tuyau de prolongation de cette dernière trémie était disposé un petit foyer pour activer cet appel. Il faut bien reconnaître que beaucoup de nos établissements occupés par un personnel nombreux, tels que les casernes, les lycées, les séminaires, n'ont pas des latrines aussi bien disposées que celles-ci. Observons que, grâce au pertuis latéral d'extraction de la fosse et au massif central, il était très-facile de faire faire des vidanges fréquentes et promptes; que cette fosse contenait un cube d'air considérable; qu'elle était doublement ventilée, et que, par conséquent, elle ne devait pas dégager beaucoup de gaz dans les pièces, lesquelles étaient ventilées par des fenêtres; que d'ailleurs toutes les entrées ménagées aux divers étages de cette tour consistent en des couloirs longs, détournés, ventilés eux-mêmes et fermés par des doubles portes.

 

  Dans le même château, les latrines du grand logis seigneurial ou donjon sont disposées, avec un soin extrême, dans une partie étroite des bâtiments recevant de l'air de deux côtés, isolées et ouvrant les fenêtres des cabinets au nord (voy. Donjon, fig. 41, 42 et 43). Il faut remarquer que les jours des grandes latrines de la garnison que nous venons de donner dans la figure précédente s'ouvrent également vers le nord. Ces précautions minutieuses apportées à la construction de ces parties importantes des habitations font place, vers la fin du XVIe siècle, à une négligence extrême. Mais c'est qu'alors on se préoccupait avant tout de faire ce qu'on appelait de belles ordonnances symétriques; que le bien-être des habitants d'un palais ou d'une maison, ce que nous appelons le comfort, était soumis à des conditions architectoniques plutôt faites pour des dieux que pour de simples mortels. En finissant, nous ne devons pas omettre de prémunir nos lecteurs contre les récits d'oubliettes que font tous les cicerone chargés de guider les amateurs de ruines féodales. Dix-neuf fois sur vingt, ces oubliettes, qui émeuvent si vivement les visiteurs des châteaux du moyen âge, sont de vulgaires latrines, comme certaines chambres de torture sont des cuisines. Plusieurs fois nous avons fait vidanger des fosses de château que l'on considérait, avec une respectueuse terreur, comme ayant englouti de malheureux humains; mêlés à beaucoup de poudrette, on y trouvait quantité d'os de lapins ou de lièvres, quelques pièces de monnaie, des tessons et des momies de chats en abondance-

 

1 : Cette négligence à satisfaire aux nécessités de notre nature physique était poussée très-loin dans le temps où l'on songeait surtout à faire de l'architecture noble. Non-seulement le château de Versailles, où résidait la cour pendant le XVIIIe siècle, ne renfermait qu'un nombre tellement restreint de privés, que tous les personnages de la cour devaient avoir des chaises percées dans leurs gardes-robes; mais des palais beaucoup moins vastes n'en possédaient point. Il n'y a pas fort longtemps que tous les appartements des Tuileries étaient dépourvus de cabinets, si bien qu'il fallait chaque matin faire faire une vidange générale par un personnel ad hoc. Nous nous souvenons de l'odeur qui était répandue, du temps du roi Louis XVIII, dans les corridors de Saint-Cloud, car les traditions de Versailles s'y étaient conservées scrupuleusement. Ce fait, relatif à Versailles, n'est point exagéré. Un jour que nous visitions, étant très-jeune, ce palais avec une respectable dame de la cour de Louis XV, passant dans un couloir empesté, elle ne put retenir cette exclamation de regret: «Cette odeur me rappelle un bien beau temps!»

Source : Dictionnaire raisonné de l'architecture - Viollet-Leduc
 Il y avait des hôpitaux qui accueillaient les lépreux. On soignait la variole ou la rougeole. L'étudiant en Médecine passait cinq à six ans sur les bancs de l'Université.
 L'église s'occupait également des hôpitaux. Les progrès les plus importants étaient réalisés par les chirurgiens.
 L'assistance aux malades et aux pauvres
 L'hôtel-Dieu servait à accueillir les pauvres et les malades pour les aider et les secourir.

 L'épidémie de la peste

 La peste était une maladie très contagieuse. Personne n'allait voir les gens qui avaient cette maladie. S'ils touchaient quelqu'un ils l'avaient tout de suite. En trois mois à cause de cette maladie à Avignon on a enterré 62 000 morts. Les personnes qui avaient la peste dormaient toutes seules.
 La peste noire , en treize ans, a coûté la vie à une personne sur trois en Asie et en Europe. La peste noire a fait disparaître des familles et des villages entiers.
 L'accueil des pauvres : pour les gens qui n'avaient pas de lit, on leur donnait de quoi s'en fabriquer(bois, draps, vêtements pour ceux qui n'en avaient pas). Ils mangeaient le plus souvent du pain avec : du lard, du fromage frais, des fèves et des anguilles.
 Les médecins luttaient contre les maladies et le manque d'hygiène. Dans les hôpitaux, il n'y avait pas assez de place. A chaque épidémie, les gens mouraient par centaines. A l’époque médiévale, la parfumerie connaît en Occident un recul certain.  Depuis que Rome s’est écroulée, au Ve siècle après J.C., sous les coups des barbares, l’art du parfum s’est réfugié dans l’empire byzantin. De plus, à la suite des Pères de l’Eglise, l’usage profane des senteurs, symbole de la frivolité du monde
païen, est condamné.

Le_bain_de_lenfant

L'enfant au bain

Mais, au fur et à mesure que les croisés reviennent de leurs lointaines expéditions en Orient, ils en rapportent cosmétiques et senteurs (en particulier, l’eau de rose). On attribue aux Arabes, héritiers des connaissances antiques en la matière, un rôle déterminant dans l’évolution de la parfumerie grâce à la mise au point de l’alambic et du serpentin. Ces instruments permettent la distillation de l’alcool, technique qui ouvre la voie aux parfums modernes.
Le premier produit parfumé à substrat alcoolique apparaît en Europe au XIV e siècle : c’est la célèbre "Eau de la Reine de Hongrie", à base d’esprit de vin et de romarin. Considérée comme une véritable panacée, elle protège de tout, même de la peste. L’arrivée de ce fléau qui frappe la France de plein fouet en 1348 et décime en quelques années le quart de la population européenne favorisera un usage intensif des parfums. Soupçonnant l’eau d’ouvrir les pores de la peau à l’air pestilent, les médecins conseillent de recourir, pour se nettoyer, aux vertus purifiantes et protectrices des substances aromatiques.

On les trouve sous des formes très diverses. Poudres, lotions, sirops, boîtes de senteurs, "oiselets de chypre" (pâte parfumée moulée en forme d’oiseau), sont censés faire barrage à la pénétration de l’air putride. L’accessoire le plus sophistiqué de cette arômathérapie est sans doute la pomme d’ambre. D’origine orientale, c’est une boule en or ou en argent, souvent incrustée de perles et de pierres précieuses. Elle contient, comme son nom l’indique, de l’ambre, substance parfumée provenant des concrétions intestinales du cachalot. Mais la pomme d’ambre, en raison de son prix, est réservée aux rois, aux princes et aux plus fortunés. Les personnes de condition plus modeste se contentent de pommes de senteurs garnies d’ingrédients moins rares (aloès, camphre, basilic, menthe sèche), ou même d’une simple éponge imbibée de vinaigre.

Se laver la tête ne pose pas plus de problème.
Un herbier du 13e siècle conseille le jus de bette pour éliminer les pellicules et les feuilles de noyer ou de chêne pour obtenir une belle chevelure. Dans ce même herbier, on préconise, pour éviter la "puanteur" de s'arracher les poils et de laver les aisselles avec du vin, associé à de l'eau de rose et à du jus d'une plante appelée casseligne. Pour se blanchir les dents, il faut se les frotter avec du corail en poudre ou de l'os de seiche écrasé.

Bref, tant que les établissements de bain étaient modestes, on y allait pour se laver, bien sûr, mais aussi pour discuter, retrouver ses amis. Encore au début du 12e Siècle, la simplicité un peu rude des moeurs faisait que l'on ne voyait pas malice à se mettre nu et qu'on s'accommodait très bien d'une liberté des sens que notre propre morale réprouverait aujourd'hui. On prenait les bains en commun, et nus. Ne dit-on pas que saint François d'Assise (1180-1226) prêcha nu devant ses fidèles, en signe de dépouillement ! Aurait-on pu imaginer cela un siècle plus tard ?

Etuves_publiques

Etuves publiques

Avec la croissance des villes, due à la reprise économiqueEurope, les étuves deviennent de grands établissements et les coutumes changent. La ville attire de plus en plus d'étrangers et de vagabonds, et la prostitution se développe. Les bains sont mis sous la surveillance de chirurgiens-barbiers.
Voici une description d'un établissement de bains au 14e siècle. 
D'abord, un rez-de-chaussée sur cave où on plaçait deux énormes fourneaux en brique (en airain, dans les maisons princières). Ce rez-de-chaussée était divisé en deux grandes pièces avec une antichambre commune. La première pièce est une vaste salle de bain, possédant en son milieu une spacieuse cuve en bois et, sur les côtés, de nombreuses baignoires en bois pour une ou deux personnes. La seconde pièce est la salle d'étuve, rappelant le laconicum romain (pièce la plus chaude), dont le plafond est constitué par une massive maçonnerie se terminant en coupole, percée de trous au travers desquels s'échappe l'air chaud. Autour, des sièges et des gradins pour se relaxer. Aux étages supérieurs, des chambres à coucher, ce qui favorisait la prostitution

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