L'association nogentaise ''Nos
Gens d'Hier'' fait revivre la
Libération de la Bassée et du Montois. |
FONTAINE-FOURCHES
La commémoration de la libération [24-08-1944 //24-08-2018]
Photos Jean-louis MAILLARD
M le maire : Xavier LAMOTTE | MM. LAMOTTE, AUGE, TRICHE, TURIOT | M. Pierre BALAS |
Allocution de M. Pierre BALAS |
LE VINGT-QUATRE
AOUT 1944 A FONTAINE
FOURCHES
Depuis le 20 août
1944, on sentait bien que les choses évoluaient sérieusement. Pas loin d’ici, à Fontainebleau, à Montereau, et même à Bray-sur-Seine, les nazis battaient en retraite, fuyant devant l’avancée des armées alliées. Ils provoquaient dans leur fuite, exécutions et massacres. Enfin, le 24 août au matin, deux motos, montées par des soldats américains, firent irruption sur la place du village de Fontaine-Fourches. Ils venaient de Courceaux par la route. Ils étaient en reconnaissance. C’était il y a soixante-quatorze ans. Ce fut le début de la Libération, même si tous n’en avaient pas conscience ce jour-là. Depuis deux jours, un convoi d’une centaine de véhicules américains était en cantonnement à Villiers-Bonneux. Ils arrivèrent par les champs jusqu’à Fontaine, dégageant une quantité incroyable de poussière. Ils cherchaient un chemin leur permettant d’aller à Nogent, en évitant Fontaine Fourches. Au même moment, Monsieur Lenoble, le boulanger de Fontaine Fourches, était mitraillé sur la route de Villuis par un avion américain, lors de sa tournée de pain. Il ne fut pas blessé, mais on en parla avec émotion chez les commerçants du village. Et puis, en fin de matinée, on vit passer les camions des nazis. Ils venaient de Noyen et se dirigeaient vers Traînel. Ils traversèrent le village, les fusils braqués sur les bas-côtés de la route. C’était la fin de l’occupation. Les cloches de l’église sonnèrent. Elles sonneront une partie de la journée. Puis, se tint une réunion spontanée des habitants du village et un défilé s’organisa avec Germaine Juchat en tête et les pompiers en uniforme, avec leurs instruments de musique, suivis par les habitants de Fontaine Fourches. Quelle avait été la vie dans ce village depuis le début de la guerre ? Déclarée le 3 Septembre 1939, ce fut d’abord la drôle de guerre pendant quelques mois. Le 10 mai 1940, les nazis envahirent la Belgique, les Pays Bas, les Ardennes et le nord de la France. Quatre soldats de Fontaine Fourches périrent au combat : Paul Augé, Clovis Alexandre, René Bourdin, et Pierre Tourny. Ils sont morts « pour la France ». Les réfugiés des villages plus au nord traversaient Fontaine Fourches et un vent de panique incita les habitants à partir eux aussi, en essayant de sauver quelques biens. D’ailleurs, le 13 juin, les communes de Fontaine Fourches et des environs reçurent l’ordre d’évacuation. Ainsi, le 14 au matin, tout ce qui pouvait rouler, fut attelé pour former une caravane. Les automobiles qui allaient plus vite, attendaient à l’étape le gros du village qui marchait à la vitesse du pas des chevaux. Un petit poulain né la veille, voyageait dans une charrette tirée par sa maman. Les ponts sur la Seine furent détruits à Bray, à Port Montain, à Villiers et à Courceroy. Ce voyage dura une bonne dizaine de jours. On s’arrêta vers la Loire, près de Bléneau. Il était impossible d’aller plus loin et on décida de retourner à Fontaine Fourches, après avoir fait deux cent trente kilomètres aller et retour ! La vie s’organisa tant bien que mal avec les tickets de rationnement, les réquisitions et l’occupation. Pétain prit le pouvoir le 17 Juin et l’armistice, la capitulation, fut signée à Rethondes le 22 juin, dans les conditions les plus humiliantes qui fussent. La France fut coupée en deux : La partie nord occupée et la partie sud séparée par la ligne de démarcation, frontière étanche, avec Pétain et Laval installés à Vichy. Pierre Delahaye, le meunier du village, s’engagea dans la Résistance dès le 1er décembre 1941. Il devint membre du réseau « Action » au sein du mouvement « Ceux de la Libération ». A ses côtés, il y avait Monsieur Tétrot, instituteur et secrétaire de mairie et Alcyde Mazaud, le père d’André Mazaud. Ils s’engagèrent et furent ainsi les résistants de la première heure. Ils firent preuve d’un courage peu commun, risquant à tous moments l’arrestation, la torture, la déportation et la mort. Entre 1941 et 1943, Pierre Delahaye, chef de groupe, assurait les liaisons, faisait fabriquer les faux papiers, s’occupait des parachutages et des atterrissages, recueillait les pilotes abattus, organisait leur retour vers l’Angleterre, aidait les jeunes réfractaires au STO à se réfugier dans les bois, transportai, cachées au milieu des sacs de farine, armes et munitions qui venaient d’être parachutées. Mais, courant octobre 1943, et sur dénonciation, Pierre Delahaye fut arrêté par la Gestapo. Torturé à Melun, sans dire un mot ni dénoncer ses camarades, il fut ensuite enfermé à la prison de Fresnes, puis au camp de Royal-lieu, à Compiègne, d’où il partit le 27 avril 1944 pour Auschwitz Birkenau. Il fut transféré au camp de Flossenburg près de la frontière tchèque, le 24 mai 1944. Flossenburg était un camp de travail forcé où était exploitées des carrières de granit. Tout se faisait à la main, sans aucune machine : que les bras pour extraire, que les bras et les jambes pour porter. Exténué par le travail, par la soif et la faim, par les mauvais traitements des gardiens sadiques et par les humiliations. Il mourut trois mois plus tard, le 27 juillet 1944. Pierre Delahaye est le père de Jacqueline, de Michel et de Claude Delahaye. Claude vit parmi nous, ici, dans ce village. Les petits enfants de Pierre Delahaye étant assez dispersés, nous sommes heureux que deux d'entre-eux, les fils de Jacqueline, Jean-Paul et Philippe Augé habitent parmi nous, ici, à Fontaine-Fourches. Nous sommes fiers que Pierre Delahaye ait vécu dans notre village et nous devons tout faire pour ne pas l’oublier. Nous devons aussi remercier Christian Triché et Raymond Pléau qui font un remarquable travail de mémoire et sans qui ces paroles n’auraient pu être prononcées. Pierre Balas, Fontaine Fourches, le 24 Août 2018 |
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