Aventure "advenire"(qui a aussi donné "l'avenir")est ce qui vient "ad", au-devant du héros, même s'il ne cherche rien de particulier. Mais l'aventure est souvent objet de quête, car un héros qui ne recherche rien peut devenir un "récréant", tel Erec dans "Erec et Enide" de Chrétien de Troyes, qui, par excès de bonheur, se contente de vivre et perd toute valeur ; faisant la honte de sa femme, il partira avec elle en croupe, à la recherche de l'aventure. Il en rencontrera plusieurs et chacune de celles-là, plus difficile que la précédente, lui apportera une gloire plus grande, jusqu'à ce qu'il libère tout un peuple et retrouve, en sus, l'amour de sa femme, la "joye", qui s'apparente au bonheur ; pour n'être pas le but de la quête, elle en est la récompense, le "plus" donné au héros, qui peut alors jouir du bonheur de vivre qu'il a enfin mérité.
Bachelier.
Au Moyen Âge, le terme désignait l'étudiant titulaire du premier grade universitaire.
Au XIe siècle, le bachelier était un jeune noble, chevalier ou écuyer, qui servait sous les ordres d'un seigneur plus âgé. Le jeune homme devait faire ses preuves afin d’héritier du fief paternel. Lorsqu’il ne possédait pas de fortune, il devait redoubler d’audace pour se trouver un protecteur ou un riche beau-père.
Ban.
A l'origine, le ban était une proclamation, une défense ou un ordre du seigneur. Le suzerain avait le droit de mobiliser, en cas de besoin, ses hommes mais aussi ceux de ses vassaux. Il convoquait alors le ban et l'arrière-ban.
On publie encore le ban dans les églises pour un mariage.
Buffet : Armoire pour entreposer le linge de table, la vaisselle et l'argenterie.
Au moyen âge, le terme désignait le lieu où l'on vendait le vin au détail, mais aussi le vinaigre ; le buffetier était un détaillant en vin et vinaigre - souvent aussi au comptoir.
Un buffet pouvait être aussi une zone du château réservée à la vente du vinaigre et du vin.ou encore une maison particulière, ou un quartier, dans une enceinte, comme l'étaient la Lormerie, (ferronnerie), la Boucherie, la Friperie, la Ganterie.
«La Buffette», une résidence patricienne des Xlle et XIIle siècles à Provins. Garrigou Grandchamp Pierre, Mesqui Jean, Deforge Olivier.
in :Bulletin Monumental. tome 160 N°1, année 2002. Les Demeures urbaines patriciennes et aristocratiques (Xlle-XlVe siècles) pp.27-46.
Au XIIe : trou dans la barrique par où entre l'air, quand on met le vin en perce.
buffet, buffe, bouffer, sont des mots qui se rapportent à la joue : souffleter (un coup sur le joue) ; souffler (le bouffadou - bofador, en occitan - est un soufflet à bouche pour attiser le feu).
Au XVe : bouffer, c'est gonfler et se gonfler ; --> une bouffée de colère ; et le Carnaval, dans beaucoup de villages languedo- ciens, était l'occasion de perpétuer "la danse du soufflet" ou" buffatière".
Le buffet, chez François Villon, est un cabaret.
Au XVIe : bouffer, c'est manger gloutonnement.
Champion
A l'origine, un chevalier se battait en champ clos pour défendre une cause.
La justice du Moyen Âge admettait l'épreuve des armes. L'accusé pouvait provoquer en duel son accusateur : Dieu faisait triompher l'innocent. Lorsque l'accusé, malade, trop jeune ou trop vieux, n'était pas en mesure de se battre lui-même, ou si c'était une femme, il pouvait se faire représenter par un champion.
Chevalier
A l'origine, les chevaliers n'étaient que de simples combattants, parfois mercenaires, assez forts ou assez riches pour avoir un cheval. Leur prestige était essentiellement militaire.
A partir du XIe siècle, ces guerriers commencent à constituer une classe sociale, unie par une même manière de vivre. Pour éviter les guerres continuelles, les abus de pouvoir et canaliser la violence de ces combattants souvent frustes, l’Église met en place les règles strictes du code chevaleresque. Le chevalier, dont les armes ont été bénies, doit obéir à Dieu et à son devoir, protéger les faibles, aider son prochain...
Climat : entité naturelle divisée en parcelles délimitées par un mur ou un chemin et singularisées souvent par un lieu-dit :
« Champ-Perdrix » pour champ pierreux, « Charmes » pour friches, etc.
En Bourgogne, c'est un petit vignoble (appelé aussi souvent "clos") produisant un type de vin bien déterminé.
Chaque climat est unique : en raison de sols sont plus ou moins profonds, caillouteux ou drainants, de pentes plus ou moins douces, d'expositions plus ou moins différentes...
Courtois
Les chevaliers du Moyen Âge l’étaient ; aimables, polis, raffinés dans leur parure et leur langage et aussi leurs sentiments. Ils considéraient leur dame comme une maîtresse toute-puissante dont les désirs étaient des ordres. Pour lui plaire, ils surmontaient toutes sortes d'épreuves, physiques et morales, dont la patience n'était pas la moindre.
A l'origine, courtois signifie qui vit à la cour.
Denrée
Sens moderne : Produit comestible servant à l'alimentation de l'homme ou du bétail.
On retrouve habituellement ce mot dans les expressions denrée périssable, denrée sèche, denrée rare.
Sens médiéval : Au XIIIe siècle cela servait à désigner une marchandise de la valeur d'un denier, principalement une mesure de pain qui sous St-Louis prenait le nom de denrée. À cette époque on retrouvait dans les grosseurs de pain :
- le denrée, pain vendu au prix d'un denier
- le doubleau vendu deux deniers
- le demie vendu le prix d'une obole = 1/2 denier.
Il n'est fait aucune mention du poids des pains à cette époque, parce qu'on se basait, à ce sujet, sur le prix du blé qui faisait forcément varier la grosseur des pains. Le pain doubleau devait être vendu pour le prix de six deniers les trois; le pain denrée devait être vendu six deniers les six. Quant au pain demi il était vendu pour le prix d'une obole.
Fault = forme de l'ancien français : faillir = faire défaut [cf lexicographie) & étymologie ]
On suppose l'existence d'une forme de latin vulgaire "fallire", concurrente de fallere.
Dès l'époque classique, ce verbe avait des significations différentes selon qu'il était employé en construction transitive ou intransitive :
- transitif, il signifiait "tromper" ou "échapper à, tromper l'observation ou l'attention de" ;
- intransitif, il signifiait "finir, échouer" ou "manquer à ses engagements".
Ancienne langue :
- Le sens primitif "être caché, être invisible" s'est conservé.
- La notion de manque, d'absence, est commune à tous les mots construits sur le radical faill-.
- Les sens du verbe faillir sont assez différents selon le contexte, le type de sujet (animé ou inanimé), le mode de construction (impersonnel ou personnel ; intransitif, transitif direct ou indirect) : "se tromper, commettre une erreur", "manquer un objectif, échouer", "faire défaut, manquer à", "ne pas avoir lieu" (en parlant d'un événement), etc.
- Par extension, le verbe peut avoir le sens de "finir, cesser", et d'« anéantir ».
Garnement
A l'origine, garnement signifie tout ce qui peut offrir une protection : vêtement, équipement et même forteresse. A la fin du Moyen Age, le mot évolue dans le sens de souteneur. Aujourd'hui, de mauvais garçon, le garnement désigne maintenant un enfant, un adolescent. On connait surtout l'expression dans méchant garnement.
Gringalet
Sens : homme ou garçon un peu chétif.
Ce mot viendrait d’un vieux mot suisse signifiant «minus, demi-portion».
Loup-garou
Présente déjà dans l'Antiquité, (voir Pétrone et son Satiricon), la croyance arriva jusqu'au Moyen Âge et se répandit d'autant plus que les loups devinrent très nombreux. Les versipelles prirent le nom de loups-garous, garou signifiant à lui seul homme-loup. Le loup-garou paraît dans de nombreux contes modernes, signataire d'un pacte avec le diable, et profitant de l'impunité que lui assure son apparence animale pour assouvir ses mauvais instincts.
Malotru
Du bas latin "male astrosus", signifiant être né sous une mauvaise étoile.
En provençal, benastruc « né sous une bonne étoile » et malostruc « malheureux ».
Merci
Au Moyen Âge, merci signifiait «grâce, pitié» de là les expressions :
Crier, demander merci - le chevalier vaincu reconnaissait sa défaite et implorait la pitié du vainqueur.
Être à la merci de: être au pouvoir de quelqu'un de telle manière qu'il soit libre de vous accorder sa grâce ou de vous la refuser.
Dieu merci! : par la grâce, la faveur de Dieu.
Sans merci : impitoyable (littéralement : sans que l'un des partis en présence puisse demander merci).
Noël
Au Moyen Âge, «Noël !, Noël !» était un cri de réjouissance proclamé par le peuple à n’importe quel moment de l’année, pour saluer un événement heureux. Le cri Noël ! Noël pouvait donc être entendu lors du couronnement d'un roi, une naissance, un mariage etc.
Prud'hommes et prudes
De nos jours, le prud'homme est membre d'un tribunal constitué de représentants des salariés et des employeurs et chargé de régler les conflits du travail. Le mot avait jadis une signification bien plus large. Un prud'homme était un homme preux, c'est-à-dire plein de valeur. Mais cette valeur n'était pas seulement militaire. Un ermite pieux, un bourgeois honnête et avisé, un vieux et sage chevalier étaient des prud'hommes. Un chevalier courageux mais écervelé ne méritait pas ce titre. L'équivalent féminin du prud'homme était la prude femme.
Renard
Au début du Moyen Âge, le petit animal roux que nous connaissons sous le nom de renard s'appelait encore goupil, du latin vulpes.
Or vers 1170 - 1180, commencèrent à paraître des récits racontant les aventures d'un certain Renart, goupil de son état. Ce Renart était un petit baron, sujet du roi Noble, le lion, et parent du loup Ysengrin. Chétif et menu, il compensait sa faiblesse physique par une ruse quasi démoniaque. Il n'y avait pas d'animal qui n'eût à se plaindre de lui! Le roi lui-même était sa victime, mais son souffre-douleur favori restait le gros et fort Ysengrin.
Une fois, Renart exigea sa peau pour réchauffer le roi malade. Une autre fois, il le fit pêcher dans un étang gelé où le pauvre loup laissa sa queue. Une autre fois encore, il le fit tomber dans un puits. Bref, il le trompait, l'humiliait de toutes les manières. Et Renart, comme nos héros modernes, sortait toujours vivant des situations les plus délicates.
Le succès du Roman de Renart fut immense. Du XVe siècle à la fin du Moyen Âge, chacun se délecta des méchants tours du goupil. Les paysans se racontaient ses aventures à la veillée et retrouvaient avec plaisir dans ces récits leur vie quotidienne. Les seigneurs écoutaient les mêmes contes de la bouche des jongleurs qui allaient de château en château. Et les plus savants, les clercs, lisaient eux-mêmes dans les manuscrits les mille et un tours de Renart.
La popularité du personnage fut telle que petit à petit tous les goupils furent appelés Renart (mot que nous écrivons aujourd'hui avec un «d»).
Un Vilain
A l’époque médiévale un vilain désigne toute personne qui habite une «villa» (une ferme). Le vilain est un paysan, que les nobles et les clercs imaginent aussi laid physiquement que moralement, capable de toutes les «vilenies». En langue française, vilain peut donc se traduire en français moderne par «paysan». Mais avec le temps on en est venu à l’associer à un «rustre» ou un «ignoble individu».
Locutions et expressions médiévales
A bonne école
Sens : dans un milieu ou avec des personnes capables de bien instruire, de bien former.
Les fondements de cette expression datent du XIIe siècle, "école" ou "escole" à l'époque médiévale a le sens d'exemple, d'influence, de formation morale. "Être appris de male escole" voulait dire être mal conseillé et "mener à dure escole", mener ou diriger durement, sévèrement. "à bonne escole", être bien conseillé.
A bride abattue
La «bride» est le «harnais placé à la tête du cheval et destiné à l'arrêter ou à le diriger, selon la volonté du conducteur». Une façon de laisser à la bête l'entière liberté de ses mouvements est naturellement de lui «laisser la bride sur le cou», symbole de parfaite non-directivité. On peut aussi «tourner bride» : faire un demi-tour complet, et généralement détaler dans le sens inverse.
À brûle-pourpoint
Sens : qui est soudain, pertinent et par surprise.
Au début des armes à poudre vers la fin du moyen age, il était courant que les artilleurs en portant à l'épaule leur canon à main, au moment de faire feu avec leur arme, abiment carrément leur pourpoint et y mettent feu, C'est ainsi que ces mésaventures d'arquebusiers nous ont valu la très brusque expression à brûle-pourpoint, qui veut dire à bout portant, pertinent et très soudain
Aller au diable Auvert
À l’époque médiévale cela signifiait s’engager dans une expédition dangereuse. Cette locution s’en tend particulièrement aujourd’hui dans le sens de aller chez le diable, partir en cavalle. Auvert est une corruption de Vauvert; on disait autrefois : Aller au diable Vauvert. Le V a été mangé dans la rapidité du discours.
Le château de Vauvert ou Val-Vert situé près de Paris, du côté de la barrière d’Enfer, avait été habité par Philippe-Auguste après son excommunication ; il passait depuis cette époque pour être hanté par des revenants et des démons. Saint Louis, pour désensorceler ce château, le donna aux Chartreux en 1257. Aller au diable Auvert prends donc tout son sens.
De bon aloi
Sens moderne : de bonne qualité.
Sens ancien : Une pièce d'or ou d'argent devait être de bon "aloi". Ce mot provient en fait du verbe "aloyer", forme ancienne du verbe "allier" : l'aloi est donc l'alliage d'une pièce, c'est à dire la proportion de métal précieux qu'on y retrouve. À l'époque médiévale chaque seigneur pouvait frapper monnaie et pour s'assurer qu'une pièce était "de bon aloi", on pouvait la faire "sonner" sur une surface dure : le son rendu permettait au banquier de distinguer une fausse pièce d'une vraie. Mais beaucoup plus sûr était l'usage du "trébuchet", petite balance de précision pour peser les monnaies. D'où l'expression "espèces sonnantes et trébuchantes".
A fleur de peau, la fleur de l'âge (en anglais flour = farine)
Sens : «à la surface de la peau, la plus belle partie de la vie»
Le mot «fleur», qui date du XIIe siècle, vient du latin 'florem', accusatif de mots qui désignait la fleur mais également «la partie la plus fine de quelque chose», signification de laquelle a découlé les différents sens «partie la meilleure» de l'âge, «partie supérieure» du corps - la peau. L'anglais ayant beaucoup emprunté au français du moyen age à l'époque de la conquête normade «flour» farine vient de la prononciation anglaise du mot fleur «partie la meilleure» du blé.
À la queu leu leu
Aujourd'hui l’expression signifie «l'un derrière l'autre».
Leu est la forme ancienne du mot loup (parfois lou). A la queue leu leu devrait donc se lire à la queue du loup le loup.
Au Moyen Age, les loups étaient très nombreux et se déplaçaient en bandes, souvent l'un derrière l'autre. Leur apparition était redoutée par la population.
A tour de rôle
À l'époque médiévale les édits étaient écrits sur des parchemins volumineux n'étant pas reliés mais roulés autour d'une tige de bois, d'où leur nom de volume (du verbe latin «volvo», je roule) ou leur nom de «rôle». Le «rôle» deviendra le registre sur lequel étaient inscrites dans l'ordre les affaires qui devaient passer devant un tribunal, chacune «à son tour de rôle».
A tout bout de champ
Sens : à chaque instant, sans cesse.
Le paysan devant labourer son champ, dans ses gestes quotidiens, devait attacher son cheval (ou ses boeufs) à sa charrue, se placer dans un coin et commencer le labourage en suivant la bordure de son terrain. Arrivé au bout, il devait faire demi-tour en décalant un peu et repartir en sens inverse.
Les champs, à l'époque médiévale, n'étant pas très longs, le paysan se retrouvait sans cesse obligé (à tout bout de champ) de changer son équipage de direction. C'est donc des suites de ce travail très répétitif qu'est née l'expression.
Au XIVe siècle, elle se disait "à chascun bout de champ" ; au XVIe, c'était "à tous bouts de champ".
Autant en emporte le vent
Rien ne restera, tout sera emporté. Ce proverbe mélancolique évoque l'aspect fugitif et dérisoire des choses humaines: amours, ambitions, désirs, tout est promis à disparaître, comme emporté par le vent. On trouve l’expression chez François Villon, qui en fait le refrain de l'une de ses Ballades. C’est aussi le titre français du célèbre film avec Clark Gable.
Avoir maille à partir
Avoir un différend, être en conflit, être en contestation avec quelqu'un.
La maille était une pièce de monnaie, la plus petite, qui existait au temps des Capétiens et, partir, signifiait partager. On ne pouvait donc pas partager cette pièce. Ceux qui devaient le faire finissaient toujours par se disputer. Aujourd'hui, l'homonymie entre maille (monnaie) et maille (tricot) et partir (partager) et partir (s'éloigner, s'en aller) a permis à l'expression de subsister.
Avoir un nom à coucher dehors
À l'époque médiévale, les personnes étaient jugées et classés dans les auberges selon leur nom. Les aubergistes de ce temps se fiaient sur celui-ci pour accomoder ou nom les clients. Ainsi, ceux qui avaient des noms de famille nobles pouvaient avoir accès à des chambres dans l'auberge alors que d'autres ne pouvaient pas. Ainsi selon son nom on pouvait refuser une personne d'où est née l'expression «avoir un nom à coucher dehors».
Avoir plusieurs cordes à son arc
Expression du XIIIe siècle où l'on n'avait, à l'époque, que deux cordes à son arc. Le sens de l'expression est : avoir plusieurs types de ressources, divers moyens d'action pour parvenir au résultat.
Avoir voix au chapitre
Être consulté, avoir le droit d'exprimer une opinion.
Le chapitre est l'assemblée des moines ou des chanoines lorsqu'ils se réunissent pour discuter de leurs affaires. Les moinillons, les serviteurs n'avaient pas voix au chapitre.
Battre sa coulpe
Battre sa coulpe signifie se repentir. Les pénitents manifestaient le remords qu'ils avaient de leurs fautes en se frappant la poitrine et en disant «mea culpa» car faute se dit culpa en latin.
Boire à tire-larigot
Sens : Boire comme un trou. L'expression peut avoir plusieurs acceptions, selon le sens donné au mot larigot :
- au sens de gosier : on boit " à tire-gosier ".
- la Rigault était le nom d’une des grosses cloches de la cathédrale de Rouen, perpétuant le patronyme de celui qui en avait fait don : son poids était tel, qu’il faisait tirer la langue aux sonneurs et asséchait leurs gosiers.
- L'arigot ou l’harigot, qui a donné larigot par agglutination de l'article, est une petite flûte semblable à un chalumeau (ou un flageolet), en latin fistula. Boire à tire-larigot signifierait, dans cette acception, boire sans s'arrêter dans la posture de quelqu'un qui jouerait de la flûte, sans quitter l'instrument des lèvres et en aspirant largement L'expression "flûter" signifie la même chose.
Chercher noise à quelqu'un
Quereller quelqu'un souvent pour peu de chose.
Noise signifiait jadis : querelle bruyante, dispute.
Aujourd'hui, le mot noise ne subsiste que dans cette expression.
A cheval donné on ne regarde pas la bride
Sens : «il faut toujours être content d'un cadeau reçu. On ne doit pas critiquer un cadeau, quand bien même aurait-il un défaut»
Si la date d'apparition de cette locution proverbiale n'est pas connue avec précision, elle remonte à loin, puisqu'en latin médiéval, on disait déjà la même chose sous la forme «non oportet equi dentes inspicere donati».
Rappelons qu'à cette époque, le cheval, principal moyen de locomotion, avait une importance capitale.
(voir le terme "ban"proclamation, défense ou ordre du seigneur)
S'adresser à tous ceux dont on espère l'aide. On publie encore le ban dans les églises pour un mariage.
Une cotte mal taillée
Estimation approximative, compromis qui ne satisfait personne.
La cotte (qui s'écrivit longtemps cote) était au Moyen Âge une tunique qui, si elle était mal taillée, ne convenait à personne.
La cote est un impôt de la fin du Moyen Âge. Lorsqu’elle était taillée, elle signifiait établie, répartie entre les contribuables.
Un coup de Jarnac
Sens : Traîtrise, coup bas inattendu.
Lors d'un duel entre Guy Chabot, comte de Jarnac, et François de Vivonne favori du roi Henri II, Jarnac entailla inopinément et traîtreusement le jarret de son adversaire. Le roi pardonna au comte, car celui-ci avait tout de même préservé la vie de Vivonne. Ce dernier, rageur et honteux, arracha les bandages protégeant sa blessure et en mourut trois jours plus tard.
La Cour des Miracles
La Cour des Miracles était située dans le quartier des Halles à Paris. Ce n’est que sous Louis XIV que la police en viendra à bout. Repaire des brigands, des faux estropiés qui mendiaient dans les rues, elle doit son nom à la magie qui le soir faisait retrouver aux infirmes l’usage de leurs membres.
Crier haro sur quelqu'un
Crier haro sur quelqu'un signifie manifester énergiquement sa réprobation, l'accuser et réclamer un châtiment pour la personne en question. «Haro! Haro!» était le cri que l'on entendait lorsqu'un badaud se faisait couper sa bourse ou un chevalier arracher son manteau.
Croiser le fer
Sens : se battre à l'épée. En vieux français, 'fer' (venu du latin 'ferrum') désigne d'abord une épée, avant, à la fin du XIe siècle, de désigner le métal lui-même.
Croquer marmot
Sens moderne : Attendre, faire le poireau en se morfondant.
Sens ancien : Croquer voulait dire «frapper». Et croquer le marmot signifiait cogner avec impatience le heurtoir de la porte. Alors cela n'a rien à voir avec un Ogre qui voudrait manger un petit enfant (croquer un marmot) où une marmotte qui serait fort difficile à croquer je l'avoue
Découvrir le pot aux roses
Sens : découvrir le fin mot de l'histoire, le secret, la réalité cachée.
Expression très ancienne dont on ne connaît pas la véritable origine.
Soit pot à fard à joues : le trouver suppose qu'on connaisse bien la femme qui le possède et qu'elle n'ait plus de secret à cacher.
Soit essence de rose - produit rare et précieux dont les parfumeurs auraient soigneusement dissimulé les procédés de fabrication. Le pot aux roses serait l'appareil permettant de distiller ce parfum de luxe.
Soit une poudre produite par les alchimistes au cours de l'une de leurs opérations. Ici, le pot aux roses serait la cornue alchimique, objet bien caché s'il en fut.
D'estoc et de taille
Sens : De la pointe (estoc) ou du tranchant (taille ou taillant), c’est-à-dire en se battant.
Frapper d'estoc et de taille signifiait donc se battre avec acharnement, en portant tous les coups possibles. En moyen français, l’expression fut utilisée de manière imagée, parfois en dehors de tout contexte belliqueux, pour dire de quelque manière que ce soit, par tous les moyens.
Dindon de la farce (être le)
Dans les farces, (petits intermèdes comiques joués sur le parvis des églises), les pères, nobles, étaient appelés dindons parce qu'ils étaient toujours battus, volés ou raillés.
Dieu reconnaîtra les siens
Lors de la croisade contre les cathares, des hérétiques du sud de la France, le légat du pape Arnaud Amaury se présente devant Béziers le 22 juillet 1209. L'assaut est donné par l’armée. La ville tombe et Arnaud Amaury commande à ses hommes, qui ne savaient comment reconnaître les bons chrétiens des hérétiques : «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !»
Mot historique devenu proverbe, on l’emploie chaque fois qu'un châtiment frappe indifféremment innocents et coupables.
Élevé sur le pavois
Sens : mettre sur le trône, désigner comme roi et au sens figuré, mettre en honneur, faire grand cas de quelque chose.
Allusion aux Francs qui avaient coutume, après avoir choisi leurs rois, de les porter en triomphe sur de larges boucliers, appelés pavois.
Pavois vient de Pavie, en Italie, ville où auraient été fabriqués les premiers de ces boucliers.
Entrer en lice
Sens : s'apprêter à combattre, s’engager dans une compétition, intervenir dans un débat.
Les lices étaient les espaces clos où avaient lieu les tournois à proximité des châteaux. La cour intérieure de ceux-ci était souvent exiguë et toujours encombrée de petits bâtiments: écuries, chenil, four, puits...
Espèces sonnantes et trébuchantes
Au Moyen Âge, l'aloi était la proportion d'or ou d'argent contenue dans une pièce de monnaie. Aujourd’hui, de bon ou de mauvais aloi signifie de bonne ou de mauvaise qualité.
Lorsqu’elles sonnaient, elles étaient de bon aloi car elles rendaient un son vif et plaisant; trébuchantes, parce qu'on pouvait en vérifier le poids à l'aide d'une petite balance encore appelée trébuchet.
Etre à la merci de
Sens : être au pouvoir de quelqu'un de telle manière qu'il soit libre de vous accorder sa grâce ou de vous la refuser.
Au Moyen Age, merci signifiait " grâce, pitié " de là les expressions - Crier, demander merci - le chevalier vaincu reconnaissait sa défaite et implorait la pitié du vainqueur.
Être grand clerc
Sens : être très savant, lettré.
Les membres du clergé étaient les seuls, ou presque, à posséder le savoir. Ils consultaient les manuscrits conservés dans les monastères. Les écoles se trouvaient dans les abbayes et pour s’instruire, il fallait bien souvent entrer dans les ordres.
Beaucoup de clercs se mariaient et n'entretenaient avec l’Église que des rapports lointains. Ils portaient la tonsure, signe de leur état.
Au XVIIe siècle, le mot clerc se teinte d’ironie, et l'expression être grand clerc signifie : un homme qui fait le savant.
Être sur la sellette
Sens : être exposé au jugement d’autrui, à la critique ou se trouver en position délicate.
La sellette était un petit siège qui servait, au XIIIe siècle, à faire asseoir les accusés pour les interroger longuement. Elle était volontairement basse pour que les juges du tribunal puissent dominer ceux qu’ils allaient tenter de faire parler. Son usage fut aboli après la Révolution mais l’expression "être sur la sellette" signifie toujours "être exposé à la critique, au jugement".
Faire amende honorable
Sens : présenter ses excuses, reconnaître qu'on a eu tort.
Au Moyen Âge, à l'époque où peu de gens savaient écrire tout entente se joue sur la parole donnée, sur l'honneur engagé, bref la réputation. Ainsi celui qui commet un crime, manque à sa parole envers son Dieu, son pays, son roi, doit rétablir son honneur en tout premier lieu en amendant celle-ci. Amende honorable prends donc sens de laver son nom en avouant la vérité et demandant pardon à tous. Une faute avouée étant à moitié pardonnée, l'amende honorable pouvait être accompagnée de châtiments publics afin qu’ils servent d'exemples. Les hérétiques ou ceux qui étaient accusés de sorcellerie, étaient condamnés à reconnaître solennellement leurs fautes «faire amende honorable» avant d'être brulé vif. Avec le temps laver son honneur devint moins à la mode et on ne conserva que l'amende moins honorable, c'est à dire celle en $$.
Faire bonne chière
Sens : bien manger.
En ancien français, chière désignait le visage. Faire bonne chière signifiait donc faire bonne mine à quelqu'un, l'accueillir aimablement.
Faire des gorges chaudes
Sens : se moquer méchamment, avec joie et devant beaucoup de gens.
Au Moyen Âge, les gorges chaudes étaient les petits animaux (souris, mulots) que l'on donnait vivants à l'oiseau de proie.
Faire grève
Sens : Cesser volontairement le travail pour obtenir des avantages.
A Paris, les ouvriers sans travail se réunissaient sur la place de Grève, le long de la Seine et attendaient une éventuelle offre d’embauche.
Faire la nique à
Sens : se moquer de quelqu’un, le narguer.
Au Moyen Âge, nique indiquait un signe de mépris qui consistait à lever le nez en l'air avec impertinence.
S'en fouter comme en l'an quarante
Sens : Considérer une chose ou un événement comme sans importance et en sourire.
Cette expression tire probablement son origine d'une expression utilisée depuis les Croisades : «S'en moquer comme de l'Alcoran (le Coran)».
Autre explication, la fin du monde aurait été prévue pour l'an 1040. Cette date fatale passée, les gens ne firent qu'en rire et se moquèrent de leurs anciennes angoisses.
Faire le Jacques
Sens : se conduire stupidement, faire l'idiot.
Jacques était le nom donné à l’idiot du village et Jacques Bonhomme, celui du paysan, considéré traditionnellement comme lourd et nigaud. L’expression fait donc aussi allusion à la prétendue bêtise des paysans. Ne dit-t-on pas en anglais d'un pauvre d'esprit qu.il est un Jack ass.
Faire Ripaille
Sens : faire bonne chère, mener joyeuse vie.
Avant de devenir pape en 1439, le duc de Savoie Amédée VIII s'était retiré au prieuré de Ripaille pour se faire ermite. Lui et ceux des seigneurs de sa cour qui l'avaient suivi n'avaient d'ermite que le nom, car ils négligèrent complètement, pendant tout le temps de leur résidence, de se livrer aux austérités du cloître. Tous ceux qui étaient admis dans ce séjour de plaisirs, disent les biographes, étaient logés avec magnificence ; les mets les plus exquis couvraient leur table : ils vivaient plus en honnêtes épicuriens qu'en véritables ermites. Ils portaient néanmoins ce nom, parce qu'ils avaient exclu les femmes de leur société et qu'ils laissaient croître leur barbe comme les capucins. Leur habit était moins rude que celui de ces religieux ; c'était un drap gris très-fin, un bonnet d'écarlate, une ceinture d'or et une croix au cou de la même matière. Amédée jouissait d'un repos voluptueux dans cette maison de délices et de mets princiers faisant ainsi bombance et bonne ripaille.
Le for intérieur
Le forum désignait la place publique. Au Moyen Âge, le mot pris le sens technique de juridiction et surtout juridiction ecclésiastique (pouvoirs de l'Église, en matière de justice, et leur étendue.) On distinguait le for intérieur (l’Église pouvait sanctionner les fautes commises par le biais de la confession et des pénitences), du for extérieur (toutes les affaires touchant à la religion, de près ou de loin, étaient jugées par des tribunaux ecclésiastiques). La distinction changea peu à peu de sens avec les siècles : for intérieur étant notre conscience qui nous juge, le for extérieur, les institutions, juges et tribunaux.
Gagner ses éperons
Sens : obtenir une situation plus élevée, prendre du galon.
Lors de son adoubement, le nouveau chevalier recevait les armes, signes de son état : l'épée et les éperons symboles de son rôle de guide et de chef. Cette expression sera revamper avec le temps et on dira comme dans la chanson il a gagné ses épaulettes.
Graisser la patte
Sens : donner illégalement de l'argent à quelqu'un pour obtenir quelque chose.
L'habit ne fait pas le moine
Un des plus anciens proverbes de la langue française.
Sens : il ne faut pas se fier aux apparences qui sont souvent trompeuses.
Les gens du Moyen Âge avaient horreur du mensonge et de l'hypocrisie. Chacun devait avoir l'air de ce qu'il était vraiment. Les costumes indiquaient de façon précise le rang social de chacun. Les femmes ne pouvaient porter des vêtements d'homme, vice et versa.
Jeter aux oubliettes
Les oubliettes étaient les cachots souvent aménagés dans le sous-sol des donjons. Les seigneurs peu scrupuleux oubliaient parfois ceux dont ils voulaient se débarrasser.
Aujourd’hui, on jette aux oubliettes les projets de réformes ou les bonnes résolutions qui ne voient jamais le jour.
Jeter le gant
Au Moyen Âge, le gant avait une forte valeur symbolique. Il représentait le seigneur lui-même et son pouvoir. Le vassal remettait en signe d'hommage son gant droit à son suzerain. Un chevalier qui en défiait un autre au combat lui jetait son gant. Le relever signifiait que l'on acceptait de se battre. Aujourd'hui, l'expression signifie lancer, accepter un défi.
Jugement de Dieu
Au Moyen Age, quand les lois n'étaient pas toujours claires, les juges pas toujours intègres et les moyens d'exécution pas toujours efficaces, on s'en remettait souvent au «Jugement de Dieu».
L'accusé pouvait, par exemple être tenu de tremper la main dans l'huile bouillante en jurant qu'il était innocent, tout en devant la ressortir intacte. Ou encore, les parties pouvaient régler leur différend dans un combat à la lance ou en chevalerie. Dieu alors était supposé prendre fait et cause pour la justice et faire triompher celui qui avait raison.
Jurer comme un templier ou comme un charretier
Sacrer comme un charretier ou comme un templier.
L'ordre des Templiers fut fondé au XIIe siècle pour assurer la garde des lieux saints et la protection des pèlerins. Les chevaliers du Temple étaient des moines-soldats. Néanmoins, les mœurs militaires semblent l'avoir emporté sur les vertus monastiques.
L'ordre des Templiers devint aux XIIIe et XlVe siècles si riche et si puissant qu'il suscita bien des jalousies. En particulier celle du roi Philippe le Bel, qui fit abolir et disperser l'ordre.
Laid comme les sept péchés capitaux
Les sept péchés capitaux sont l'orgueil, l'avarice, l'envie, la gourmandise, la luxure, la colère et la paresse ainsi nommés parce que sources de tous les autres péchés. Ils étaient souvent représentés par des figures contrefaites sur les murs des cathédrales.
Mainmorte. Ne pas y aller de mainmorte
Sens moderne : agir avec brutalité, (sens abstrait) exagérer
Le terme «main» avait à l'époque médiévale le sens de propriété. On connaît bien le sens des expressions «passer de main à main», «mettre la main sur ...». Il y a mainmorte, lorsqu'il y a décès. À l'époque médiévale le seigneur jouissait du droit de s'emparer de la succession d'un serf à sa mort. Généralement, le seigneur prenait une partie de l'héritage et renonçait au reste moyennant le versement du droit de mainmorte par les héritiers. Il s'agissait notamment d'empêcher les biens de revenir à des héritiers extérieurs à la seigneurie. Lors du décès des serf probablement que les seigneurs exagéraient sur les droits de succession d'où l'expression que l'on connait aujourd'hui.
Malin comme un singe
Au Moyen Âge, malin signifiait «mauvais, méchant», c'était, comme aujourd'hui encore, un des noms du diable. Le singe que l'on trouvait très laid passait pour un animal diabolique. Vers la fin du XVIIIe siècle, l'adjectif malin prit le sens que nous lui connaissons : astucieux, futé, réhabilitant ainsi les pauvres singes.
Méchant garnement
A l'origine, garnement signifie tout ce qui peut offrir une protection : vêtement, équipement et même forteresse. A la fin du Moyen Âge, le mot évolue dans le sens de souteneur. Aujourd'hui, de mauvais garçon, le garnement désigne maintenant un enfant, un adolescent.
Mettre flamberge au vent
Invitation ironique à tirer l'épée et à se jeter dans la bataille sans réfléchir. À l'époque des chansons de geste, il y avait quatre vaillants chevaliers : les Quatre Fils Aymon. L'aîné des quatre frères s'appelait Renaud de Montauban. Il possédait une épée prestigieuse, Froberge, aussi redoutable que Durandal, celle de Roland. Au cours des siècles, le nom de Froberge devint un nom commun et s'altéra en flamberge, sans doute sous l'influence des mots flamme, flamboyer, etc. L'expression n'est plus utilisée aujourd'hui qu'ironiquement principalement pour se moquer des démonstrations spectaculaires d'héroïsme.
Mettre (ou marcher) en rang d'oignons
Sens : plusieurs personnes qui sont rangées sur une même ligne.
Le dernier baron de la Fontaine, Artus de son prénom, baron d'Ognon et seigneur de Vaumoise, parent du célèbre fabuliste et grand maître des cérémonies sous les règnes d'Henri II, François 1er, Charles IX et Henri III, était très minutieux en matière de cérémonial. Il prescrivait en toute occasion une extrême observation de la hiérarchie, chacun devant se placer l'un après l'autre suivant un ordre préétabli à respecter absolument.
Mettre la table
Expression quotidienne qui nous est familière mais incorrecte. Il faudrait dire «mettre le couvert», puisque nos tables ne voyagent plus dans la maison. Au Moyen Âge, les pièces n'avaient pas, comme aujourd'hui, des fonctions très distinctes et la même salle pouvait servir de pièce commune, de salle à manger et de chambre. Aussi, le plus souvent, on " mettait la table " à l'heure des repas, c'est-à-dire que l'on apportait une grande planche et des tréteaux. D'où l'usage, chez les seigneurs, de belles nappes destinées à cacher la pauvreté du mobilier.
Mettre sa main au feu
Affirmer énergiquement quelque chose, au point d'y risquer sa main rappelant les lointains jugements de Dieu de l'époque médiévale. Lorsqu'un accusé ne pouvait faire la preuve de son innocence, il pouvait être plongé dans l'eau, pieds et poings liés. S'il surnageait, c'était que l'eau - élément pur et béni de Dieu - le rejetait. S'il coulait comme une pierre, il était innocent... mais parfois noyé! On pouvait également lui plonger la main dans l'eau bouillante, ou le faire saisir un fer rouge. Innocent, Dieu le protégeait et il sortait indemne de l'épreuve. Le plus souvent, il suffisait que la victime guérisse vite ou survive quelques jours pour qu'elle soit - un peu tard! - innocentée.
Mettre sur son Trente et un (Se)
Corruption du mot « trentain », (toute série de trente). Le trentain était aussi une sorte de drap très raffiné, composé de trente fois cent fils, destiné aux vêtements de luxe. « Se mettre sur », signifiant « mettre sur soi », mettre son trentain consistait à se vêtir de ses plus beaux habits.
Mi-figue mi-raisin
D'un air à la fois satisfait et mécontent ou à la fois sérieux et plaisant. A l'origine, il devait s'agir de "mêlé de bon et de mauvais".
Monter sur ses grands chevaux
Se mettre en colère et parler avec autorité, prétention. C'et être prêt à se faire faire raison avec l'épée et la lance.
Obole (faire l')
Sens moderne : Aujourd'hui «faire l'obole» a le sens de faire une petite offrande, donner une modeste somme d'argent.
Sens médiéval : L'obole est en fait une ancienne monnaie française du XIIIe siècle qui valait un demi denier. Comme l'obole était le prix pour une ration de pain (demi denrée), on avait pris l'habitude chez les gueux pour demander la charité, de demander l'obole, bref on demandait de quoi se payer sa ration de pain quotidien.
Une autre paire de manche
sens : C'est une autre affaire.
Au Moyen Âge, les manches des vêtements n'étaient pas cousues de manière définitive, mais simplement ajustées au dernier moment. Les dames pouvaient, en signe d'attachement, remettre leur manche à leur chevalier qui l'arborait alors à sa lance ou à son écu lors des tournois.
Ce gage amoureux est devenu symbole d'engagement au point qu'on en ait oublié son origine aristocratique et galante.
Partir en croisade
Le Moyen Âge a vu de nombreuses croisades, les départs furent presque ininterrompus pendant plus de deux siècles. Une foule immense, composées de chevaliers et d'hommes de guerre, d'artisans, de paysans, de moines et de pèlerins de toutes conditions se mirent en route, poussées par la foi et l'enthousiasme. Parfois aussi par l'attrait du pillage! Aujourd'hui, ceux qui partent en croisade n'ont plus à parcourir des milliers de kilomètres. Mais il leur faut souvent beaucoup de courage pour se lancer dans des luttes difficiles en faveur de causes justes. Les journaux parlent ainsi souvent, d'une manière à peine imagée, de croisades contre la drogue ou contre la misère.
Payer en monnaie de singe
Jadis, le pont qui relie l'île de la Cité à la rue Saint-Jacques, dit Petit Pont (il porte encore ce nom aujourd'hui), était payant. Mais les jongleurs qui exhibaient des singes savants étaient dispensés du péage de 4 deniers, à condition qu'ils fassent leur numéro devant le péager. Aujourd'hui, payer en monnaie de singe (on dit aussi payer en gambades) signifie payer en plaisanteries et grimaces, payer de paroles, voire en fausse monnaie. La réputation du singe, habile imitateur de l'homme, n'est sans doute pas étrangère à ce dernier sens.
Pays de cocagne
L'ordinaire des repas au Moyen Âge se compose souvent de pain, de légumes. Même le porc reste un luxe réservé aux grandes occasions. Seuls les seigneurs et les bourgeois goûtent aux viandes rôties, aux plats en sauce richement épicés, aux sucreries. Le pays dénommé Cocagne était celui où chacun aurait eu de tout en abondance.
Pile ou face
Sous le règne de Saint-Louis, on comptait encore dans le royaume plus de quatre-vingts seigneurs particuliers qui avaient le droit de battre monnaie. Mais il n'y avait que le roi qui eut le droit de faire frapper des pièces d'or ou d'argent. Sur l'une des faces de la monnaie royale, il y avait une croix, et sur l'autre, des piliers, ce qui a fait que, longtemps, les côtés des monnaies se sont nommées croix ou pile. Par la suite, les rois français décidèrent de faire figurer leur propre face à la place de la croix, et leurs armes et la valeur de la pièce de l'autre. Mais le mot pile est resté pour un côté et face pour l'autre.
Pleuvoir des hallebardes
L'expression, à défaut d'eau, a fait couler beaucoup d'encre! On croyait jadis que la forme et la trajectoire de grosses gouttes de pluie avaient pu évoquer ces longues armes de la fin du Moyen Âge que sont les hallebardes. Il existe cependant une autre piste, plus savante. Au XVIe siècle, en argot, le mot «lance» désignait l'eau. De la lance à la hallebarde, il n'y avait qu'un pas qui fut peut-être franchi, un jour de pluie, par un pertuisanier facétieux.
La poire d'Angoisse
L'objet était à l'origine une poire de fer que l'on introduisait dans la bouche d'un prisonnier pour l'empêcher de parler. Mais cette sorte de bâillon, qui maintenait très écartées les mâchoires de la victime, était en fait un véritable instrument de torture et les malheureux étaient donc forcés d'obéir s'ils voulaient être délivrés et ne pas mourir de faim. De nos jours, heureusement, les poires d'angoisse ne sont plus utilisées que sous la forme d'image pour désigner de vives contrariétés.
La pomme d'Adam
Adam ne put résister à la tentation et mordit goulûment dans le fruit de l'Arbre du Bien et du Mal. Un morceau lui en resta en travers du gosier, et l'on peut encore le voir aujourd'hui chez tous ses descendants : c'est la pomme d'Adam, appelée de nos jours saillie du cartilage thyroïde.
Pousser des cris de Mélusine
Mélusine, comme toutes les fées, était d'une rare beauté, mais avait été condamnée, à la suite d'une terrible malédiction, à se transformer en serpente tous les samedis. Elle voulut néanmoins vivre la vie et les bonheurs d'une simple mortelle et pour cela offrit sa main à Raimondin, un jeune chevalier du Poitou. A ce mariage, la fée ne posa qu'une condition: jamais son époux ne chercherait à la voir le samedi. Raimondin consentit à tout et le mariage fut célébré. Très vite, Mélusine apporta à son mari une immense prospérité, elle fit construire de superbes châteaux et lui donna dix fils. Tout allait pour le mieux entre les époux, bien qu'après de nombreuses années l'inévitable se fût produit. Poussé par la curiosité, Raimondin avait épié sa femme et surpris son secret. Mais il avait gardé le silence et Mélusine feignait d'ignorer son indiscrétion. Or, un jour, un des fils de Mélusine et de Raimondin, Fromont, voulut devenir moine. Cette décision rendit furieux son frère Geoffroi à la Grande Dent (ainsi nommé car l'une de ses dents était démesurée, le faisant ressembler à un sanglier). Il mit le feu au monastère, faisant ainsi périr Fromont et de très nombreux moines. La douleur de Raimondin n'eut d'égale que sa colère. Quand Mélusine apparut dans la grande salle du donjon, en larmes, devant tous leurs vassaux, il la traita de sale serpente, de qui rien ne pouvait sortir que de mauvais. L'interdit était violé. Dans la consternation générale, la fée reprit aussitôt sa forme surnaturelle et disparut en poussant des cris lamentables. Elle ne revint jamais. Mais à Lusignan, dans le Poitou, on raconte qu'à chaque fois qu'un malheur allait frapper sa famille, Mélusine l'annonçait par ses cris. Des cris de Mélusine sont donc des cris perçants, semblables à ceux que pousse la fée quand elle revient hanter son château.
Prendre des vessies pour des lanternes
Quoique de forme voisine, une lanterne et une vessie sont néanmoins des objets fort différents et les confondre est depuis longtemps considéré comme la pire des méprises. (Les vessies dont il est question ici sont des vessies de porc: gonflées d'air, elles pouvaient servir de ballons ou bien, vides, de sacs étanches.) L'expression est ancienne, puisqu'on la trouve dès le XIIIe siècle. Il s'agissait d'un calembour : en ancien français, vessie et lanterne avaient à peu près le même sens figuré : une lanterne était un conte à dormir debout et une vessie une chose creuse, une bagatelle. La sottise de celui qui prend des vessies pour des lanternes n'est donc pas de confondre deux objets très différents, mais d'accepter une ânerie plutôt qu'une autre !
Promettre monts et merveilles
Faire des promesses mirifiques. Au cours du temps, on a dit aussi promettre la lune, chiens et oiseaux, plus de beurre que de pain... L'origine de cette expression n'est pas anecdotique. Aucun conquérant n'a jamais promis à ses troupes de merveilleux royaumes au-delà des monts. Comme le fit le général carthaginois Hannibal, qui fit espérer à ses soldats, du haut des Alpes, la possession de Rome. On disait, au Moyen Âge, de quelqu'un qui promettait monts et merveilles, qu'il promettait les monts et les vaux (c'est-à-dire les vallées). Dans la suite des temps, par un goût pour la répétition, typique de l'ancien français, l'image a été oubliée et les merveilles ont pris la place des vaux, renforçant ainsi le sens du mot mont, au lieu de le compléter comme précédemment. L'ancien français adorait ces couples de mots, de sonorités voisines et de sens proches. Curieusement, beaucoup nous sont parvenus: bel et bien, sain et sauf, sans foi ni loi, sans feu ni lieu, tout feu tout flamme...
Qui va à la chasse perd sa place
La «chasse» est un point particulier (forme de gagne-terrain) du jeu de paume. Lorsque cette chasse est obtenue les joueurs changent de côté. Le joueur au service, «perd la place» qui lui était favorable. L'origine de cette expression ayant été oubliée, elle a pris par la suite le sens qu'on lui connait.[Wikipedia]
rang d'oignons : voir mettre, ranger en....
Rester sur le carreau
Le sol d'un jeu de paume était autrefois constitué de carreaux, qui auraient donné le nom au sol même du jeu. L'expression "rester sur le carreau" est devenue symbole de la chute de l'adversaire. Soit qu'il tombe en voulant rattraper la balle, soit simplement qu'il perde la partie.
Revenons à nos moutons
Expression que l'on utilise lorsqu'on souhaite ramener au vif du sujet une conversation qui s'égare.
L'expression est empruntée à la Farce de Maître Pathelin, une comédie du XVe siècle qui connut un très grand succès.
Ripaille (faire)
L’expression « faire la ripaille chez quelqu'un », d'abord appliquée aux soldats qui vont manger et s'approvisionner chez les paysans et les bourgeois, exprime l'idée de « racler les plats » ; le terme ripaille, dans cette acception, dériverait du verbe « riper », « gratter ».
L’expression, au sens de « faire bonne chère » aurait pour origine le château de Ripaille (Hte-Savoie) où le duc Amédée VIII [1383-1451, (pape en Avignon de 1439 à 1449 sous le nom de Félix V)], La locution est couramment attribuée à Voltaire, qui ironisait sur la vie austère qu’y mena le duc qui, après avoir y fait bombance, y fit retraite avec six anciens compagnons d’armes.
Rompre une lance
Dans les tournois médiévaux, les combattants s'affrontaient à la lance, chacun cherchant à désarçonner son adversaire. Celui qui résistait au choc et brisait contre son écu la lance ennemie marquait un point. Rompre une lance (on dit aussi rompre des lances) avec quelqu'un signifie donc lutter contre lui, l'affronter dans une joute (encore un mot du Moyen Age!), de nos jours souvent purement oratoire.
Revenons la paille
Rompre un marché, un accord, se brouiller avec quelqu'un. L'expression est issue du droit féodal et rappelle une coutume très ancienne. Quand un suzerain cédait une terre, ou que quelqu'un vendait un bien quelconque, le vassal ou l'acheteur recevait un fétu de paille en signe de l'accord conclu. La rupture du gage symbolisait celle de l'accord, et le mécontent rompait alors la paille comme il déchire aujourd'hui le contrat.
Ronger son frein
Sens : réprimer le dépit que l'on éprouve, contenir avec peine son impatience.
Le cheval, lorsqu’il est forcé de se reposer, alors qu’il trépigne d’impatience, ronge son frein, qui est ce qu’on appelle aujourd’hui le mors. L'expression, qui date du XIIe siècle, a sans doute été comprise aussi longtemps que le cheval a joué un rôle important dans la vie quotidienne. Puis, le mot mors ayant supplanté le mot frein dans l'usage courant, on ne perçut plus de l'expression que son sens figuré.
Roue de fortune
Symbole de la destinée humaine, on représentait en effet la Fortune sous les traits d'une déesse actionnant une roue. Tout en haut de la roue, siègent les rois et les puissants du jour. Tout en bas, les mendiants sont précipités dans le vide. Entre, ceux à qui le destin est favorable s'élèvent peu à peu, tandis que de l'autre côté tombent les malchanceux en disgrâce. Cette image figure très souvent dans les enluminures des manuscrits. Beaucoup de chansons médiévales y font allusion. L'expression «la roue tourne» fait allusion aux vicissitudes de la vie et aux échecs qui suivent parfois les grands succès. C'est d'ailleurs le nom d'une association destinée à venir en aide aux artistes oubliés du public.
Sans aveu
Se dit d’un homme sans moralité. Le mot aveu vient du droit féodal, où il désigne la reconnaissance d’une vassalité. Pendant la cérémonie de l’hommage, le vassal prêtait serment de fidélité à son suzerain. Peu après, il déclarait par écrit quels biens et quels fiefs il avait reçus. L’aveu scellait donc l’alliance entre les deux seigneurs. Or, un individu sans aveu n’est reconnu par personne. On peut l’imaginer en dehors de toutes les règles, sociales et morales, capable de tout. A utiliser si l’on veut traiter quelqu’un de crapule en des termes choisis.
Sentir le fagot
Jadis, les hérétiques ou ceux qu’on soupçonnait de sorcellerie étaient brûlés vifs. Sentir le fagot signifie donc être promis au bûcher pour des actions ou des opinions contraires à la doctrine de l’Église. Aujourd’hui, le parfum du fagot ne flotte plus qu’autour de ceux qui inspirent une certaine méfiance. A moins que cela ne sente vraiment très fort le roussi…
Taillable et corvéable à merci
Au Moyen Âge, la condition des serfs était très dure. Les charges qui pesaient sur eux, quoique variables selon le siècle, la région et le seigneur, étaient le plus souvent lourdes. Parmi elles figuraient la taille, impôt exigé par le seigneur, et les corvées, travaux que les serfs réquisitionnés devaient effectuer gratuitement pour le compte de leur maître. Aujourd’hui, on dit de quelqu’un qu’il est taillable et corvéable à merci si, comme le serf du Moyen Âge, il est sans recours bon pour toutes les corvées.
Tenir le haut du pavé
Occuper une place de choix dans la société. Jadis, il n’y avait pas de trottoirs et les rues étaient légèrement en pente pour que les eaux sales puissent s’écouler au milieu. Les passants qui marchaient près de ce ruisseau risquaient toujours de se salir ou d’être éclaboussés jusqu’aux mollets. C’est pourquoi on laissait par politesse la meilleure place, le long des maisons, aux personnes de qualité. Le privilège n’était pas négligeable car, jusqu’à la fin du XIXe siècle, toute promenade en ville, surtout par temps de pluie, tournait à l’expédition.
Tomber à quenouille
Au Moyen Âge, les femmes n’étaient pas exclues de la propriété. Elles pouvaient en particulier hériter de biens, mais elles se contentaient le plus souvent de les transmettre à leur époux sans les gérer elles-mêmes. Le suzerain se réservait même jalousement le droit de marier à son gré les héritières de ses vassaux, quand elles étaient orphelines. Il était donc assez rare qu’une femme puisse rester indépendante et s’occuper elle-même des biens dont elle avait hérité et que l’on disait «tombés en quenouille». La quenouille, qui servait à filer, étant l’instrument féminin par excellence. Et comme les femmes passaient pour être de piètres gestionnaires, «tomber en quenouille» ne tarda pas à signifier «tomber à l’abandon, cesser d’être utilisé».
Travail de Bénédictin
Cette expression, qui désigne un énorme travail intellectuel, fait référence aux gros ouvrages d’érudition écrits par les moines bénédictins de Saint-Maur au… XIXe siècle. On pense immédiatement aux moines du Moyen Âge qui ont pendant des siècles, dans l’endroit des monastères appelé «scriptorium», recopié et enluminé tant de manuscrits. Ils étaient eux aussi bénédictins (on les appelait souvent moines noirs, de la couleur de leur robe) et leur travail a permis aux grandes oeuvres de l’Antiquité de parvenir jusqu’à nous.
Travail au noir
Au Moyen Âge, les associations de métier réglementaient le travail en exigeant qu’il ne soit effectué qu’à la lumière du jour. Or, certains maîtres, pour augmenter le rendement de leurs ouvriers, les faisaient travailler à la chandelle, une fois la nuit tombée, ce qui était interdit par les règles. D’où l’expression «travailler au noir» pour signifier travailler de façon illicite.
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à consulter : DICTIONNAIRE FÉODAL
Extraits de : LES DROITS DU SEIGNEUR SOUS LA FEODALITÉ PEUPLE ET NOBLESSE
– Auteur CH. FELLENS Paru en 1880 – Paris S. Lambert & Cie, Éditeurs, 125 rue Montmartre
Documents d’archives et
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