La vie paroissiale 1 [à Thorigny-sur-Oreuse, autrefois]
La vie paroissiale 2 [à Saint-Martin-sur-Oreuse, autrefois]
La vie paroissiale 3 [au Plessis-Saint-Jean, autrefois]
Plessis-Saint-Jean - Auteur, Etienne Meunier
[Extraits du texte intégral disponible, soit sur les pages < le site de Plessis-Saint-Jean>, soit sur la page < Ensemble paroissial >(sans les têtes de chapitre)
Les origines du site
[...] au point haut du plateau qui sépare les vallées de notre Sénonais de celle de la Seine, cette ligne de crête s’élève doucement d’est en ouest.
A 160 mètres d’altitude, nous avons considéré le paysage comme étant suffisamment ample. On voit en effet Montereau, les bois du Montois, la forêt de Sourdun, le Gâtinais. Vers le midi, la vue est arrêtée par Chalopin qui nous masque Sens.
Un belvédère
Nul doute que le site ait retenu l’attention dans la première moitié du XIIe siècle du comte Thibault de Blois. Il a été à juste titre surnommé le Grand, non seulement par le fait qu’il cumule les comtés de Blois, Tours, Chartres, Sancerre, Meaux, Brie, Troyes, Bar-sur-Aube, mais aussi parce que sa politique économique favorise l’émergence des foires de Champagne. Provins et son extraordinaire développement est le fruit de son règne. Jaloux de son indépendance, il soutient les Anglais à qui il offre son frère Étienne comme roi.
Tout cela ne fait pas l’affaire du Roi de France cantonné dans le Sénonais, le Gâtinais et une fraction de la Brie. Profitant de l’assassinat de Miles de Montlhéry, le comte de Blois s’empare du Braitois en 1118. Thibault le Grand est souvent en guerre contre Louis VI. Mais la mise en péril des finances des protagonistes ralentit le rythme des combats. La lassitude n’a pas véritablement gagné les adversaires de quarante années.
La guerre a pris une dimension micropolienne*. [*à l’échelle des petits fiefs ou des villages ; note du translittérateur ]
Pour le comte de Blois, il faut protéger l’accès à sa ville de Bray. Elle confie ce rôle à la famille Léventé (alias Eventé). Présente à Bray, Couture et Gurcy, elle s’est loyalement ralliée à lui quand l’assassinat du sire de Bray l’a fait entrer en possession du Braitois. En 1118, Hugues Léventé a participé à la fondation de Preuilly.
Un plessis
Monter la garde sur une frontière militaire, même peu soumise aux grandes offensives, suppose un minimum d’installations.
Une palissade de bois protégée par des fossés permet de mettre à l’abri un fidèle du comte de Blois, d’autant que les combats sont sporadiques et limités à des contingents de rares professionnels peu courageux physiquement. Les « patrons » peuvent s’entre égorger ailleurs ! Ici, sur notre belvédère, il suffit d’afficher un pouvoir sur les paysans d’entre Oreuse et l’entrée de Bray, le chevalier présent à Sergines et celui logé au Mez. Un plessis prend place. Le lieu est cité en 1155.
Restons prudents. Le plessis a très bien pu reprendre une installation que nous imaginons assez bien surveillant en retrait la Seine, transformée en boulevard du crime par les Normands avides de profiter de nos richesses. Mais la guerre entre Thibault de Blois et Louis de Paris semble bien être à l’origine des nombreux plessis qui couvrent le plateau : le plessis du prénommé Otran (aujourd’hui Plessis du Mez), le plessis de la famille Gastebled (aujourd’hui Plessis-Gastebled), le plessis aux Chats, le plessis de la famille Maréchaux, etc.
Le nôtre sera donc le plessis de la famille Léventé : le Plessis aux Eventés. Remercions les « édiles » d’il y a sept cents ans d’avoir changé le nom du village, pour éviter toute confusion avec une image trop peu méditerranéenne de lieu venté : cela aurait chassé les promoteurs ...
Les habitants du village
En 1490 apparaît le premier villageois : Jean Pelletier laboureur au Plessis prend à bail du Prieur de Launay un bois de 22 arpents en friche. Faut-il incriminer notre intérêt récent pour le Plessis ou bien la réalité d’un établissement tardif d’une population auprès du château ?
A ce jour, la seconde hypothèse a notre référence.
Après 1490, le village qui émerge n’est qu’un rassemblement de laboureurs : Felyot Crousat en 1527 ; Claude Dollois en 1539 ; Claude Croisat en 1540 ; Jehan Hanard, Quentin Denisot, Gillet Varlot, Jehan Floreau, Loup Dolois, Gilet Denisot et Etienne Denisot en 1549 ; Jehan Serre et Jehan Saron en 1556.
Une poignée de vignerons (Jean Pelletier et Christophe Denisot en 1555) ne contrarient par la morne impression d’un village voué à la monoculture céréalière.
Ces patronymes se retrouvent sur tout le plateau, preuve que le Plessis est régi par son voisinage.
Rares sont les mentions d’autres activités. Elles sont toutes vouées au service direct des laboureurs : meunier pour moudre les farines, maréchal pour ferrer les chevaux, bourrelier pour les équiper. Le maçon ne s’éloigne pas de ce constat, puisqu’il loge les laboureurs et bâti leurs granges.
Ici le moulin est à vent. Cette énergie est beaucoup moins utilisée que l’eau. Les installations sont fragiles. On les repère sur les rebords de la vallée de l’Yonne (le courant est excessif et destructeur) et sur notre plateau.
En 1554 une terre du Plessis est située sur le lieudit le Vieil Molin. Il y a donc un changement d’emplacement.
En 1576 Jehan Maslard meunier à Plessis-Saint-Jean doit cent sous à Léonard Thibault époux de Jehanne Longuet pour vente de drap.
En 1699 Jean Petilla est meunier au Plessis-Saint-Jean. En 1677 Jacques de Bernard chevalier, seigneur de Champigny baille à Jean Petillard meunier au Plessis-Praslin le moulin à vent de La-Chapelle (-feu-Payen), à farine, avec une maison, pour 9 années. Il est l’aïeul de Bernard Petillat, artisan plombier de La-Chapelle-sur-Oreuse.
En 1540, le maréchal Felysot Croisat est propriétaire à Plessis-Saint-Jean. En 1555, il possède avec le maçon et un vigneron trois maisons près de l’église du Plessis sur un terrain que Martin Dolois, prêtre Plessis-Saint-Jean, avait loué en 1517.
Guillaume Gonfon est le maçon de 1555. Avec Léonard Dona maçon à Plessis-Saint-Jean en 1699, époux d’Edmée Dupuis, il dut contribuer aux excavations souterraines du village ayant permis l’extraction des blocs de craie nécessaires à l’édification des murs des bâtiments.
En 1806 Jacques-Denis-Vincent Bourdon, tonnelier au Plessis, âgé de 28 ans, est l’époux de Marie-Marguerite Lignon âgée de 25 ans.
En 1821, les frères Etienne-Eloy et Edme Prin sont bourreliers au Plessis.
Le marchand Claude Huot cité en 1583 et 1596 n’inverse pas l’impression de vacuité économique du village.
Les noms du village
La toponymie du village est particulièrement riche. Les formes s’enchaînent autour du mot "Plessis", mettant en avant les seigneurs ou un saint.
En 1438, on cite encore "Plessie messire Guillaume".
De 1527 à 1583, on évoque désormais "Saint-Jean du Plessis". La mise à l’honneur du saint peut tout autant viser les chevaliers de Malte détenteurs des dîmes du lieu que le saint auquel est dédiée l’église paroissiale. Dans les deux cas, il s’agit d’une rupture affective avec les seigneurs.
Par la suite, on inversera l’ordre pour choisir "Plessis-Saint-Jean" comme une inclusion du village au sein de la collection des autres plessis : Plessis-du-Mée, Plessis-Gastebled. En 1661, 1677, 1702 et 1789, l’usage de "Plessis-Pralin" signifie le retour de la présence seigneuriale, même modeste. Il est vrai que la famille de Choiseul-Praslin est un gage de puissant patronage.
I la voirie :
En 1438, le lieudit La Chaulme se situe derrière l’église du Plessis et tient au grand chemin royal. Cette furtive mention de grand axe ne permet pas d’en préciser les directions. S’agirait-il du grand chemin de Thorigny à Bray-sur-Seine ?
Un peu plus tard, on cite en 1569 une terre un Plessis tenant au chemin tendant de Cormon à Chevry, et en 1570 le "chemin tendant en Sorlon" passant par le lieudit "Les Boulans" au Plessis. Peu de choses en somme.
II Le hameau de la Garenne (1682) :
Le hameau de La Garenne ne nous est connu qu’à partir de 1682 et son nom évoque un terrain au statut juridique particulier : on n’est pas autorisé à élever le rongeur hors du clapier. Il est le prédateur honni de la paysannerie.
La Garenne a une relative consistance démographique : Fiacrette Rufmon, veuve de Rhemy Gasteau, âgée de 50 ans en 1682 ; Pierre Cheniot et son épouse Marie Laurent en 1696 ; Louis Huot laboureur époux d’Anne Gervais en 1731 ; Jehan Verlot vivant en 1753 veuf de Jeanne Verrot remarié en 1739 à Madeleine Noué ; le laboureur Edme Charpentier époux de Marguerite Boursier, qui tient en 1743 et 1744 la ferme de la Verrerie à Fleurigny ; le manœuvre Pierre Billot veuf de Marie Rondeau en 1754 ; le laboureur Mathurin Marault en 1762 ; feu le laboureur Edme Thibault époux de Marie-Louise Lavoisier en 1776 ; le manœuvre et ancien militaire Nicolas Maréchal en 1794, né à Hollard en 1722.
Bien entendu, le hameau pérenne et la pauvre voirie n’inversent pas l’impression propre au village : une activité centrée sur les céréales, à peine atténuée par un vigneron et d’épisodiques artisans.
La vie paroissiale
Plessis Saint Jean et la vie judiciaire
A quel ensemble de gestion appartient Plessis-Saint-Jean ?
Le cadre seigneuriale est discret. Il repose sur un receveur et des fermiers. En 1596 Nicolas Roland ancien fermier de la seigneurie, demeurant au château de Trape, cède à Claude Camus procureur au bailliage de Sens six écus quinze sols 106 bichets de froment et 22 d’avoine, dus par des particuliers de Plessis-Saint-Jean et Pailly.
Nous ignorons comment était structurée la vie judiciaire. Le Roi est présent au village à travers sa juridiction gracieuse, c’est-à- dire un embryon de notariat. Si le tabellion réside à Bray-sur-Seine, il dispose de substituts dans de nombreux villages au XVIe siècle. Dans le cas de Plessis-Saint-Jean, l’union prévaut avec Pailly. On connaît ainsi :
· en 1529 Guillaume Maraut substitut à Plessis Saint-Jean et Pailly en l’absence de Jehan (Gerbault ?)
· en 1554 Jehan Croisart substitut à Pailly et Plessis-Saint-Jean,
· 1564 Crousart substitut à Plessis-Saint-Jean et Pailly,
· en 1564 François Chorrey clerc substitut du tabellion de Bray juré à Plessis-Saint-Jean et Pailly,
· en 1580 Vinault substitut à Plessis-Saint-Jean,
· en 1593 Me Jannaire substitut au Plessis.
Le remplacement des substituts du tabellion par des notaires royaux sera fatal aux premiers qui disparaîtront totalement. Ainsi disparaît l’unique professionnel du secteur des services du village. Là encore, la modestie du tissu rural ne permet pas de faire émerger des notaires royaux comme dans la quasi-totalité des autres paroisses rurales : Sergines, Gisy, la Chapelle, Saint-Martin, Fleurigny, Thorigny, Voisines, Soucy, Granges, Saint-Maurice, la triade de Plessis-Gastebled - Sognes - la Louptière. Cet échec est partagée par quelques autres villages des plateaux céréaliers, comme Courceaux.
Plessis Saint Jean : l'église et l'école
L’église du village est dédiée à Saint-Jean. Dans le cadre des journées du Patrimoine ne de 1998, elle a accueilli une remarquable exposition et une série de conférenciers. Parmi les objets remarquables, nous observons surtout le blason de la famille du Plessis tel qu’il figure sur de nombreux sceaux. Il se décrit comme étant d’or à six fasces d’argent.
I Les dîmes :
Les dîmes sont à la part prélevée en nature sur les productions de tout ou partie du territoire paroissial. Principal l’église en principe l’église en êtes attributaires. Bien entendu les nouveaux produits, comme la pomme de terre, poseront un problème. Si le mot évoque le prélèvement du dixième (soit 10 %), on a plutôt dans les faits un 16e ou 18e (soit 6,5 - 5,55 %).
Les chevaliers de Saint-Jean possèdent les dîmes. En 1583, le receveur de Launay baillent à Claude Huot marchand à Saint-Jean-du-Plessis les dîmes sur les habitants du Plessis-Saint-Jean et Pailly pour trois ans et 51 écus.
En 1640 Pierre Launay et Jehan Driot laboureur à Barrault sont les fermiers des dîmes de vin de Plessis-Saint-Jean, Pailly et La-Borde appartenant au Grand Prieur. Ils s’associent avec Benis Bourgoin manœuvre à La-Borde pour le paiement de 120 livres et d’une feuillette de vin.
II L’école :
Nous avons démontré que la quasi-totalité des paroisses du nord-est Sénonais possède des recteurs des petites écoles aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Dans le cas de Plessis-Saint-Jean, le témoignage est tardif. En pluviôse an II, l’administration annule le marché passé entre la commune et Gouffé maître d’école.
III Les curés :
Nous connaissons :
· Léonard de Goyon,
· en 1747 Gibert,
· en 1765 Edme-Morice Hediard,
· en 1775 Barrin,
· Pierre-Nicolas Marquet. Il est jureur en 1791. En 1795, l’église clandestine l’identifie comme " religieux sécularisée... n’est nullement aimé et ne reçoit rien des habitants" dans cette cure de l’ancienne doyenné de Trainel et conférence de Sergines. Donc, après son serment d’allégeance aux autorités antichrétiennes, il a rendu ses lettres de prêtrise pour complaire aux révolutionnaires. Par contrecoup, la population ne le soutient plus. Toutefois, il est "réconcilié" le 1er mai 1795, c’est-à-dire pardonné et repris dans la structure ecclésiastique catholique et romaine. En 1803, âgé de 69 ans, il est toujours en poste,
· Gateau défroqué.
· en 1816, Pierre-Edme Jay (1791†1866), né à Avrolles,
· de 1826 à 1841 Etienne-Claude Hunot (1796†1862), né à Saint-Georges-sur-Beaulches,
· en 1845 Pierre Pegorier (1814†1884) né à Chely d’Aubrac (Rodez). En 1846, il n’a pas su quêter conformément aux mandement archiépiscopal pour indemniser les victimes d’incendies.,
· de 1894 à 1900 Siméon Lefranc (1823†1900), né à Saint-Martin-sur-Oreuse,
· en 1912 Montenoise.
[...]
Etienne Meunier
texte intégral disponible, soit sur les pages < le site de Plessis-Saint-Jean>
soit (sans les têtes de chapitre), sur la page < Ensemble paroissial>
Etienne Meunier, historien et généalogiste, a été distingué en obtenant le prix littéraire décerné par la fédération française de généalogie au cours de son congrès national, qui a tenu récemment ses assises à Marseille. Ce prix, remis sous la forme d'un trophée, récompense un ouvrage de valeur scientifique soumis à un cahier des charges se rapporte à « 32 monographies de familles apparues au sein du patriciat de Sens, entre 1136 et 1389 ».
Spécialiste régional reconnu de l'histoire et de la généalogie médiévale, Étienne Meunier est ainsi régulièrement sollicité par une dizaine de sociétés d'histoire et de généalogie de la moitié nord du département, dont il est un contributeur fidèle depuis une vingtaine d'années.
« En termes de chiffres, j'ai déjà publié environ 3.600 pages d'études généalogiques et historiques », explique celui qui dispose par ailleurs de « 43 classeurs de bureau représentant environ 36.000 pages de notes puisées aux meilleures sources des bibliothèques et archives départementales ou nationales ». Sa passion de la généalogie lui est venue dès l'âge de 14 ans. « En vacances, chez ma grand-mère, il m'est venu l'idée de faire l'histoire de la maison ainsi que celle de ceux qui y vivaient. La passion a fait le reste », explique l'historien.
En 1981, Étienne Meunier a été l'un des membres fondateurs de la société de généalogie de l'Yonne. Cet organisme est aujourd'hui un peu en recul, à cause d'Internet, mais réunit tout de même 700 membres cotisants, ce qui la situe en bonne place au sein des sociétés savantes icaunaises, Étienne Meunier a plusieurs fers au feu. De fait, il met actuellement la dernière main à son « recueil de 42 familles appartenant à la chevalerie sénonaise au Moyen Âge », à paraître en septembre prochain. Il prépare également deux études : la première traitant des « voies, chemins et routes du Sénonais », (publiée par la société archéologique de Sens) et la seconde, sous forme de « notes pour servir à l'histoire de Theil-sur-Vanne » (Association pour le patrimoine de la vallée de la Vanne).
Pierre Millat L’Yonne républicaine 13/07/2013 A consulter absolument :
Documents d’archives et documents historiques publiés
sur le site <fontaine-fourches.com> Sur la Seine & Marne - Sur les pays : Bassée & Montois Sur les cantons : Bray-s-Seine & Donnemarie-Dontilly Sur Fontaine-Fourches et les communes proches:en S et M, dans l'Aube, & dans l'Yonne
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Actualités
Publié récemment, le fascicule n° 8
de l'année 2014 édité par les Amis de Thorigny et de l'Oreuse, présente une
douzaine de communications sur une soixantaine de pages consacrées au
patrimoine de la vallée de l'Oreuse et à la vie quotidienne des Thorignats aux
XIXe et XXe siècles.