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Histoire de l'enseignement public en France
L'ancien régime

 voir aussi :  Les maîtres d'école et les instituteurs  
  
           et Documents sur l'histoire de l'enseignement (dans la France de l'ancien régime) dont "les écoles à Fontaine-Fourches"

  Historique sommaire
 "Après la chute de la domination romaine en Gaule, les évêques tentèrent d'instruire le peuple. Les prêtres de campagne réunirent autour d'eux quelques enfants pour leur apprendre la lecture, l'écriture, le chant, dans le but, avoué ou non avoué, de préparer ces enfants au service du culte.

  L'évêque d'Orléans Théorilf, par une circulaire de 795 recommanda aux prêtres de tenir des écoles dans les bourgs et dans les campagnes.
  L'époque féodale, troublée, ne fut pas favorable, hélas! aux petites écoles établies dans les paroisses.
  C'est au XVIe siècle que les rois s'occupèrent de l'instruction du peuple. Les Etats de 1560 avaient demandé, non seulement la création de ressources pour l'instruction de la pauvre jeunesse, mais encore des mesures correctives contre les parents qui négligeraient d'envoyer leurs enfants aux écoles. Une ordonnance royale de Charles IX obligea les églises, les cathédrales, les abbayes et les monastères à entretenir un maître chargé d'instruire gratuitement les pauvres.
  En 1598, Henry IV rappella cette ordonnance et enjoignit aux familles pauvres d'envoyer leurs enfants aux petites écoles. A la même époque, étaient fondées diverses congrégations religieuses vouées à l'éducation des garçons et des filles.
  Un siècle plus tard, Louis XIV ordonna l'établissement d'une école dans chaque paroisse." [L'instruction publique à BOURAY]
  Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le "recteur des petites écoles" n'est pas imposé par l'autorité. Choisi librement par la population, rétribué par les paroissiens, il est chargé de l'instruction et de l'éducation des enfants : l'instruction comprenant la lecture, l'écriture, le calcul, les prières et le catéchisme ; l'éducation étant contenue dans le catéchisme.
 Il demeurait soumis à la juridiction spéciale des archidiacres, laquelle tout à la fois répressive des abus, et protectrice des personnes, s’exerçait pendant le cours des visites périodiques du diocèse. L’archidiacre devait s'informer avec soin de la bonne tenue de l’école, de l’observation du règlement et de l’exécution du contrat passé entre le maître et les habitants de la paroisse. Il interrogeait en outre le maître et les écoliers pour s’assurer de la capacité de l’un et du progrès des autres.
  NB : On peut constater qu'à Fontaine-Fourches, les registres paroissiaux, au XVII, portent des signatures de parrains et marraines, et qu'au XVIIIe  siècle, la plupart des actes de mariage portent celles d'hommes et de femmes, signe que les enfants des deux sexes fréquentaient les petites écoles.
  Les petites écoles.
  "La France, avant 1789, comptait un assez grand nombre de petites écoles : c'est un fait bien établi aujourd'hui par de récents travaux. Toute fois on n'a pu arriver, sauf pour un petit nombre de départements, à une précision suffisante dans les résultats, et certaines conclusions, qu'on a voulu tirer hâtivement, paraissent excessives.

« Les écoles, dit M. Babeau, étaient plus répandues dans les régions de l'est et du nord que dans celles du centre, de l'ouest et du midi. Il en est de même de nos jours. Les régions les plus dépourvues d'écoles en 1789 sont précisément celles où le nombre des illettrés est encore le plus élevé.» Ainsi, il y avait des maîtres d'école dans toutes les paroisses de l'Alsace et de la Franche-Comté. En Lorraine, d'après M. le pasteur Schmidt, « presque toutes les paroisses étaient pourvues d'une école primaire, et il s'en trouvait même dans les villages et les hameaux éloignés du chef-lieu paroissial ». La Champagne, à l'exception du département actuel des Ardennes, était assez bien partagée. En Flandre, « de petites écoles étaient répandues partout ». En Artois, « il y a, écrivait-on en 1790, des maîtres dans tous les villages, excepté dans les hameaux ». En Normandie, les trois quarts des paroisses, dès le commencement du dix-huitième siècle, étaient pourvues d'écoles. En Savoie, « presque toutes les paroisses et un grand nombre de hameaux possédaient au moins une école ». Pour la Bourgogne, les témoignages sont contradictoires, les uns affirmant « qu'il y a bien des villages qui manquent d'écoles », d'autres soutenant « qu'il ne s'en trouve nulle part ».
   La situation était beaucoup moins bonne dans l'Ile de France. Elle était mauvaise dans la Bretagne, où « peu de villages sont fournis de maîtres et de maîtresses » ; dans le Berry, où l'assemblée provinciale déplorait l'ignorance générale du peuple ; dans le Bourbonnais et le Nivernais, où la proportion des signatures de mariés ne dépassait pas, là 19%, ici 24 % ; dans le Dauphiné, le Languedoc, la Provence, où l'assemblée du clergé, en 1750, constate « qu'il y a peu de paroisses où il y ait des maîtres et des maîtresses établis » ; dans la Guyenne, où l'on ne trouvait de maîtres que dans les gros bourgs ; dans l'Auvergne, la Marché, le Limousin, où l'on n'en rencontrait pas un par vingt villages.
   Dans la région du sud-est, les Hautes-Alpes et les, Cévennes formaient une heureuse exception. Les Hautes-Alpes fournissaient même aux régions voisines des nuées de maîtres d'école qui, portant la plume au chapeau comme insigne de leur profession, allaient se louer dans les communes du bas pays. Dans les montagnes des Cévennes, où le protestantisme avait mis partout la Bible aux mains du peuple et où le catholicisme avait dû, pour le combattre, faire également appel à l'instruction, la proportion des paysans lettrés était assez considérable.
   Si les écoles et les instituteurs paraissent avoir été plus nombreux dans l'ancienne France qu'on ne l'avait cru jusqu'à présent, il faut, d'autre part, pour éviter de tomber dans une illusion que certains apologistes de l'ancien régime semblent vouloir entretenir, se rendre bien compte de ce qu'étaient en réalité ces écoles et ces maîtres. Dans les provinces les plus éclairées, les maisons d'école étaient souvent de pauvres cabanes couvertes en chaume ; ailleurs, l'école n'avait même pas de local déterminé, ou bien elle se tenait dans une grange, dans un hangar, dans une cave, dans une écurie.
  Nulle part, il n'existait d'écoles normales pour former de bons maîtres. Le premier venu, faute d'un autre gagne-pain, pouvait embrasser cette profession : en général, le candidat à ces fonctions passait un examen très sommaire devant une commission nommée par l'évêque et recevait de lui l'approbation, ou permission générale d'enseigner. « Muni de cette pièce et de tous les certificats avantageux qu'il pouvait recueillir, dit M. l'abbé Mathieu dans son étude sur l'Ancien régime en Lorraine, il se présentait dans un village où une place était vacante, le jour où on devait choisir le titulaire. Là, il chantait, montrait son écriture et tous ses autres talents, exhibait ses recommandations, et, s'il était agréé, signait le traité qui déterminait ses engagements et sa rétribution. » En Provence, c'était dans des espèces de foires aux instituteurs que le maître d'école allait se louer. Les maîtres venus des Hautes-Alpes ne séjournaient dans la plaine que pendant l'hiver et retournaient chez eux pour les travaux de l'été. Dans maints pays, on se plaint, en fait d'instituteurs ou d'institutrices, de n'avoir que des ambulants.
  Par mesure d'économie, la commune décidait parfois le plus lettré des habitants, souvent même le maire ou syndic, à se charger, moyennant une faible rétribution, d'instruire les enfants. Ailleurs, c'était le curé ou le vicaire de la paroisse qui assumait cette tâche : mais le curé avait bien d'autres soucis ; il se bornait le plus souvent, ou bien à n'enseigner que le catéchisme, ou bien à ne s'occuper que des enfants qui pouvaient recruter le sacerdoce. En Corse, c'étaient des moines qui enseignaient à lire, plus rarement à écrire, et à compter sur les grains de leurs chapelets. Des communautés s'étaient formées pour l'éducation du peuple, entre autres celle des Frères des écoles chrétiennes.
  En Lorraine le salaire d'un maître d'école se composait, dit M. l'abbé Mathieu : « 1° de ce que lui rapportait l'église, c'est-à-dire du casuel, et, dans beaucoup de villages, d'une portion de dîmes, tantôt celle du troisième laboureur, tantôt celle d'un canton, tantôt un préciput sur la totalité ; 2° d'un traitement fixe payé par la communauté, soit en argent, soit en nature ; 3° des écolages fournis par les parents des élèves, soit vingt ou vingt-cinq sols par an et par tête ; soit un bichet ou deux de blé ou d'autres grains. Pans une partie de la Lorraine allemande, le traitement n'allait qu'à neuf sous de France par an et par élève mais alors le maître allait manger à tour de rôle chez les parents de chacun d'eux. » Dans les villages de Bourgogne, le traitement variait de 30 à 110 livres, non compris certains avantages accessoires. [...]
 Aussi les maîtres en étaient-ils réduits, pour vivre, à cumuler avec leurs fonctions de l'église et de l'école, avec celles de sacristains, sonneurs, horlogers, fossoyeurs, quelque autre métier : ils se faisaient tailleurs, cordonniers, maçons, ménétriers, débitants de boissons, installant parfois le cabaret dans l'école. Le maître de la commune d'Angles, dans les Hautes-Alpes, s'était offert pour faire l'office de « chirurgien des barbes», attendu qu'il n'y en avait pas dans la commune : il devait raser chaque semaine, le jour de vacances, et toucher en tout 200 livres. Du reste ce cumul était d'autant plus naturel que nombre d'institu- teurs étaient des artisans ou petits marchands qui avaient demandé à l'évêque l'autorisation d'accroître leurs ressources.
Cette situation si misérable était, en outre, bien précaire. C'était l'assemblée des habitants de la commune qui avait nommé l'instituteur : elle avait le droit de le changer. En Lorraine même, les baux se renouvelaient tous les ans, deux mois avant la Saint Jean-Baptiste Pour obtenir un nouveau traité, « ce sont des cabales, écrit le curé d'Ugny, des flatteries à ceux qui ont le plus d'autorité, et souvent des beuveries pour apaiser les mauvais et les mécontents ». — « Le maître d'école, dit un autre témoin, paie vin ou eau-de-vie et se réconcilie par là avec la communauté, et recommence tous les ans sur nouveaux frais. » Ils restent toujours, disent les Doléances des instituteurs de Bourgogne, à part dans la commune : « ils sont regardés comme étrangers et non comme citoyens et n'ont point entrée aux assemblées des communes ; comme gens errants et sans aveu, ils n'ont aucune voix délibérative ». Et quelle dépendance du maître vis-à-vis des magistrats du village, des riches, des gens influents ! quelle soumission vis-à-vis du curé dont il n'est que l'humble auxilliaire, presque le serviteur, et qui, en parlant de lui, dit : « Mon maître d'école » ! Quelle crainte de l'évêché, qui, à la moindre plainte du curé, peut, avec l'autorisation, retirer au maître son pain ! Nulle protection à espérer de l'Etat, nul appui d'autorités universitaires qui n'existent pas. Aussi, à quelques exceptions près, comment espérer un bon recrutement pour une telle carrière ?
   Le plus souvent, ces maîtres d'école savaient fort mal ce qu'ils enseignaient, suivaient les méthodes les plus routinières : on leur reprochait de se borner « à exercer la mémoire et à infliger quelques châtiments souvent mal entendus ». Au reste, les punitions corporelles étaient à l'ordre du jour dans tout le système d'enseignement : le règlement de l'évêque de Montpellier, à la fin du dix-septième siècle, interdit les coups de bâton, les coups de pied, les coups sur la tête, mais autorise la férule, le fouet (à condition de ne pas déshabiller entièrement), et aussi la punition qui consiste à baiser la terre. De même le règlement des Frères des écoles chrétiennes défend également les coups sur la tête, sur la figure et dans le dos, mais préconise la férule. Les jésuites, dans leurs collèges, usaient des mêmes procédés : c'est ce qu'on appelait l'orbilianisme, du nom du magister Orbilius, qui n'avait pas épargné les coups au poète Horace. Ils avaient même un fouetteur en titre, tantôt un domestique, tantôt un écolier qui jouissait d'une bourse en échange de ce service. (Voir Punitions.)
   L'éducation des filles était encore plus négligée que celle des garçons : on ne le voit que trop par l'écart énorme entre le nombre des signatures de mariés ou de mariées qu'on a pu recueillir. En Franche-Comté même, 78, 85 0/0 pour les signatures d'hommes, 29, 12 0/0 pour les signatures de femmes ; en Béarn 71, 91 et 9, 19 ; dans l'Angoumois, 26, 65 et 9, 02 ; dans le Nivernais, 13, 63 et 5, 94. Comment en serait-il autrement? les règlements des évêques semblent avoir surtout pour objet d'empêcher la fréquentation commune de l'école par les garçons et les filles ; on avait déjà peine à avoir une école unique, c'était naturellement les filles qui étaient sacrifiées. Les congrégations de femmes qui s'étaient fondées en vue de les instruire étaient encore plus mal préparées à leur lâche que les congrégations d'hommes : les écoles actuelles de Béates dans la Haute-Loire (Voir Béates) donneraient l'idée assez exacte du plus grand nombre des écoles congréganistes de filles avant 1789. Le préjugé populaire, la routine campagnarde, se joignaient aux scrupules et aux calculs du clergé pour entraver cet enseignement. Est-ce que les femmes ont besoin d'instruction? Une maîtresse d'école, dans la Haute-Marne, se défendait d'enseigner à écrire à ses élèves, « de peur qu'elles n'employassent leur savoir à écrire à leurs amants »,
   Les petites écoles ne se proposaient donc pas un but très relevé : les idées sur la dignité du citoyen, sur l'intérêt national, sur l'honneur du pays, y entraient pour une bien faible part. Le gouvernement ne s'était Jamais avisé que l’enseignement primaire fût une affaire d'Etat : c'était l'affaire de l'Eglise, de l'évêque, du curé, ou l'affaire des communes et des familles ; l'Eglise se contentait à bon compte, pourvu que l'enfant pût apprendre le catéchisme ; la commune et la famille recherchaient les profits immédiats que pouvaient procurer les éléments de la lecture, de l'écriture et du calcul. L'Etat seul aurait pu ouvrir des écoles normales pour le recrutement des instituteurs, exiger des candidats certaines garanties, prescrire des méthodes, tracer des programmes, veiller à la salubrité de l'école et à la dignité du maître : mais en matière de petites écoles il se désintéressait encore plus qu'en matière d'enseignement supérieur ou secondaire.
   On a fait grand état des ordonnances de Louis XIV en 1695 et en 1698 et de Louis XV en 1724 prescrivant l'exacte fréquentation des écoles et le paiement régulier du traitement des maîtres. D'abord la fréquentation ne fut jamais obtenue et ne pouvait pas l'être, car il aurait fallu d'abord établir des écoles et des maîtres dans les communes qui en manquaient, et nous savons que le chiffre de 150 livres pour les maîtres et 100 livres pour les maîtresses, fixé par l'ordonnance de 1698, fut bien rarement atteint. Ensuite il suffit de regarder la date de ces actes du pouvoir souverain pour s'assurer du but qu'il se proposait : les ordonnances de 1695 et 1698 paraissent au lendemain de la révocation de l'édit de Nantes, et si le gouvernement royal, au milieu des préoccupations qui l'assiègent à la fin de la guerre de la ligue d'Augsbourg et à la veille de celle de la succession d'Espagne, dans l'épuisement des finances, dans la ruine et la dépopulation générale, s'avise de songer à l'instruction des jeunes Français, c'est uniquement parce qu'il s'agit de compléter l'œuvre des dragonnades. L'école est avant tout un moyen de conversion ; l'obligation, un moyen d'arracher les enfants à leur foi. Ce qu'on se propose, aux termes de l'ordonnance de 1698, c'est d'établir des maîtres « pour instruire tous les enfants et nommément ceux de la religion prétendue réformée, du catéchisme et des prières qui sont nécessaires, pour les conduire à la messe tous les jours ouvriers, leur donner l'instruction dont ils ont besoin sur ce sujet, et pour avoir soin, pendant le temps qu'ils iront auxdites écoles, qu'ils assistent au service divin les dimanches et fêtes, comme aussi pour apprendre à lire et à écrire ceux qui en ont besoin ». L'ordonnance royale ordonne de procéder « ainsi qu'il sera ordonné par les archevêques et évêques », et enjoint aux curés de veiller sur l'enseignement du catéchisme.
  L'ordonnance de 1724 ne porte pas une date moins odieuse : c'est l'époque où le duc de Bourbon, l'amant de Mme de Prie, devenu premier ministre à la mort du régent, réveille le fanatisme endormi, recommence à enlever les enfants des religionnaires et à traîner sur la claie les cadavres des mauvais convertis.

   Ainsi les seules fois que le pouvoir royal, sous Louis XIV et sous Louis XV, soit intervenu en matière d'enseignement primaire, c'est pour faire oeuvre non de progrès, mais de tyrannie, pour tourner l'école en instrument d'oppression des consciences. Il agit sous la pression d'une Eglise intolérante et comme l'exécuteur des plans arrêtés par les jésuites. Pour le reste, il s'abstient, laisse les évêques réglementer l'enseignement et distribuer des autorisations en guise de diplômes ; il abandonne aux curés la surveillance du personnel.
   Et quel autre intérêt l'Eglise catholique aurait-elle pu avoir à établir le principe de l'obligation scolaire? Pour emprunter les paroles de M. Michel Bréal, « nous ne voulons pas dire que l'Eglise catholique soit nécessairement l'ennemie de l'école ; mais on peut affirmer sans crainte d'être contredit, et l'histoire au besoin est là pour l'attester, qu'elle ne l'exige ni ne la suppose ». "
Institut national de recherche pédagogique
Maurice Pellisson, professeur de philosophie ancienne au Collège de Frances d'autrefois : définitions
 voir aussi Les maîtres d'école et les instituteurs
         et  Documents sur l'histoire de l'enseignement (dans la France de l'ancien régime et après 1789) 

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