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Les trois étapes de fabrication de l'huile de noix
L’atelier du marchand de noix et les énoiseuses
Le Périgord est certainement un des berceaux de la noix puisqu'on l'a retrouvée, dans les habitats de l'homme de Cro-Magnon datant de 17 000 ans. La Veyssière est un petit hameau de la commune de Neuvic sur l'Isle en Dordogne, à l'endroit où le Vern se jette dans l'Isle [...] le pressoir à huile continue toujours de février à mars à broyer et presser les cerneaux de tous ceux qui viennent au moulin "faire l'huile de noix", laquelle, déjà, au Xe siècle, était considérée comme un bien aussi précieux que l'or (les paysans acquittaient leurs dettes en setiers de noix). Et Jean-Jacques Elias, le dernier meunier de la lignée des Elias est là lui aussi. Et c'est un moment privilégié… Ce témoignage "Le
meunier faiseur d'huile de noix" a été recueilli le 11
février 2003 par Jean-Pierre Meynard, et publié par L'Association
Périgourdine pour la recherche historique et généalogique (APRH)
rubrique
"Vieux
métiers"
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- Rendez vous compte, commence-t-il, je suis le dernier d'une famille de sept générations de meuniers à perpétuer cette tra- dition ancestrale ancrée chez nous depuis quatre siècles ".Faire l'huile de noix s'est transmis dans notre famille de père en fils.
C'est mon père Paul qui m'a
appris
tout jeune à la faire.
-
A quelle époque faites-vous
l'huile de noix ?
- Le meilleur moment
c'est
entre
janvier et mars. Les noix ont été ramassées en automne puis mises à
sécher dans
les granges ou dans les greniers sur de claies, à l'abri de l'humidité.
Le séchage se
fait naturellement et pour cela il faut du temps. Ensuite
quand les noix sont bien sèches, il faut énoiser.
-
Enoiser... ?
- C 'est à dire casser
les
coquilles pour en extraire les cerneaux.
Autrefois, les gens des
villages se réunissaient pour des soirées "d'énoisage" résonnant
du bruit des maillets en bois qui inlassablement frappaient sur les
coquilles
pour les briser et en extraire les cerneaux au rythme des chansons cent
fois
reprises par des chœurs enthousiastes.
Les cerneaux
débarrassés de leurs coquilles
et de leur épitaphe qui
est la partie centrale en forme de croix qui sépare les deux lobes de
la noix,
étaient pesés, ensachés prêts à être emmenés au moulin.
Quand tout était fini un
sérieux casse-croûte était de rigueur et la soirée se
terminait fort tard dans la nuit !
-
Peut-on calculer approximativement à ce moment là le
nombre de litres d'huile que l'on va faire ?
- Il faut environ 6 kg de noix
pour
obtenir 2 kg de cerneaux qui donneront un litre
d'huile.
-
Ensuite on se rend au moulin...
-
Oui, mais il faut au préalable
dire que la fabrication de l'huile de noix est avant
tout un savoir-faire, un principe de fabri- cation basé sur une méthode
ancestrale et transmise secrètement de génération en
génération dans les
familles de meuniers.
C'est leur savoir-faire qui donnera à cette huile de noix extraite à
chaud son
goût si particulier et si parfumé que vous ne trouverez pas dans
l'huile de
noix du commerce extraite chimiquement par raffinage à l'aide de
solvants.
- Quelles opérations les cerneaux subissent-ils ?
- Ils sont d'abord broyés à la
meule. Cette opération dure environ 40 minutes pour 30 kg de cerneaux
auxquels on ajoute deux
litres d'eau pour faciliter la cuisson. On obtient ainsi une pâte.
Cette pâte est
chauffée lentement environ une heure, tout en étant brassée,
dans une poêle en fonte disposée sur un foyer construit en briques.
Dans cette poêle, tourne
un brasseur appelé valet qui
empêche la pâte d'adhérer au fond et rend la température
homogène. Avant l'installation de ce brasseur, il fallait deux
personnes qui
durant toute la cuisson remuaient la pâte
à l'aide de pelles
en bois appelées "pallous", ce qui
était pénible et contraignant.
La
« chauffe » s'est longtemps faite au bois.
A La Veyssière, nous
avons abandonné ce système
pour deux raisons : cela demande trop de
manutentions préalable, ce type de «chauffe
au bois» est trop
irrégulière et il faut une attention de tous
les instants. Le chauffage au gaz que nous avons installé permet une
une « chauffe régulière », sans à coup et élimine les
risques de faire brûler une pressée (ou passée) en
la chauffant.
-
La « chauffe » est donc une opération vraiment
importante...
- Oui, et c'est là que
se joue la réputation du meunier. Plus on chauffe et plus l'huile aura
un goût
prononcé. Tout est une question de dosage,
de doigté pour satisfaire les goûts ses clients.
-
Si je comprends bien, ce n’est qu’une fois la
« chauffe » terminée que l’on peut extraire l’huile.
- Oui, quand la pâte est cuite,
il faut la retirer
rapidement de la poêle et la placer dans la maie du pressoir où elle
est pliée
dans des "scourtins". Ce sont des toiles filtrantes
tissées avec
des fibres synthétiques qui résistent bien à la chaleur et à la
pression ; ils
furent longtemps
en coton ou
en chanvre mais résistaient mal à la
pression et avaient un pouvoir filtrant
inférieur.
On presse alors la pâte et l'huile qui en sort est recueillie dans des
récipients où elle va être stockée. C’est la
dernière phase de l’opération.
-
On
m’a parlé d’une deuxième passée…
- Autrefois
avec les « tourteaux » qui restaient après
l'extraction de l'huile,
on faisait une autre passée. On en mettait deux
ensemble, que l'on écrasait sous la meule pour obtenir une poudre fine
que l'on
chauffait à nouveau et que l'on pressait.
On obtenait "l'huile
noire"
qui était très foncée et qui avait un goût très
fort dont on se servait,
avant l'arrivée du pétrole, pour l'éclairage ;
et les années de disette,
elle servait également à l'assaisonnement. De nos jours, cela ne se fait
pratiquement plus, sauf si le client le désire ;
les tourteaux sont utilisés pour l'alimentation
animale.
-
Jean-Jacques, quelques mots sur le commerce de la noix et
de l'huile...
- Chez
nous dans la vallée de l'Isle avant 1857 et l'arrivée du chemin de fer
le
commerce de la noix était pratiquement inexistant, toute la production
était transformée en huile qui trouvait des débouchés sur les marchés
car plus
facile à transporter. La fabrication de l'huile de noix par les petits
moulins
a commencé à diminuer à cette époque.
Puis l'importation
massive d'huile d'arachide
moins coûteuse a fait peu à peu s'arrêter les
moulins, les uns après les autres et après la seconde guerre mondiale
peu de
moulins restaient en activité.
A la Veyssière cette
activité ne s'est jamais arrêtée…
-
Jean-Jacques, vous êtes le dernier des meuniers faiseurs d'huile sur
cette vallée,
croyez-vous que cette activité vous survivra?
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Les trois étapes de fabrication de l'huile de noix 1- Le broyage des cerneaux avec la meule 2- La chauffe pour obtenir une pâte 3- Le pressage pour extraire l'huile |
à consulter : L’atelier du marchand de noix et les énoiseuses
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PAVOTS (3) : QUELQUES
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