Bienvenue à FONTAINE-FOURCHES

 
Inauguration du Pont "Pierre DELAHAYE "  
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Textes des allocutions

Texte de l'allocution de M. Xavier LAMOTTE, maire de Fontaine-Fourches
                 
                 M. le Ministre,
                 M. le Sous Préfet
                 MM. les Conseillers Généraux,
                 Mmes et MM. les maires et les élus
                 M. le Délégué Militaire de l’Aube
                 Mmes et MM. les représentants des Associations Patriotiques de Seine et Marne et de l’Aube

                 Michel et Claude DELAHAYE, les enfants de Pierre, les petits enfants et toute la famille, nombreuse…J’ai aussi une pensée pour Jacqueline qui nous a quittés (la fille de Pierre).           
                 Je prie de bien vouloir venir à nos côtés Madame LAVOT, fille de M. TETROT, résistant aux côtés de Pierre DELAHAYE et Henri BACHMANN, habitant de Fontaine-Fourches, ancien combattant, engagé volontaire en 1941 - passé par l’Espagne (où il a été retenu prisonnier) pour rejoindre l’Afrique du Nord – débarquement en Provence – Italie, Monte Cassino ; il a été démobilisé en 1945, en Alsace.      

                 Christine et Pierre Balas, 
                 Mes chers amis,
      Je dois, tout d’abord, présenter les excuses de M. le ministre F. BAROIN, celles du député G. MENUEL ainsi que celles de M Dominique SATIAT, qui n’ont pu se joindre à nous, étant retenus par d’autres obligations.
  Je suis très honoré de votre présence pour cet événement exceptionnel. Evidemment, cela nous replonge dans une période difficile, mais je crois qu’il ne faut pas oublier ces moments forts de notre histoire.
  Alors, plusieurs d’entre vous ont dû penser que l’inauguration d’un pont, à Fontaine-Fourches, ce n’est pas possible. Eh bien, si ! puisqu’il passe une petite rivière qui s’appelle l’Orvin, qui prend sa source à
à Saint-Lupien (Aube) et  qui se jette dans la Seine à Villiers-sur-Seine.
  (Se tournant vers le sous-préfet) – « Ne t’inquiète pas, Christian, je ne vais pas te demander la mise en grand gabarit, ni de faire un port à Fontaine-Fourches. »
  Ce pont a été  l’initiative de Christine et Pierre Balas, propriétaires du moulin, qui souhaitaient créer un chemin pour contourner leur propriété. Nous nous sommes mis d’accord pour déplacer le chemin.
Au début du siècle, la rivière alimentait et faisait vivre 3 moulins, dont le moulin de Tasuble qui a été acheté par le père de Pierre Delahaye en 1923, Pierre en étant le meunier.
  Christine et Pierre Balas ont acquis le moulin en 1991 et se sont intéressés à son histoire : d’où l’idée de baptiser ce pont "Pierre Delahaye".
  En fait, ce pont unit nos 2 départements, la Seine et Marne et l’Aube, de l’autre côté de la rivière.
  Pierre Delahaye faisait partie d’un réseau de l’Aube, "Ceux de la Libération".
  Je vais maintenant céder la parole à Christian Trichet, spécialiste de cette période dans notre région, qui va nous parler de la vie de résistant de Pierre Delahaye, puis, à Christophe Dham, vice-président de "L’Amicale des déportés tatoués du 27 avril 1944", qui emmena Pierre, ainsi que le père de Christophe, à Auschwitz.

Texte de l'allocution de M. Christian Triché, maire de la Louptière-Thénard
                
                 M. le Ministre,
                 M. le Sous Préfet
                 MM. les Conseillers Généraux,
                 Mmes et MM. les Elus
                 M. le Délégué Militaire de l’Aube
                 Mmes et MM. les représentants des Associations Patriotiques de l’Aube et de Seine et Marne
                 Mmes et MM. les membres de la famille de Pierre Delahaye
                 Mesdames, Messieurs
 
   Avant d’évoquer la mémoire de Pierre Delahaye, il me semble nécessaire de  nous replonger quelques instants dans l’atmosphère de l’époque. En Mai 1940, la France est envahie. Le 17 Juin, le  maréchal Pétain, auréolé de son prestige de vainqueur de Verdun, annonce dans un message radiodiffusé qu’il faut cesser le combat et un armistice déshonorant est signé à Rethondes le 22 Juin.
   Le 18 Juin, le général de Gaulle, qui a gagné Londres, appelle les Français à le rejoindre pour continuer le combat. En effet, il a pressenti, et l’avenir lui donnera raison, que la guerre sera mondiale et que, si la France a perdu une bataille, elle n’a pas perdu la guerre. C’est pour cette raison qu’il est déchu de la nationalité française par le gouvernement de Vichy et condamné à mort le 2 Août 1940, tandis que le maréchal Pétain, en rencontrant Hitler à Montoire le 22 Octobre, engage la France sur la voie de la collaboration.
   Mais, qu’ils aient ou non entendu l’appel du 18 Juin, des hommes et des femmes refusent la défaite et,  tandis que certains, comme Pierre Laval, se vautrant dans une collaboration honteuse avec l’occupant, déclarent souhaiter la victoire de l’Allemagne, d’autres, de simples citoyens mais de vrais patriotes comme Pierre Delahaye, s’engagent dans la résistance.
   En effet, dès le 1er Décembre 1941, il devient membre du  réseau Action, au sein du mouvement « Ceux de La Libération », créé en Novembre 1940. Il est donc bien ce qu’il est convenu d’appeler un résistant de la 1ère heure, car ils étaient bien peu nombreux à franchir le pas  à cette date.
   On a souvent disserté sur l’imprudence, voire l’insouciance de ces combattants de l’ombre, mais je voudrais insister sur le fait qu’en s’engageant dans cette voie, ils le faisaient au  péril de leur vie et de celle de leur famille. En effet, s’engager dans la Résistance, c’était s’exposer à être arrêté, torturé, déporté, exécuté, ce qui témoigne d’un courage peu commun de leur part.
   Donc, Pierre Delahaye fut un vrai Résistant : entre 1941 et 1943, en tant que chef de groupe, il va assurer des liaisons, faire élaborer des faux papiers avec l’aide de M. Tétrot, instituteur et secrétaire de mairie à Fontaine-Fourches, dont la fille se trouve parmi nous aujourd’hui.
    Il va également participer à la reconnaissance et à l’homologation des terrains de parachutage avec M. Camille Mathelin, électricien et chef de réseau à Nogent sur Seine, et un officier anglais. J’en profite pour saluer la présence à cette cérémonie de M. Pierre Espargillière de Nogent, qui fut membre de ce réseau. Pierre Delahaye participe également à des émissions clandestines par radio avec l’Angleterre et recueille des pilotes anglais abattus au dessus de la France pour les aider à regagner la Grande Bretagne. A partir de  1943,  l’instauration du Service du Travail Obligatoire amène de nombreux jeunes, qui refusent de partir travailler en Allemagne, à devenir réfractaires puis rejoindre les Maquis et c’est tout naturellement que Pierre Delahaye sera amené à en soustraire un certain nombre aux recherches allemandes. Il deviendra membre du Réseau Vengeance, ce mouvement ayant fusionné avec Ceux de la Libération en Juin 1943.
    Mais je voudrais évoquer plus longuement deux événements importants et, d’abord,  le parachutage du 13 Juillet 1943.
 Le nom de code du terrain situé à proximité du moulin était « Abeille ». Après réception du message convenu « le moulin tournera ce soir » répété 3 fois par la BBC, Pierre Delahaye et quelques camarades sont sur le terrain aux environs de 23h30. Vers 1h30, en entendant le bruit de l’avion, on balise le terrain à l’aide de 4 lampes de poche. La lampe rouge émet le signal de reconnaissance et au 2ème passage, l’avion largue son chargement. Il faut rapidement en  cacher le contenu (armes et explosifs) en l’enterrant tandis que les containers vides sont mis dans le lit de la rivière. Ces armes, destinées à armer la Résistance de la région parisienne, sont d’ailleurs transportées par Pierre Delahaye au milieu de ses sacs de farine. Le 24 Juillet, un détachement de Feldgendarmes venu de Romilly arrive à Fontaine Fourches et se partage en 3. Un groupe va directement à l’emplacement du dépôt d’armes, un autre fouille la rivière, alors que le troisième garde le véhicule. Malgré une fouille minutieuse, ils ne trouvent rien et pour cause, tout a été enlevé dans la nuit de la veille. Mais les Allemands étaient donc très bien renseignés !
 Deuxième événement : ce terrain était utilisé non seulement pour les parachutages  mais aussi comme terrain d’atterrissage et, le 24 Octobre 1943, 3 hommes  vont s’envoler pour Londres. Parmi ces derniers, le délégué du mouvement « Ceux de la Libération » à l’Assemblée Consultative d’Alger, M. Julien Gadet*, alias Yacinthe Azaïs, qui a été caché une dizaine de jours chez M. Tétrot. 
  Quelques jours plus tard, Pierre Delahaye est arrêté par la Gestapo sur dénonciation et je tiens à insister sur ce fait pour souligner combien la jalousie, la volonté de nuire, la veulerie de certaines personnes ont pu se donner libre cours pendant cette période. Combien de morts ces lâches souvent anonymes ont-ils sur la conscience ?
   Pierre Delahaye est emmené par la Gestapo de Melun où sévit le sinistre Korff, tortionnaire connu pour mener ses interrogatoires à coups de bûche de chêne, mais il ne parle pas sous la torture, puisque M. Tétrot ne sera pas inquiété. Pierre Delahaye est transféré à la prison de Fresnes où il arrive le 18 Novembre 1943 et restera jusqu’au 20 Mars 1944, date à laquelle il est envoyé à Compiègne sous le matricule 29615 ; il sera déporté en Allemagne le 27 Avril 1944, où il mourra le 25 Juillet de la même année.
   C’est donc un grand honneur pour moi d’avoir eu à évoquer la mémoire de Pierre Delahaye, élevé au grade de lieutenant dans la Résistance à titre posthume, un homme au courage exceptionnel qui méritait bien que l’on sorte aujourd’hui de l’oubli son sacrifice, un homme qui a donné sa vie pour cette France que le Général de Gaulle  saluait en ces termes, le 25 Août 1944 : la seule France, c'est-à-dire  la vraie France, la France éternelle.

* M. Julien Gadet, alias Yacinthe Azaïs
C'est sous le nom de Hyacinthe Azaïs que Julien Guadet, professeur de Mathématiques au lycée Hoche de Versailles s'était engagé dans le réseau de résistance "Ceux de la Libération".  lire la suite de l'article  "Hyacinthe AZAÏS résistant"

                                                                     Notre Mémoire n°janvier 2011
                                BULLETIN DE L’AMICALE DES DÉPORTÉS TATOUÉS DU CONVOI DU 27 AVRIL 1944

Texte de l'allocution de M. Pierre Balas 
 
 Les bourreaux, les auxiliaires de la mort,les agents de la barbarie, terminent irrémédiablement dans les poubelles de l’histoire. Leurs victimes au contraire ne meurent jamais.
  La preuve : nous fêtons ce matin Pierre Delahaye, victime de la barbarie nazie.
  Nous le fêtons à l’occasion de l’inauguration de ce pont auquel nous avons donné son nom.
  Un pont sur une rivière, ça n’est pas un édifice anodin. Il permet aux hommes des deux rives de se rencontrer, de communiquer, de mieux se comprendre, et peut-être de s’aimer.
  Dans le convoi ferroviaire qui conduisait ces 1.700 hommes de Compiègne à Auschwitz- Birkenau, il y avait avec Pierre Delahaye, un homme dont le nom est Robert Desnos.
  Robert Desnos était un très grand poète.
  Il disait, ou plutôt il écrivait, quelques mois avant son arrestation par la Gestapo, que les peuples d’Europe pouvaient se comprendre à travers leurs langues différentes, s’ils utilisaient le langage de la Liberté.
  La Liberté. Pierre Delahaye et Robert Desnos étaient les combattants de la Liberté.
  Robert Desnos n’est pas mort, car les poètes non plus ne meurent jamais.
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