Le prieuré de Saint-Loup-de-Naud fut fondé vers 980 par Sevinus, archevêque de Sens, il dépendait de l’abbaye de Saint-Pierre le Vif.
L’un de ses successeurs, Hugues de Toucy, fit don vers 1160 d’une
relique de saint loup. De cette époque date vraisemblablement la
construction du portail, dont on a parfois avancé sans preuve qu’il
était dû à la générosité du comte de Champagne Henri le Libéral. Le
chœur, le transept et les deux dernières travées de la nef constituent
les parties les plus anciennes de l’église actuelle et semblent remonter
à la fin du XIe siècle. Par la généralisation du voûtement
en pierre à toutes les parties de l’édifice, l’église Saint-Loup-de-Naud
est, pour la région, d’une étonnante précocité. On peut l’attribuer
pour une part à des contacts avec l’architecture de la Bourgogne.
Vraisemblablement à cause du poids des voûtes, la structure de
l’église est massive et le vaisseau central aveugle. Le clocher situé à
la croisée s’harmonise parfaitement avec les masses compactes des trois
vaisseaux et de leurs absides. Le décor très sobre devait être tempéré
par des peintures murales. Au cours du troisième quart du XIIe siècle, quatre nouvelles travées et un proche ont été construits en prolongement des parties du XIe siècle et sur l’emplacement des plus anciennes, ce qui explique sans doute le désaxement entre les deux parties.
Le morceau le plus célèbre de l’église est sans conteste son portail,
un des spécimens les mieux conservés des débuts de la sculpture
gothique dans la lignée du portail royal de la cathédrale de Chartres.
Au pilier central figure le patron de l’église, saint Loup et, le long
des deux ébrasements, les statues-colonnes de saint Pierre et saint Paul
ainsi que des personnages de l’Ancien Testament. Trois thèmes sont
illustrés dans les parties supérieures. Le premier, directement lié au
portail central de Chartres, concerne le Christ du Jugement Dernier,
entouré de symboles des évangélistes sur le tympan et d’un cortège
d’anges sur la voussure, et placés au dessus des apôtres et de la Vierge
du linteau. Mais cette Vierge sans enfant appartient également au
second thème, celui de l’Enfance du Christ, qui est illustré sur les
claveaux inférieurs (Annonciation, Visitation, Les Mages devant Hérode).
Le dernier est consacré à saint Loup. Des épisodes légendaires de la
vie du saint évêque de Sens, parfois indéchiffrables, sont racontés sur
le chapiteau du pilier central et les deux rangs supérieur de la
voussure. Ce portail témoigne de contacts avec l’art du portail royal de
Chartres, avec les expériences parisiennes (chapiteaux de Saint-Germain
des Près) et surtout avec les portails de Notre-Dame de Vaux à
Châlons-sur-Marne et Sainte-Bénigne de Dijon (détruit) Il a les mêmes
sources d’inspiration que l’architecture de l’église se référant à l’art
sénonais, point de rencontre entre les expériences d’Ile-de-France, de
Champagne et de Bourgogne. Aux abords de l’église subsiste encore les
vestiges des bâtiments conventuels (ancien prieuré) et de l’enceinte
fortifiée. [festival-idf.fr/2014] |