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Documents - Histoire
LA MOTTE-TILLY
Relation d'un ouragan

Relation d’un formidable ouragan survenu le vendredi 7 juin 1680 : sur son sillage, du Sud-Ouest au Nord-Ouest, de Sens à  Villenauxe-la-Grande ( les hameaux de Puits Froux et Puits Jolly inclus), en passant par Courceroy, La Motte-Tilly, Melz-sur- Seine, Le Meriot (inclus Le Plessis & Beaulieu), Sourdun, Villegruis, Montaiguillon, les effets furent extraordinaires et les dégâts considérables... 
 Préambule de la Gazette dont sont issus les extraits des textes publiés dans le Mercure galant en  juillet 1680. cités en deçà : 
Extraits du 
Mercure galant, dédié à Monseigneur le Dauphin  juillet 1860 chez
Thomas Amaulry, rue Mercière, Lyon.EXTRAIT DU PRIVILEGE du Roy
Par Grace & Privilege du Roy, donné a Saint Germain en Laye le 31. Décembre 1 677. Signé Par le Roy en son Conseil, JUNQUIERES. Il est permis à J.D. Ecuyer Sieur de Vizé, de faire imprimer par Mois un Livre intitulé MERCURE GALANT, présenté à Monseigneur le DAUPHIN & tout ce qui concerne ledit Mercure pendant le temps & espace de six années, à compter du jour que chacun des  Volumes sera achevé d’imprimer pour la première fois : Comme aussi défenses sont faites à tous Libraires, Imprimeurs, Graveurs & autres, d’ imprimer, graver & débiter ledit Livre sans le consentement de l’Exposant, ny d’en extraire aucune Pièce ny Planches servant à l’ornement dudit livre, mesme d’en vendre séparément,  et de donner à lire ledit Livre, le tout à peine de six mille livres d’amende, & confiscation des Exemplaires contrefaits, ainsi que plus au long il est porté audit Privilège.
Registré sur le Livre de la Communauté le 5. janvier 1678.
Signé E. COUTEROT. Syndic.
  Et ledit Sieur D.Ecuyer, Sieur de Vizé a cédé & transporté son droit de Privilege à Thomas Amaulry Libraire de Lyon,  pour en joüir suivant l’accord fait entr’eux.  Achevé d’imprimer pour la première fois le 31 Juillet 1680. 
Texte original provenant de la Bibliothèque municipale de Lyon (Bibliothèque jésuite des Fontaines) numérisé par Google le 1 févr.2012, 652 p
NB : la même relation du phénomène, dans une orthographe  modernisée, vous est rendue accessible < ici > 
Pages 112 à 124  [Texte dédié (vraisemblablement) à Mme de Maintenon : « Vous savez, Madame, vous qui lisez si souvent l’Histoire,  qu’entre tant de Princes qui ont fait bruit par leurs grandes actions, il n’y en a point dont la memoire soit conservée avec plus de veneration que celle des Potentats, qui ont signalé leur zèle pour protéger [...]]
«  Si ce que je vous ay déja dit de l’Orage qui causa tant de desordres le Vendredy 7. de l’autre Mois, vous a étonnée,** vous serez bien plus surprise de ce qui me reste à vous en conter. Cet Orage commença vers Sens, sur les quatre heures apres midy, avec une impetuosité si furieuse qu’il renversa dix Villages, mais trois entr’autres, où il n’est resté aucune figure ny d’Eglise ny de Maisons. Les Vignes, les Bois de haute fustaye, & tous autres de quelque nature q’ ils fussent, ont esté arrachez ou tors, & il ya eu quantité de Gens tuez. Il alla delà jusquà Bray sur Seine, où il ne fit de dégât qu’aux Tuiles & aux Vîtres du Côté du Nord, mais de telle sorte que tout y fut mis à jour. On estime ce degast à plus de soixante mille livres. Il passa ensuite à Coursaroy, qui est un très beau Village sur la Seine. Arbres ny Maisons, rien ne demeura debout. Il entraîna jusqu’aux hayes ; & l’église, quoy que bien bastie en fut renversée jusque dans les fondemens. Le Château de la Mothetilly, appartenant à Monsieur le Duc de Burnonville, se sentit de ce ravage. L’orage emporta la Couverture, brisa les Croisées & abatit entierement une très belle Ferme qui estoit dans la Prairie, au delà de la Riviere. Toute la Haute fustaye, autres Bois & Bocqueteaux de ce Duc, furent arrachez, rompus, ou tors. C’est une perte de plus de vingt-cinq mille écus. Ce qui suit est surprenant & presque incroyable. Deux Pescheurs peschant dans des Acrus de la Seine, qui sont d’un Village appellé Beaulieu, sortirent de leurs Bateaux, pour éviter la Nuée dont ils voyoient bien qu’ils allaient estre surpris. En mesme temps ils virent tomber dans l’eau quelque chose qu’ils ne purent distinguer ; & comme ce qui venoit de tomber se debattoit & tâchoit de gagner bord, ils y coururent avec les Lignes dont ils ont accoustumé de se servir pour pescher l’Anguille. Ils apperçeurent alors un Animal qui avoit la grosseur & la figure d’un Veau mais la queuë beaucoup plus longue. Ils trouverent moyen de l'accrocher, & furent fort etonnez quand ils l’eurent attiré assez pres du bord, de le voir tout d’un coup s'élancer en l’air jusqu’à plus de vingt pieds de haut & retomber ensuite dans le mesme endroit. Ces mesmes Pescheurs retournant à leurs Bateaux se trouverent attaquez d’un tourbillon qui les renversa par terre ; & à leur veuë, leurs deux Bateaux surent enlevez en l’air par un autre tourbillon. L’un demeura sur le haut d’une Maison à plus de mille pas de l’eau & l’autre fut porté dans les Bleds à plus de cinq cens pas au delà de Cette Maison. Les mesmes desordres furent veus à Mesle. C’estoit un tres-bon Village appartenant à Monsieur de Belloyer. Il n’en est resté que trois maisons.  On ne peut concevoir par quel miracle les Granges & quelques autres petits Bastimens qui les joignoient, ayent esté renversez de fond en comble. Un Laboureur de ce Lieu a dit à celuy dont je tiens ces circonstances, qu’il avoit esté enlevé par dessus sa Grange à plus de cent pas au delà dans les Bleds, sans qu’il eust esté blessé & qu’ayant veu sa Maison entierement renversée presque au mesme instant, il estoit couru à l'Eglise, où il avoit esté témoin, comme beaucoup d’autres de la chose du monde la plus singuliere, Une Image de la Vierge qui est une grosse Figure de Plastre de quatre pieds & demy de haut, fut enlevée de sa place à la veuë de la plus grande partie des Habitans qui y estoient en prieres, & portée par le Foudre en plusieurs endroits de cette Eglise, où elle passa & repassa par dessus le Balustre du Chœur, sans qu’on y ait remarqué aucune rupture. Apres ce dégast, l’Orage passa au Plessis-Meriot par le bout d’enhaut, & ayant arraché une avenuë d’Ormes qui est devant le Château de Jaillard, il endommagea un peu la couverture de ce Château qui appartient à Mr de Launac Maître des Requestes, enleva son Moulin à vent & abatit toutes les Maisons du Village. La perte est considerable pour Monsieur de Launac, à cause de plusieurs Fermes qui ont esté renversées. Quoy que la Campagne fust toute couverte d’Arbres, il n’y en resta aucun. Cet Orage passa ensuite par le bout de la Forest de Sordun, d’où il arracha des Chesnes, & les entraîna si loin qu’on n’a pû trouver la place de la plûpart, les chemins estant barrez, comme si on avoit eu dessein d’empescher le passage d’une Armée. De plusieurs Personnes qui se rencontrerent en cet endroit, il y eut six Hommes tuez par la gréle. L’un d’entre-eux, apres esté élevé trois fois si haut qu’on le perdoit tout à fait de veuë, tomba devant tous les autres, la teste fenduë d'un greslon. Une petite Fille qui gardoit quelques Bestiaux, fut enlevée dans les Bleds, où on la trouva quatre jours apres, sans qu’elle ait pû dire ce qu'elle avoit fait pendant tout ce temps. L’éclat du Tonnerre estoit si épouvantable, que beaucoup de Gens en moururent de frayeur. II tua un serrurier de Paris dans le chemin de Nogent, & dépouilla deux jeunes Personnes toutes nuës en la presence de leur Père, dont le Juste-à-corps fut emporté, sans que tous les trois en reçeussent d’autre mal. Tout cela est arrivé aux environs du Bourg de Challantre la grande, où quoy qu’il n’y aie rien eu d’endommagé, on a trouvé des Rideaux de Lit, des Chaudieres d’airain, & d’autres Meubles, Etain, & Linge qu’on a reconnus appartenir au Cabaretier de Mesle, qui en est en à deux lieues, la Montagne & Forest de Sordun entre deux. Tous les Arbres de Pifrous, qui est un Hameau de la dépendance de Challantre, furent arrachez, & deux Granges enlevées jusque dans les fondemens, avec les Clostures tant des Courts que des Clos, sans aucun dommage pour les Maisons, si ce n’est dans le bout des couvertures. Ces deux Granges estoient nouvellement rebasties, & toutes revestuës de gros Pilliers. Il y en avoit une qui appartenoit à Monsieur Rose Secretaire du Cabinet. Un autre Hameau, nommé Pigeolly, fut entierement abîmé tout vis-à-vis de Pifrous. Ce Hameau estoit composé de plus de trente Maisons, parmy lesquelles il y avoit neuf ou dix Fermes, qui toutes ensemble formoient une belle Ruë. Ce qui vous étonnera c’est qu’un Bourgeois d’une Ville assez voisine, à qui l’une de ces Fermes appartenoit, y estant allé le lendemain pour voir ce desordre, passa quatre fois devant la place de sa Ferme, accompagné d’un de ses Amis, sans qu’aucun des deux la pust reconnoistre, quoy qu’auparavant il y eust deux Corps de Logis, Granges, Ecuries & autres Bastimens, avec un grand Clos de plus de quatre cens Arbres fruitiers, qui pouvoit assez marquer l’endroit de cette Maison ; mais tout cela estoit tellement meslé parmy les matereaux des autres ruines, qu’il estoit impossible d’y rien distinguer. Mesmes desordres à Villegrins, où l’Orage alla en deça de Villenauxe. Villegrins estoit un Village beaucoup plus gros que tous ceux j’ay parlé. Tout y fut aussi abîmé entierement, excepté l’Eglise & trois ou quatre Maisons qui en ont encor quelques apparences. La Tour de l’Eglise, qui est une grosse Tour quarrée, ayant quatre pignons bien plus élevez que la couverture, eut part au ravage. L’un de ces pignons fut emporté, la couverture, brisée, & la charpente mise en morceaux, même celle qui portoit les Cloches. Elles sont au nombre de quatre, des plus grosses de toute la Brie, & on les trouva posées sur la voûte qui n’en fut en aucune façon endommagée. Il est certain cependant qu’une seule de ces Cloches, tombant dessus, auroit deû enfoncer quatre voûtes, si elles avoient été l’une sur l’autre. Le Hameau de  la Queue aux Bois soufrit la même disgrace. Les Fermes les mieux basties, comme celle de Monsieur Retel, y furent entierement renversées, ainsi qu’à Bouchy sur le chemin de Sezanne. C’estoit un tres-bon Village, & il fut traité de la même maniere que Coursaroy, c’est à dire abîmé de fond en comble, & les Arbres emportez à deux lieuës de là, avec les Cloches, qu’on retrouva dans les Bleds. De Montesguillon pres de Villenauxe, où il y eut encor un entier degât au Chasteau, & à une Ferme qui étoit au pied, l’Orage alla fondre au Pré du But, qui appartient aux Peres de la Charité de Paris, par le legs que leur en a fait M. Destoge Maistre des Requêtes. Le dommage a esté considerable aux bastimens du Chasteau, mais bien plus à la Garenne. C’etoit une Futaye de vingt-quatre à vingt-cinq arpens d’étendue, admirable pour la quantité d’Arbres pour leur grosseur & hauteur. Ils ont esté tous arrachez, rompus, ou tors ; & ceux qui ont resisté, se sont tellement entrelassez les uns dãs les autres, qu’en voyant tout ce desordre, on a peine à croire que ce soit encor la même Garenne. Je passe ce qui est arrivé à la Forest de Gots aupres de Sezanne, à Epernay, & en d’autres lieux plus éloignez, parce que je n’en suis pas assez particulierement informé.Ce qu’on tient certain, au raport de ceux qui ont veu 
tous ces débris, c’est que personne ne se les peut representer aussi affreux qu’ils le sont. »
 [... ]

** "le Vendredi 7. de l’autre Mois" soit le 7 juin 1680. On trouve, en effet , dans le Mercure Galant de mai 1680 (Google books )  pages 174 à 177, le texte suivant :
« Il n’arrive jamais rien d’extraordinaire, qu’on ne le conte fort diversement, & qu’on n’y adjoûte des circonstances nouvelles, selon que la chose a changé de bouche. C’est ce qui m’oblige à vous dire en peu de mots ce que j’ay appris de certain des effets prodigieux du Tonnerre, qui ont esté veus depuis quelques jours en divers endroits. Il y a eu aupres de Montereau-Faut-Yonne une maniere d'ouragan si épouvantable, que tout le monde en fut saisy de frayeur. On vit  en l'air un tourbillon de feu de la grandeur d'un Arpent. Ce Tourbillon se separa en sept ou huit branches, & s'estant jetté sur un Village, il y foudroya soixante Maisons. Ces branches se rejoignirent & firent le rnesme ravage en plusieurs autres lieux des environs. Elles consumerent quantité de petits Bateaux qui etoient sur la Riviere, & un Moulin à vent en fut emporté sans qu'on en ait veu les moindres restes. Il y a eu plufieurs Personjnes tuées tant de la chute des Maions & du feu du Ciel, que par celle de la gresle, dont la grosseur alloit au delà de tout ce qui s'en en jamais veu de plus surprenant. Elle estoit si excessive, que les plus petits greslons (si c'est un mot qu'on puisse employer) pesoient trois à qua tre livres. Ce que je vous conte est sur la foy d'un Témoin qui dit avoir veu. Une Lettre écrite icy à une Personne de qualité, porte que le Chasteau de Montaigu, qui est aux environs de Sezanne, a esté aussi entierement ruiné par le Tonnerte qui y tomba le 7. de ce mois, & que dix ou douze Maisons ont eu le mesme malheur, sans qu'il en paroisse aucun vestige. Celuy qui écrit, adjoûte que le Clocher, une Cloche & l'homme qui sonnoit, furent emportez à une demy- lieuë delà, sans que cet Homme ait eu aucun mal. On le trouva la teste appuyée sut le bord d'un Puits. Dans un autre lieu, deux Hommes ayant voulu éviter l'orage sous un grand Buisson, le Tonnerre fit un petit trou au dessous de l'oreille de l'un, & le laissa mort. L'autre en fut quite pour s'évanoüir de frayeur. On dit beaucoup d'autres chofes que je ne vous mande point parce que je ne suis pas assuré qu'elles soient vrayes. »
NB Ce passage a été repris par le père Dorothée de Saint-René, religieux carme de la province de Touraine pour illustrer un de ses propos « Ce que nous avons dit de l’amour sensuel peut estre comparé a l’horrible météore qu’on a ainsi raconté »  dans son ouvrage  « Les plaisirs de la vie spirituelle, ouvrage remply de vies illustres, d'avantures merveilleuses,... le tout très utile aux prédicateurs » publié à Paris chez Robert J. B. de la Caille, rue St Jacques, aux trois cailles. 1682
le phénomène est attesté dans un autre ouvrage : 
Journal oeconomique, ou, Mémoires, notes et avis sur l'agriculture, les arts, le commerce, & tout ce qui peut y avoir rapport, ainsi qu' a la conservation & a l'augmentation des biens des familles, &c.       Chez Antoine Boudet, 1757
Original provenant dela New York Public Library    Numérisé par Google le  5 nov. 200
Pages 23 & 24
[...] « Selon ces expériences, un orage du 11e Août 1705, qui renversa presque tout un moulin à vent étoit accompagné  d'un vent qui parcourut 65 pieds d’Angleterre en une seconde ;  l’ouragan de 1703 fut encore plus furieux, & le vent qu’il faisoit alors, avoit une vitesse plus considérable d’un tiers en sus. M. de Buffon dit (a) qu’il faut mesurer l’action du vent, non seulement par la vîtesse de l’air agité, mais encore par sa densité (b)
(a) Théorie de la Terre, par M. de Buffon, article 14.
(b)  On pourroit rapporter ici la relation de divers orages furieux arrives en différens tems & en différéns pays. Nous nous bornerons à en rappeller deux, qui sont décrits dans le Journal des Sçavans, aux 29 Juillet & 9 Septembre 1680.
   Le premier fait est tiré de la lettre d’un Gentilhomme de Languedoc, qui se trouvoit à Varsovie le 29 Avril de la même année. II dit que ce jour là, il s’y fît un orage qui dura depuis onze heures & demi jusqu’à midi. [...]
  Le second fait, arrivé le 7 Juin suivant, est attesté par une lettre de M. Grillon, docteur en médecine, écrite de Provins. Ce jour-là, l’air s’étant chargé de nuées, pleines de grêle & de pluie, il se fit un orage mêlé de tonnerre. Le tourbillon commença sur les cinq heures du soir à six lieues de Provins, du côté de Château-Regnard, d’où il passa du Sud Ouest au Nord-Est et renversa plus de vingt villages & hameaux, & même les plus grands arbres & les plus gros bâti mens comme Ies Châteaux & les Eglises
  Ayant passé l’Yonne, au-dessous de Sens, près de Nolon, il fit les mêmes ravages & de plus grands encore, après avoir traversé la Seine à la Mothe à une lieue de Nogent. II abysma entièrement les Eglises, villages, châteaux & hameaux de Mesle, de Jaillard, du Plessis & du Meriot, où il enleva des moulins à eau, renversa & fracassa des avenues, où il y avoit plus de quatre mille pieds d’arbres, & emporta une partie des meubles des habitans dans des bruyères, qui sont à plus d’une lieue.  
  De-là gagnant une grande plaine, qui est sur des hauteurs entre Provins & Villenauxe, il sapa par les fondemens les villages de Pigeoli, Villegruis & quelques autres, sur-tout celui de Bruchi, dont il enleva le clocher, qu’il porta avec les cloches à plus de cent pas.
    Plusieurs personnes furent accablées par la chute des arbres & des bâtimens. Près de Montmirel, une grande fosse pleine d’eau qu’on n a voit jamais vû tarir, fut entièrement desséchée. Un homme fut enlevé en l’air & tellement froissé par sa chûte, & par un coup de grêle qu’ il reçut à la tête qu’il en mourut au bout de quatre jours.» [...]

Le phénomène est encore attesté dans l'ouvrage suivant :
Collection académique composée des mémoires, actes ou journaux des plus célèbres académies et sociétés littéraires étrangères...concernant l'histoire naturelle et la botanique, la physique expérimentale et la chymie, la médecine et l'anatomie
Jean Berryat, Philibert (prénommé  en réalité  Philippe) Guéneau de Montbeillard édit.F. Desventes, 1761
Numérisé par Google le 12 déc. 2012 d’après  l’original provenant de la Bibliothèque municipale de Lyon
      page 576          [...]                                                       1680.                                                   [...]  
« 7. Juin cinq heures du soir, ouragan du côté de Château-Regnard à six lieues de Provins, passa du Sud-Ouest au Nord-Ouest, renversa plus de vingt villages ou hameaux, & les plus gros bâtiments , passa l’Yonne au dessous de Sens, fit les mêmes ravages & de plus grands encore, après avoir traversé la Seine à la Mothe à une lieue de Nogent, il ruina les vil­lages, églifes, châteaux de Mesles, Jaillard, du Plessis, du Meriot, Pigeoli , Villegruys, Bruchy, &c. près de Montmirel une grande fosse pleine d'eau qu'on n'avoit jamais vu tarir, fut entièrement desséchee ; cet ouragan fut accompagné d'une très-grosse grêle, de tonnerres, de feux qui parurent dans l'air, &c. » [...] 
Le Mercure galant en son temps

 LE MERCURE GALANT (1672-1710) - publication périodique

Fondateur : Jean Donneau de Visé, né en 1638, mort à Paris le 8 juillet 1710, écrivain et publiciste français. Wikipedia.

Auteurs: de 1672 à mai 1710 : J. Donneau de Visé,

associé, de 1680 à 1709, à Thomas Corneille (1625-1709).

Collaborateurs réguliers: Fontenelle, Mme Deshoulières, Mme de Brégy, C. Perrault, C. Bernard...

 

 Fondé en 1672 par Donneau de Visé ; interrompu après la livraison de décembre 1673, en 1674-1675-1676, il reparut en avril 1677 et désormais un volume fut imprimé chaque mois, sans compter les Extraordinaires, les Relations et Les Affaires du temps, consacrés tous à l'actualité mondaine et militaire.

Appréciation formulée par un contemporain  :
"Mercure galant. C'est le titre d'un livre très plat, mal écrit, qui ne contient que des pauvretés et qu'on donne au public une fois le mois. L'auteur qui est Monsieur de Vizé, est selon Monsieur de La Bruyère, immédiatement au-dessous du rien." (Nouveau Dictionnaire de Richelet, éd. 1709)


Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé par «Le Libraire au Lecteur» (mai 1672): « Histoires divertissantes [...], Nouvelles [...], connaissance de [...] Personnes d'une grande naissance et d'un grand mérite [...], nouvelles des provinces [...] Cours étrangères [...], Galanteries [...], Histoires amoureuses [...], mérite des personnes qui en ont beaucoup».

Contenu rée l: nouvelles et poèmes galants, chronique mondaine et militaire, critique littéraire et théâtrale.

Principaux centres d'intérêt : vie littéraire, événements de la Cour et de l'armée. Sont mentionnés pratiquement tous les auteurs de pièces de théâtre, de romans, de nouvelles et de poésies du temps.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Mai 1672-mai 1710. 492 volumes.

Privilège du 15 février 1672, renouvelé le 31 déc. 1677. Périodicité annoncée : d'abord, 1 volume tous les 3 mois (1672) puis 1 par mois (1677). Périodicité réelle : un volume par mois plus les Extraordinaires (32), les Relations (44) et les Affaires du temps (13). Nbre de volumes par an : 14.

400 volumes mensuels, parus entre janvier 1677 et mai 1710, sont consultables en ligne

Titre initial :Le Mercure Galant. Contenant plusieurs histoires veritables, et tout ce qui s'est passé depuis le premier Janvier 1672. jusques au Départ du Roy.

Modification du titre au n° 2: contenant plusieurs Histoires véritables et autres choses curieuses avec tout ce qui s'est passé à la Cour et à l'Armée...; au n° 4: avec tout ce qui s'est passé de nouveau...

En 1677: Nouveau Mercure Galant contenant tout ce qui s'est passé de curieux depuis le...; en 1678: Mercure Galant.
Pour 1677 et avril-mai 1678, paru sous le titre Nouveau Mercure galant 1.
Poursuivi à partir de juin 1710 sous le titre le Mercure galant par  Charles Dufresny (1657-1724)

[ Privilège pour 3 ans accordé le 31 août 1710 selon l'imprimé (le 28 selon les Registres, R.), sollicité le 10 juillet, registre le 2 septembre, renouvelé pour 4 ans le 21 décembre 1713 (R.). Périodicité annoncée: mensuelle; périodicité réelle: trimestrielle pour le premier numéro (juin-juil.-août 1710), bimestrielle pour le second (sept.-oct.), ensuite régulièrement mensuelle; 44 volumes en tout.]

Les collections bavaroise et lyonnaise sont constituées entre 1677 et 1694 de volumes d'une édition lyonnaise (Thomas Amaulry, rue Mercière, au Mercure Galant) non signalée par la notice du Dictionnaire des journaux ; non plus que l'imprimeur parisien Michel Brunet (1694-1709).

Voir Camusat, Histoire critique des journaux, 1734, II
Voir
Catalogue des airs du Mercure galant 1678-1700 

 Sources : Le gazetier universel   Ressources numériques sur la presse ancienne
 Liens :
- vers le Dictionnaire des journaux
http://dictionnaire-journaux.gazettes18e.fr/journal/0919-le-mercure-galant
- vers le Dictionnaire des journalistes : 
http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/244-jean-donneau-de-Juin-juillet-août 1710-avril 1714.       - Le Mercure Galant sur Gallica : 37 années de publication disponible (410 unités)

-  WorldCat, le plus grand catalogue de bibliothèques en ligne au monde

Le Mercure galant de son temps

 

 «Thomas Corneille s'associa à Donneau de Visé en 1680 et participa à cette publication jusqu'à sa mort. Comme l'écrit Camusat, c'était un «amas de toutes sortes de choses. Nouvelles, Promotions aux Dignités de l'Etat, Nominations aux Bénéfices, Mariages, Baptêmes et Morts, Spectacles, Histoires galantes, Médailles, Réceptions aux Académies, Sermons, Plaidoiés, Arrêts, petites Pièces de Poésie, Enigmes, Chansons, Dissertations, quelquefois savantes et quelquefois enjouées». «Gacon railla ces volumes où se trouvaient régulièrement des sonnets, impromptus, Madrigaux», des pages critiques, un «conte... d'un ton doucereux...», des «chansons à boire», une «énigme», le récit des combats... En fait, la première originalité de cette gazette était d'associer la politique (représentée par le récit des fastes royaux et surtout des guerres) et la littérature, qui y revêtait deux visages : la galanterie (petits vers, contes) et la critique (flatteuse, en général) des ouvrages récents. A cela s'ajoutèrent encore, sous l'influence peut-être de Fontenelle, le neveu de Thomas Corneille, des dissertations de physique et de philosophie.

Presque tous les écrivains de cette époque publièrent dans Le Mercure galant, en tout cas, tous ceux qui assurèrent la transition entre la préciosité de Madeleine de Scudéry et celle de Marivaux, tous les auteurs mondains et galants, Pellisson, Mme Deshoulières et sa fille, Le Pays, Catherine Bernard, Mme de Brégy, Charles Perrault, Sénecé, Magnin. Le maître de ce goût et de ce temps, Fontenelle, fut, surtout entre 1677 et 1685, l'un des principaux collaborateurs de la gazette. Même Pierre Corneille et La Fontaine ne dédaignèrent pas d'y figurer. En revanche, Racine y fut plus ou moins sournoisement raillé; Boileau dut attendre sa réconciliation avec Perrault pour y recevoir quelques éloges, et La Bruyère y fut insulté. C'est-à-dire que cette gazette ne fut pas neutre. Elle servit tous les combats des Modernes, aidant à la diffusion des premiers livres de Fontenelle (les Dialogues des morts, la Pluralité, les Pastorales), approuvant les «paradoxes» de C. Perrault, empressée à soutenir les contes de fées et les romans, ces nouveaux genres si contestés, et, en particulier, les œuvres de Catherine Bernard et la Princesse de Clèves, qui fut lancée par le questionnaire organisé par Donneau de Visé en 1678. Mêlant la galanterie et les problèmes sérieux, chérissant un style ingénieux, souvent artificiel, fantaisiste, parfois humoristique, le Mercure est le meilleur témoignage que nous ayons sur cette époque encore si mal connue qui suivit les triomphes des grands classiques. C'est un parfait exemple de littérature et de pensée «rococo».

Avec son engagement, ses partis pris, son affectation, il n'est pas surprenant que cette feuille ait essuyé beaucoup de critiques. Celles des classiques d'abord, de La Bruyère, qui la jugea, on le sait, «au-dessous de rien». Celles aussi du Journal de Leipzig et surtout de Gacon (Le Poète sans fard, 1698). Ce sont toujours les mêmes reproches: galanterie douceâtre, plaisanteries «ridicules», et aussi, ce qui est plus fâcheux, complaisance aux «flatteurs mercenaires», car Donneau de Visé avait une bonne réputation de cupidité. Nous ne sommes pas obligés de partager cette sévérité. Non dénué sans doute d'excès et de facilités, le Mercure galant n'est pas seulement un passionnant document sur la vie intellectuelle de l'époque, c'est l'expression rigoureusement cohérente dans tous les domaines (politique, littéraire, philosophique) d'un esprit qui régna en France durant une cinquantaine d'années, entre le temps de Racine et celui de Voltaire.»

  

Alain NIDERST Dictionnaire des journaux 1600-1789 ;  texte présent aussi dans Mercure galant - Dartmouth College doc.pdf
 

« Le Mercure Galant, avec ses différentes additions, est une des principales parutions collectives du règne de Louis XIV et il prend place aux côtés de la Gazette et du Journal des Savants bien que ses desseins soient légèrement différents. Les nouvelles qu'il fait paraître à l'attention de la province sont, en effet, moins destinées à informer qu'à y entretenir l'art par excellence de la sociabilité aristocratique : la conversation. L'âme du Mercure Galant, dont la publication a été commencée en 1672, a été le polygraphe Jean Donneau de Visé (1638- 1710). Il a su réunir autour de lui des collaborateurs souvent illustres, et même intégrer à son journal les textes de ses lecteurs, invités à prendre la plume pour lui envoyer historiettes, poèmes et autres pièces tout en conservant au Mercure Galant une unité de ton et une cohésion des centres d'intérêts remarquable. Monique Vincent, auteur d'une thèse sur Donneau de Visé et le Mercure Galant parue en 1987, nous offre aujourd'hui une table analytique destinée à guider le lecteur dans trente-huit années de livraisons pratiquement mensuelles, soit quatre cent quatre-vingt-huit volumes in 12° de trois cent cinquante à quatre cents pages. Elle a sélectionné quarante-trois entrées - de l'Académie Française à Versailles - propres à satisfaire les chercheurs de toutes disciplines. On retiendra particulièrement les entrées consacrées aux modes, à la musique, aux nouvelles et à la poésie, car le Mercure Galant a joué par la publication de planches, d'airs notés et de textes, un rôle essentiel dans la définition et la diffusion au sein des cercles provinciaux de thèmes mondains qui éblouissaient, souvent fugitivement, la cour et la capitale.

Enrichi d'une préface de Jean Mesnard, l'ouvrage de Monique Vincent, Mercure Galant. Extraordinaire, Affaires du temps. Table analytique contenant l'inventaire de tous les articles publiés 1672-1710, Paris, Éditions Honoré Champion, 1998, 1056pages, .est donc destiné à rendre les plus grands services à la communauté scientifique ».  François-Joseph Ruggiu 

NB rappel   A tous ces maux que nous venons de signaler*, il faut ajouter la famine et la peste des années 1347 à 1348, le froid anormal, la tempête du 7 octobre 1433 qui déracina les arbres et renversa les maisons.
APERCU D'ENSEMBLE PAR G.BUISSON, PRESIDENT DE LA SOCIETE D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE DE L'ARRONDISSEMENT DE PROVINS
 * ceux de la guerre de centans que l'auteur vient d'énumérer...cité : "le Montois & sa région", page sur le site

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